Homélie pour le jour de Noël – 24 décembre 2022
Eglise Sainte Thérèse – Belfort
Ami chrétien, tu es venu ce matin fêter Noël. Sans doute as-tu l’esprit encore embrumé par les vapeurs du réveillon de la veille. Plus sérieusement, en venant ici ce matin, tu portes avec toi tes joies, tes soucis du moment, et les lourdes rumeurs de ce monde. Mais sais-tu qu’avant même que tu choisisses de venir à cette messe, une Parole a retenti au plus profond de toi ? Une invitation venue de plus loin que toi s’est fait entendre au fond de ton cœur. Et si tu es là maintenant, c’est en réponse à cette Parole. As-tu entendu ce que disait Saint Jean, dans l’Evangile de ce jour de Noël ? Il disait « au commencement était le Verbe ». Au commencement de tout, à la genèse de toute chose, était une Parole. Ainsi, au commencement de ta décision d’être là, ce matin, était la Parole, l’invitation du Seigneur qui te précédait. C’est lui qui, par le murmure de son Esprit Saint en toi, t’a fait venir jusqu’à cette église. Ta présence ici est la
réponse à cette invitation de la part du Seigneur.
Au commencement était le Verbe, la Parole. A l’origine même de ta vie, était une Parole. Parole d’amour de tes parents, dans un tendre « je t’aime » au moment de ta conception. Parole d’amour de tes parents, encore, qui se sont adressés à toi en tes premiers instants. Le sais-tu ? Un être humain auquel on n’adresse pas la Parole, ne peut pas survivre. Il meurt. Sans parler des paroles ordinaires de chaque jour qui te font tenir dans l’existence. Paroles de reconnaissance qui te parviennent. Paroles d’amour adressées par tes enfants, ton conjoint, ta famille. Si tu n’étais pas soutenu, précédé par toutes sortes de Paroles, et de Paroles d’amour, il y a longtemps que tu te serais effondré. Au commencement, était la Parole, le Verbe, nous disait Saint Jean.
Ta vie chrétienne a commencé par une Parole, une Parole d’amour, Parole de Dieu lui-même. Il t’appelle à la vie et te fait tenir debout chaque jour. Souviens-toi de toutes les paroles de foi, d’espérance et de charité, entendues à différents moments de ton parcours de croyant, et qui t’ont aidé à avancer dans l’existence. Parole d’espérance de Jésus à ses amis : « je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Ou encore : « je suis ressuscité, vainqueur à jamais de tout mal, de toute mort ». Ou encore « je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs ». Parole du prêtre en célébrant les sacrements « je te pardonne tous tes péchés ». Parole de Dieu, entendue dans l’Écriture : « tu es mon enfant bien aimé, tu as du prix à mes yeux, je t’aime de toute éternité ». Tu le vois, nombreuses sont les paroles brûlantes d’amour, entendues de la part du Seigneur, et qui te font vivre. Au commencement était la Parole, le Verbe, nous disait Saint Jean.
Ami Chrétien, en ce jour de Noël, écoute la Parole d’amour que le Seigneur ton Dieu vient d’adresser aujourd’hui encore. Écoute la Parole de Vie, la parole de Vie éternelle, que le Seigneur vient adresser à tout être humain en ce temps si particulier de Noël. Laisse-toi toucher par le « je t’aime du Seigneur » qui vient se faire proche de toi, de chacun de nous. Laisse-toi fléchir par la présence même du Christ Jésus : à Noël, il vient épouser ton humanité, tes peines, tes soucis, tes souffrances. Il vient se charger de ton fardeau, non pour le faire disparaître, mais t’aider à le porter. Laisse-toi aussi toucher par tous les « je t’aime », tous les signes d’amitié, de tendresse, de fidélité, qui te parviennent chaque jour, de la part de tes proches, de tes amis, de tes voisins. C’est aussi par eux que le Seigneur s’adresse à toi, qu’il vient te parler aujourd’hui. Laisse-toi toucher par les nombreuses paroles de feu prononcées à chaque eucharistie : l’une ou l’autre peut te rejoindre aujourd’hui. Et continue d’accueillir tous les appels à la vie, à l’amour, à l’amitié, que le Seigneur t’adresse chaque jour. Il veut pour toi, pour tout être humain, la vie en plénitude. La vie éternelle.
