Le Carême a commencé avec le Mercredi des Cendres.
Comment chacun de nous peut vivre ce temps et reconnaître que tout en nous n’est pas toujours tourné vers Dieu et vers les autres.
Notre prêtre Louis nous aide à réfléchir et nous propose un petit texte à méditer pour chacune des semaines de Carême.
5ème semaine de carême
Dieu qui nous appelles à vivre
Jésus a réanimé Lazare, mort depuis 4 jours. C’est donc qu’il a le pouvoir d’ouvrir les tombeaux. Les tombeaux des morts, mais aussi les forteresses mortelles où le péché enferme les prétendus vivants.
Car le péché enferme dans la mort. Le refus du pardon enferme dans l’amertume de la vengeance. L’orgueil enferme dans le donjon du mépris. Le mensonge enferme un labyrinthe dont on ne sait plus sortir. La recherche du profit financier conduit à ne plus se soucier de la vie des gens, à détruire l’écologie, à engendrer les émeutes et les guerres, etc…
Quand nous consentons au péché, Dieu se lamente : « ils m’ont abandonné moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes qui ne tiennent pas l’eau » (Jérémie 2,13). Quand nous prétendons être plus sages que Dieu, nous sommes vraiment perdants.
Nous avons expérimenté que Jésus ouvre les tombeaux que le péché tient fermés.
Chacun peut dire que la foi en Jésus a fait de lui un homme sûr d’être toujours aimé par Dieu, même s’il est condamné par les hommes.
Chacun peut dire que l’espérance dans la réalisation des promesses de Jésus a fait de lui un homme nouveau. Sans Jésus, comment serait-ce envisageable de sortir des violences et des injustices ?
Chacun peut dire que la charité donnée par Jésus fait de lui un homme nouveau, un homme dont le cœur vérifie la sagesse du pardon, dont les yeux voient bien la vérité du don de soi, dont les mains se réjouissent de partager, dont les jambes dansent à l’idée de se mettre au service des frères…
Que chacun cherche ce qu’il a reçu de Jésus Christ, et que n’ont pas les frères incroyants. Ainsi nous verrons que Jésus occupe la place centrale, qu’il est le Seigneur qui sauve… et nous fêterons Pâques.
4ème semaine de carême
Je ne vois pas ce qu’il faut faire
Ce jour-là Jésus a rencontré un aveugle de naissance. Mais tout au long de son ministère, il a rencontré des gens aveuglés par leurs certitudes de bons pratiquants, ou par leurs propriétés matérielles, ou par l’esprit mauvais de la jalousie qui conduit à condamner… Et il s’est efforcé de rendre clairvoyants tous ces gens-là.
En fait, nous sommes tous aveuglés par des idoles. C’est pourquoi le Carême est bienvenu. Si nous y consentons, le Seigneur peut nous ouvrir les yeux.
Ce qui nous aveugle ? Ce peut être notre « moi, je » ; le réflexe de tout voir en fonction de soi empêche de voir les frères. Nos convictions peuvent nous aveugler et nous rendre hermétiques aux avis des autres. Le réflexe de préserver nos acquis peut être un écran qui cache à nos yeux le bien commun. Notre attachement à des réalités matérielles peut nous conduire à ne pas voir les réalités spirituelles, à ne pas voir que Dieu nous fait des cadeaux. Et quand nous nous heurtons à des problèmes (la maladie, la migration, la guerre, les heurts sociaux…) nous ne voyons pas comment contribuer à les solutionner.
Jésus, toi qui as ouvert les yeux des aveugles, viens ouvrir les yeux de tes frères qui sont engagés dans le carême.
Aux noces de Cana, et lors de la multiplication des pains, tu as fait voir la générosité sans limite du Dieu qui veut la joie de ses enfants. Ouvre nos yeux, que nous voyions le Père qui donne grâce après grâce !
Lors du sermon et racontant les paraboles, tu as fait voir la vraie sagesse que les hommes auraient intérêt à s’approprier. Au Calvaire, tu as exposé l’amour sans limite. Ouvre nos yeux, que nous soyons guéris de ce qui nous aveugle et que nous voyions enfin.
3ème semaine de carême
La sécheresse de la Samaritaine
Certains se réjouissent quand, des semaines durant, le soleil occupe tout le ciel ; d’autres se réjouissent quand les averses alternent avec le soleil et favorisent la croissance des cultures. Il faut de l’eau ! Pendant le carême, l’Église nous demande de prendre conscience du fait que nos cœurs sont secs, arides… et donc stériles, infertiles.
Quand je me crois supérieur aux autres, que je les regarde de haut, quand je ne fais confiance qu’à moi, quand je ne valorise pas les talents des autres…, n’ai-je pas le cœur aride ? Quand je suis plus exigeant pour les autres que pour moi-même, quand j’exclus d’être compréhensif, n’ai-je pas le cœur aride ? Quand je ne remercie pas Dieu pour tout ce qu’il me donne, je n’ai pas un cœur de chair ; j’ai un cœur de pierre … Aride. Jésus seul est capable d’irriguer l’humanité avec de l’eau vive. Il puise cette eau dans le puits de la miséricorde infinie du Père. L’eau vive dont Jésus veut nous irriguer, c’est la révélation de Dieu qui a un cœur de chair, un cœur qui comprend ses enfants, qui compatit c’est-à-dire qui souffre avec ceux qui souffrent !