AMEN
Homélie pour la nuit de Noël – 24 décembre 2022
Eglise Sainte Thérèse – Belfort
Vous savez, la naissance de Jésus en notre monde, a commencé par un drame. Le drame de l’aubergiste de cette histoire : pas de place pour Jésus qui va naître. Pas d’espace disponible pour l’accueillir, lui et sa famille. L’auberge affiche complet, c’est plein à craquer, c’est rempli, c’est blasé. Dieu frappe à la porte ; Dieu s’invite. Mais la porte est close. Pas de place pour Dieu…
Ce drame de l’aubergiste de la nuit de Noël, c’est peut-être bien le drame de notre temps, en cette fin d’année 2022. Tout est plein dans nos journées, dans nos emplois du temps, dans le tourbillon de nos activités, de ce qu’il nous faut prévoir, organiser, planifier. Y a-t-il encore un peu de place pour Dieu ? Notre environnement est plein d’écrans, au creux de nos mains, sur nos tableaux de bord, dans nos bureaux, nos cuisines, nos salons, nos rues. Et nos écrans sont saturés d’images, de pub, de vidéos, de jeux, d’informations, de newsletter, de réseaux sociaux à n’en plus finir, d’experts en tout genre, plus expérimentés les uns que les autres. Plus de place pour Dieu. Même chose dans l’esprit des bien-pensants : plus de place pour Dieu dans l’espace public ; « retirez-moi ces crèches que je ne saurais voir dans nos rues ou nos mairies » qu’ils nous disent ; « mais libérez donc l’homme moderne de ce dernier archaïsme qu’est la religion », qu’ils nous chantent, « et donnez-lui la suprême liberté qui lui manque encore, maîtriser sa propre mort ! ». « Dans la salle commune, il n’y avait plus de place pour Jésus, Marie et Joseph », nous dit l’Evangéliste… Plus de place pour Dieu dans la pensée dominante… C’est le drame de l’aubergiste de cet Evangile.
Si l’histoire de Noël commence par un drame, elle se poursuit par une étonnante nouvelle. Une heureuse nouvelle qui se renouvelle pour nous. Ce soir. Maintenant. Et chaque jour, si nous savons y prêter attention. C’est l’aujourd’hui de la venue de Dieu en notre monde. C’est le murmure de Dieu qui vient à notre rencontre, malgré tout, encore et encore. Il redouble d’amour et de persévérance, pour se frayer un chemin vers nous. C’est la bouleversante annonce, toujours neuve du soir de Noël : « Aujourd’hui. Aujourd’hui vous est né un sauveur, c’est le Christ, le Seigneur ».
Chers amis dans le Christ, ce soir, en venant à cette célébration, nous avons choisi d’ouvrir notre porte, au Seigneur qui vient nous visiter. En faisant quelques instants de silence devant la crèche, nous avons choisi de laisser entrer un peu de la lumière du ciel, qui nous est donnée pour éclairer notre nuit. En écoutant la Parole que le Seigneur nous adresse quand nous ouvrons ensemble, comme nous l’avons fait, le Livre des Ecritures Saintes, nous ouvrons une brèche dans laquelle le Seigneur Dieu peut entrer en nous. Tout à l’heure, au moment de la communion, nous ferons le choix de lui ouvrir nos mains, pour le recevoir, pain vivant toujours offert. Et puis, plus tard, en offrant l’hospitalité à nos hôtes de passage dans nos maisons, en accueillant chacun comme le plus beau cadeau de Noël qui nous soit donné, c’est Jésus lui-même que nous accueillerons. Oui, chaque fois que nous faisons silence dans le secret de notre prière, chaque fois que nous faisons silence devant chacun de nos frères et sœurs, chaque fois que nous faisons silence devant la beauté de ce monde, ou la beauté de l’instant présent, nous ouvrons la porte de notre auberge intérieure, au Seigneur qui vient nous visiter, comme à Noël.Entendez-vous ce soir, dans le silence, la paix qui peu à peu vient vous habiter ?
Percevez-vous le murmure d’une joie profonde, au plus secret de vos cœurs ? Devinez-vous l’espérance invincible qui se lève, parce que Dieu se fait proche, Dieu se donne, encore, et encore ? Entendez-vous l’Amour invincible traverser la nuit du temps et l’histoire, et surgir du tombeau au matin de Pâque, comme il surgit ce soir, lumière plus forte que toutes nos ténèbres ? Entendez-vous le chant des anges, et celui de toute la création qui renaît à l’espérance en cette nuit sainte ? « Aujourd’hui vous est né un sauveur, c’est le Christ, le Seigneur ». Ouvrons-lui notre porte. Il est avec nous tous les jours, jusqu’à la fin des temps.
AMEN.
Homélie pour le 2ème dimanche de l’Avent
4 décembre 2022 – Essert – Eglise Saint Léger
Quel contraste ! Quel contraste entre les paroles de Jean Baptiste, précurseur, annonciateur du messie, et le messie tel qu’il est venu chez nous ! Jean-Baptiste est terriblement dur dans ses paroles : engeance de vipère ; colère qui vient ; cognée qui vient frapper les arbres pour les abattre, et les jeter au feu, en même temps que la paille… On est bien loin du messie à naître, pauvre et nu, petit enfant hyper-fragile et vulnérable, offert à tous dans une mangeoire. On est bien loin de ce même messie qui dira un jour : « venez à moi, car je suis doux et humble de cœur ». On est bien loin de la belle vision du prophète Isaïe dans la première de nos lectures : le loup habitera avec l’agneau, le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra… Quel contraste !
Pour comprendre cela, c’est peut-être vers Saint Paul qu’il nous faut nous tourner ce matin. Ecoutons encore le tout début de notre seconde lecture : « tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance ». Traduisons : « tenons bon ! persévérons ! Gardons l’espérance ! L’Écriture est pour nous réconfort, elle est vraiment Bonne Nouvelle ! ». Alors, en ce deuxième dimanche de l’Avent, accueillons la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Qu’elle nous aide à tenir bon, à rester éveillés, réveillés, pour accueillir le Seigneur qui vient. Car vraiment, il accomplira sa promesse.
Mais faisons d’abord un constat : nous ne sommes pas des saints, même si nous sommes appelés à le devenir. En chacune, en chacun de nous peut sommeiller un loup prêt à déchirer, un léopard prêt à déchaîner la furie de sa colère, pour reprendre les images du prophètes Isaïe ; notre parole peut devenir mensongère et fourchue comme la langue du serpent, ou distiller son venin de médisance ; et nos pensées du moment sont peut-être de la paille ; et les fruits de notre vie chrétienne sont parfois décevants. Il est bon, sur notre route de l’Avent, une fois par an, de rencontrer un prophète comme Jean le Baptiste, pour nous appeler à la conversion ; il est bon, chaque année, quatre semaines avant Noël, que le Seigneur vienne nous réveiller, nous secouer un peu.
Mais faisons encore un autre constat. Nous étions surpris, n’est-ce pas, par la virulence, voire la violence des propos de Jean-Baptiste, en parfait contraste avec la douceur attendue du Prince de la Paix à venir ? Mais la violence qui se déchaîne en notre monde, qu’en disons-nous ? La violence des dictateurs russes ou chinois ; la violence des gardiens du temple de la consommation, du haut de leurs étals dégoulinants de babioles, qui continuent de nous chanter leurs refrains, en ces temps-ci : « consommez, mais consommez donc, pardi ! » ; et la violence
grands de la science, qui veulent régner en maître absolus de la vie, de sa conception jusqu’à ses derniers instants ; qui sait d’ailleurs si l’euthanasie ne sera pas, elle aussi, inscrite un jour dans la constitution de notre beau pays ? Et les chantres du capital, qui épuisent à l’extrême les ressources de notre pauvre planète ? N’est-ce pas, là encore, de la violence ? Réveillez-vous, convertissez-vous, nous disait Jean-Baptiste…
Chers amis dans le Christ, devant le déferlement de toutes ces violences, celles de notre monde, celles qui sommeillent en nos cœurs, le Seigneur notre Dieu n’a pas d’autres armes… que l’amour désarmé, toujours offert. L’enfant de la crèche a fait s’incliner devant lui les puissants : pensons aux mages venus d’orient à l’épiphanie, pensons aux puissants de tous les temps, venus s’incliner devant le Seigneur. Le Christ sur la croix, amour offert à toute l’humanité, a fait fléchir le plus endurcis des soldats : « vraiment, disait-il, celui-ci était le fils de Dieu ». En ce temps de l’Avent, que l’amour infini de notre Dieu, qui se donne à nous ce matin encore, vienne briser nos cœurs endurcis. Et qu’un rameau d’espérance surgisse de nos souches desséchées, promesse d’un avenir toujours offert en Jésus Christ, amour vainqueur de tout mal et de toute mort, pour les siècles des siècles.
AMEN.
P. Didier Sentenas
Homélie pour le 1er dimanche de l’Avent – Sainte Thérèse – 27 novembre 2022
Is 2, 1-5 / Psaume 121 / Rom 13, 11-14a / Mt 24, 37-44
Dialogue avec les enfants du catéchisme.