Cette eau vive est hautement désirable. Ah, si chacun demandait d’avoir un cœur compatissant ! L’eau vive dont Jésus veut nous irriguer, c’est le flot du pardon qui gracie tous les pécheurs. Ah ! si nous acceptions ce flot au lieu de lui faire barrage, nous cesserions de jalouser, de nous battre, de condamner. Ah ! si chacun était un canal de pardon. Telle est l’eau vive dont Jésus veut irriguer le monde asséché par l’argent, l’ambition, le chacun pour soi… Notre humanité a soif de cette eau. S’ils savaient le don de Dieu, tous feraient cette demande : « Jésus, donne-nous de cette eau, que nous n’ayons plus soif, que notre cœur ne soit plus aride ! »
2ème semaine de carême
« Écoutez mon Fils »
Le but du carême est de nous aider à retrouver l’attitude filiale devant Dieu, l’attitude de Jésus. Être fils, c’est écouter celui qui nous a donné la vie. C’est pourquoi l’évangile de la Transfiguration rapporte ce commandement : « Écoutez mon Fils ». Lui qui a l’attitude filiale, il faut l’écouter, nous nourrir de sa parole, car l’homme ne vit pas seulement de pain mais de la parole de Dieu qui s’appelle Jésus.
Cette semaine, le Seigneur Jésus va nous parler.
Vais-je commencer chaque journée en faisant cette prière : « Seigneur, ouvre mes oreilles ! Que j’entende la parole que tu veux m’adresser ! » ?
Jésus dit « mon corps livré, ma vie ne m’appartient pas ». Je ne l’écoute que si j’écoute les appels de ma famille, de mes collègues, de mes voisins, de ma paroisse… et si je décide de vivre non pour moi, mais pour eux.
Mercredi. Jésus dit que « le plus grand est le serviteur » Je ne l’écoute que si, faisant taire la voix de mon orgueil, j’ai l‘ambition de savoir reconnaitre que les autres sont supérieurs à moi et que j’ai une dette d’amour à leur égard ?
Jeudi. Le Christ souhaite peut-être critiquer mes choix, en ce qui concerne mon emploi du temps… l’usage de mon argent… mes relations avec mon entourage… ma manière de vivre en baptisé … Vais-je écouter son avis?
Vendredi. Le Maître dit que « la pierre rejetée des bâtisseurs est devenue la pierre d’angle… » : est-ce que j’entends qu’il faut construire ma vie sur lui ? Il dit que « Dieu se sert de ce qui est faible pour que soient confondus ceux qui s’estiment forts» : aurai-je de l’estime pour les faibles ?
Samedi : Le fils prodigue a pensé à son père. Est-ce que je suis attentif à cette voix qui murmure en moi : « Viens vers le Père » ?
Première semaine de carême
Nous sommes enfants de Dieu
Le carême commence ! Pour combattre notre penchant au péché, il n’y a rien de mieux que de comprendre d’où vient ce penchant. La première lecture (Genèse 2,7-9 ; 3,1/7) affirme que tout péché procède de la prétention de définir soi-même le bien et le mal, et donc de nier que Dieu seul a la sagesse de définir le bien et le mal. Nous prétendons n’avoir rien à recevoir d’un père. Des enfants sans père, c’est inimaginable ! Sur quoi débouche le rejet de Dieu le Père ?
Dieu le Père crée le lien fraternel ; il est présent dans ce lien. Si je rejette le Père de tous, j’ouvre la porte au mépris des autres, aux violences, aux paroles assassines… Finalement, je condamne Jésus le fraternel : « qu’il soit crucifié ». Pour le bien de la fraternité, n’est-il pas temps de mettre dans ma vie le Dieu qui sait mieux que moi ce qui est bon ?
Dieu a prévenu qu’avec les seules nourritures terrestres, nous ne vivrions pas. Si je rejette le Père qui veut me nourrir, je vais penser que ma subsistance vient de mes propriétés, de mon confort… Oh ! je ne me dis pas athée (= sans Dieu) ; mais pratiquement, ne suis-je pas athée si je vis sans Dieu, sans le prier, sans l’écouter ? Ce faisant, je condamne Jésus qui vit de sa relation au Père : « qu’il soit crucifié ». Pour ma santé, n’est-il pas opportun de mettre dans ma vie le Dieu qui fait vivre d’amour ?
Dieu a donné la vie. Une société sans Dieu trouve normal de modifier les lois morales concernant par exemple le début et la fin de vie. Ne condamne-t-elle pas Jésus qui demande de ne pas substituer la loi des hommes à la loi de Dieu ? Vais-je dire : « qu’il soit crucifié » ?
Dieu ne se plaindrait pas si nos choix conduisaient à un mieux vivre personnel et commun. Or, ce n’est pas le cas ; la preuve, c’est que nous-mêmes, pécheurs, nous constatons que nos décisions ne nous apportent qu’insatisfactions. D’où la déprime, les suicides…
Quand l’automobiliste a pris une mauvaise direction, le GPS lui indique « faites demi-tour ». C’est ce que dit l’Eglise : Vous avez perdu l’attitude filiale ; retrouvez-la ! Revenez au Seigneur votre Père !