Réveillez-vous ! Ce n’est pas moi qui le dis ! C’est Jésus lui-même, dans l’Evangile que nous venons d’entendre. C’est Saint Paul, dans la seconde de nos lectures bibliques. Réveillez-vous ! Bon, c’est vrai, ce dimanche matin, nous sommes peut-être encore à moitié réveillés, car nous nous sommes levés un peu plus tard que d’habitude. A moins que ce ne soit la fatigue qui s’accumule, après une semaine bien remplie, ou trois mois après les grandes vacances.
Réveillez-vous nous dit Jésus ! Chaque année, pendant le temps de l’Avent, Jésus vient nous le répéter. Ces 4 semaines nous sont données, non pas d’abord pour préparer le sapin et la crèche, mais pour que nous restions vigilants, éveillés, réveillés. Mais pourquoi ? Pourquoi nous faut-il nous tenir prêts, rester éveillés, vigilants ? Certainement pas pour guetter les bonnes affaires, en ces jours de « Black Friday » comme disent les commerçants. Certainement pas non plus pour sursauter à la moindre alerte info qui fait vibrer mon portable à tout moment. Parce que Jésus vient.
Vraiment. Réellement. Vous y croyez ? Nous y croyons que Jésus vient pour de vrai à notre
rencontre ?
Il est venu, voici 2000 ans. Et avec lui, Dieu lui-même s’est fait être humain. Dieu lui-même a épousé notre condition humaine. Pour se faire connaître. Surtout, pour venir nous rejoindre au plus profond de nos misères, de nos souffrances. Il est venu pour se faire proche de ceux qui pleurent, qui sont dans le deuil, dans la maladie, dans la solitude. Il est venu apporter sa lumière dans notre nuit. Et toutes nos bougies de l’Avent disent quelque chose de la lumière du Christ ressuscité, capable de traverser les nuits les plus épaisses. Et ça change tout ! Et quand nous allons fêter cela Noël, ça vaut le coup de se réveiller un peu, et d’accueillir cette énormité, cette Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se révèle, qui se fait proche.
Et puis, quand il a quitté ce monde, quand il est monté au ciel, ressuscité, transfiguré, Jésus a promis à ses amis : je viendrai à la fin des temps et de l’histoire. Et en effet, à notre mort, nous avons rendez-vous avec le Seigneur Jésus. Face à face. Pour de vrai. Sommes-nous prêts à vivre cette rencontre, la plus belle de toutes nos rencontres ? Pendant 4 semaines, ça vaut le coup de se réveiller un peu, et de se préparer à l’éternel face à face avec le Seigneur.
Mais Noël, ce n’est pas seulement de l’histoire ancienne. La venue du Seigneur Jésus, ce n’est pas seulement quelque chose d’un peu lointain, du genre « on verra ça plus tard » ; ou bien « j’ai encore le temps d’y penser ». Non, la rencontre avec le Seigneur Jésus, c’est aujourd’hui, maintenant. Peut être bien au cours de cette messe. La rencontre avec le Seigneur Jésus, c’est chaque jour, dans l’ordinaire de nos journées, de nos activités, de nos rencontres.
Chers amis, quels sont les signes de la venue du Seigneur qui vient vraiment ? Comment rester éveillés, vigilants, prêts à la rencontrer ? A vous la parole. Partageons nos idées, nos bons plans. Et n’oubliez pas : chaque fois que la joie profonde nous est donnée ; chaque fois que la paix profonde habite à l’intérieur de nos cœurs ; chaque fois que l’amour nous pousse à aimer en acte, en vérité, c’est vraiment le Seigneur Jésus qui vient. Aujourd’hui. Maintenant. Et pour les siècles des siècles.
AMEN.
Homélie pour le 31ème dimanche du Temps Ordinaire – 30 octobre 2022
Eglise Saint Léger – Essert
(Sg 11, 22-12,2 ; Ps 144 ; 2 Th, 1, 11-2,2 ; Lc 19, 1-10)
L’histoire de Zachée, entendue dans l’Evangile de ce jour, me fait penser au titre d’un beau petit livre, écrit par Christian BOBIN, intitulé « Le Très Bas ». Avec raison, l’auteur appelle Dieu non plus « le Très Haut », mais « Le Très Bas ». Il médite sur le mystère d’un Dieu qui n’est pas Tout Puissant, magicien, démiurge, surplombant, écrasant, jupitérien, mais décidément « le Très Bas ».L’histoire de Zachée nous révèle le visage de ce Dieu-là, et le « Très Bas » n’en finit pas de descendre encore plus bas, toujours plus bas, à hauteur de notre boue, de nos misères, de notre humanité, de nos drames, de nos deuils, pour nous y rejoindre, pour nous y chercher, pour nous relever, pour nous sauver. Aujourd’hui. Maintenant.
L’histoire de Zachée est racontée uniquement dans l’Evangile de Luc. Cet évangile commence justement pour nous décrire le mouvement de descente de Dieu, au plus près de nous. Souvenons-nous : c’était à Noël. Les anges dans le ciel annonçaient aux bergers, c’est-à-dire aux
très pauvres : « aujourd’hui vous est né un sauveur ». Et le Christ se faisait homme, petit enfant vulnérable, offert à tous. Avec l’épisode de Zachée, le mouvement de descente du Seigneur continue. Il se rend à Jéricho. C’est la ville la plus basse de la terre. Elle est située à -300 mètres au-dessous du niveau de la mer. Dieu descend au plus bas. Il veut rencontrer Zachée, un tout petit bonhomme. De surcroît, un infréquentable, un collaborateur, un magouilleur public, un « impur » aux yeux des juifs pieux, car il fréquente des païens, des intouchables. Mais ce n’est pas tout ! Imaginons le petit Zachée dans son sycomore. Jésus ne le regarde pas « d’en haut ». Il le regarde d’en bas, levant les yeux vers lui, pour le supplier de se laisser aimer, de se laisser pardonner. L’histoire de Zachée continue pour nous. Aujourd’hui, justement. A deux reprises, le mot revient dans cet Evangile : « Aujourd’hui, il me faut demeurer chez toi, Aujourd’hui, le salut est entré dans cette maison ». Aujourd’hui, le Seigneur Jésus, pour nous, continue de se faire le « Très Bas ». Bien des choses peuvent nous faire ressembler à Zachée, le tout petit. Pensons à nos peines, à nos épreuves, à nos deuils du moment ; pensons simplement à notre condition fragile, de pauvres Pécheurs ; pensons à la modeste assemblée que nous constituons, tandis que le Seigneur nous rejoint ; où il se rend réellement présent, oui, réellement. Et puis, tout à l’heure, à la communion, nous serons comme Zachée ; nous voudrions non pas voir Jésus, mais le recevoir. Nous
entendrons son appel : « aujourd’hui, je veux demeurer chez toi ». Alors, nous nous avancerons. Et là, pas de mouvement de surplomb du Seigneur. Pas de mouvement écrasant de sa part. Mais cette même logique du Seigneur qui se fait le « Très bas » : sous l’espèce d’un simple morceau de pain ; sous la forme d’un aliment ordinaire, presque banal, il se donnera à nous, totalement. Il fera sa demeure en nous. Tout sera dit du mouvement d’amour infini de notre Dieu qui veut se donner, qui veut nous relever, nous faire vivre, nous associer à sa vie pour toujours. Écoutons encore l’auteur du Livre de la Sagesse dans la première lecture, nous rappeler cela. Il disait : « Seigneur, tu as pitié de tous les hommes ; tu fermes les yeux sur leurs péchés pour qu’ils se convertissent ; tu aimes tout ce qui existe ; tu n’as de répulsion pour aucune de tes œuvres ; ceux qui tombent, tu les reprends ». C’est exactement ce que le Seigneur vient nous faire, ici, maintenant. Aujourd’hui. C’est tellement vrai, qu’après la communion, nous nous remettrons debout. Comme le petit Zachée, nous nous tiendrons debout, devant le Seigneur.
Viendra alors pour nous le moment de retourner dans nos maisons, dépositaires de cette extraordinaire Bonne Nouvelle, d’un Dieu qui, décidément, se fait le Très Bas. A notre tour d’aller vers celles et ceux que la vie écrase ; vers celles et ceux que l’Eglise répugne ; vers celles et ceux qui se sentent rejetés, méprisés. Pour leur dire, de la part du Seigneur « aujourd’hui, il me faut demeurer chez toi ; aujourd’hui, je veux pour toi la vie. La vie éternelle.
AMEN.
P. Didier SENTENAS
Homélie pour le 27ème dimanche du Temps Ordinaire – 2 octobre 2022 – Sainte Thérèse du Mont
Voici un évangile composé de deux histoires : celle de la graine de moutarde ; celle du serviteur quelconque, ou inutile. Apparemment, elles semblent ne rien avoir de commun. Et pourtant, elles s’éclairent mutuellement. Pour bien les comprendre, arrêtons-nous sur les mots les plus importants de cet Evangile.
Premier gros mot rencontré, le mot « apôtre ». Ici, les apôtres s’adressent à Jésus, en lui demandant « augmente en nous la foi ». Mais qui sont les apôtres ? Qu’est-ce qu’un apôtre ? Dans la langue des grecs, langue dans laquelle les Evangiles ont été écrit voici bientôt 2000 ans, le mot apôtre signifie littéralement « envoyé ». Un apôtre, c’est un disciple, un ami du Seigneur Jésus, envoyé pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile. Mais nous-même, chacune, chacun, baptisés, ne sommes-nous pas tous envoyés par le Seigneur, pour être aujourd’hui ses témoins ? Et n’oublions pas, le Seigneur n’a personne d’autre que nous, enfants, parents, catéchistes, choristes, paroissiens de toute sorte, pour que la Bonne Nouvelle de l’Evangile continue d’être transmise aujourd’hui, comme il nous a été transmise à nous aussi !
Vous allez répondre : mais je ne suis pas capable d’être témoin de l’Evangile aujourd’hui ! Et puis, devant l’indifférence des gens, quand nous leur parlons de Jésus ; devant les copains qui se moquent de nous parce que nous allons encore à la messe ; devant le fait que nous sommes devenus un tout petit nombre de chrétiens, devant l’immensité de la tâche qui m’attend, moi, curé de cette paroisse, nous pourrions tous nous décourager, baisser les bras. C’est là qu’intervient l’histoire de la petite graine de moutarde. C’est là que Jésus nous encourage et nous réconforte. Il nous dit : courage, confiance, n’ayez pas peur, ayez la foi. Mais alors, qu’est-ce que la foi ? Et c’est le deuxième mot de notre Evangile sur lequel je voudrais m’arrêter un peu. Si je devais employer un autre mot pour parler de la foi, j’emploierais le mot « confiance ». La foi, c’est la confiance. Et pour nous chrétien, c’est la confiance en Jésus, le Christ, en sa promesse, en ses paroles. A moi, , il me dit : « confiance Didier ; ce n’est pas toi qui conduis l’Eglise, qui conduit cette paroisse ; c’est moi, l’unique pasteur, l’unique Berger, qui conduit l’Eglise depuis 2000 ans ». A nous tous qui paniquons devant le peu de personnes encore présentes dans nos églises, Jésus nous dit : ce n’est pas vous qui allez convertir tous les gens de votre quartier ; mais c’est moi ; quand ce sera le moment pour eux ; bien sûr, j’ai besoin de vous, j’ai besoin de votre témoignage. Mais le premier qui travaille dans le secret des cœurs de chacun, c’est moi, c’est mon Esprit Saint ». Ayez simplement en vous un brin de foi, au moins de la taille d’une petite graine moutarde. Ayez ne serait-ce qu’un tout petit peu de confiance en moi, et tout sera possible.
Mais venons-en à l’histoire de cet arbre qui va se planter dans la mer. La mer, dans le monde la bible, c’est le lieu des forces obscures ; c’est le lieu des forces du mal, des forces de mort. Quand Jésus parle d’un arbre au-dessus de la mer, j’y vois un symbole de vie, plus fort que les forces du mal. Bien plus, j’y vois le bois de la croix ; le bois de la croix du Christ. Elle se dresse, la croix du Christ. Il se dresse, le Seigneur ressuscité au matin de Pâque, vainqueur de toutes les forces de morts, de haine, de violence, qui continuent de se déchaîner aujourd’hui. Autrement-dit, ce matin, comme chaque dimanche, le Seigneur Jésus nous dit : « confiance, je suis vainqueur, je suis ressuscité ; le mal, la mort n’auront pas le dernier mot ». Voilà qui nous remplit d’espérance.
Que vient alors faire le serviteur quelconque, à la fin de cette histoire, invité à faire simplement son devoir, rien que son devoir, tout son devoir ? Mais ce serviteur quelconque, c’est chacune et chacun d’entre nous ! Et notre tout premier devoir de chrétien, quoi qu’il arrive, c’est tout simplement de garder la foi, de garder la confiance en Jésus Christ, mort et ressuscité. Il est avec nous, chaque jour. Jamais il ne nous abandonnera. « ♫ Seigneur nous croyons en toi ! ♫ Fais grandir en nous la foi ! ♫ ».
Amen