Silence, veillée pascale et baptêmes d’adultes
Nous avons fait mémoire et célébré l’ensemble des événements relatifs aux dernières heures de la vie de Jésus au cours de la Semaine sainte. Le Samedi saint, l’Église toute entière est plongée dans le silence. Nous nous préparons à fêter la résurrection du Christ au cours de la veillée pascale et le jour de Pâques.
64 catéchumènes adultes seront baptisés dans notre diocèse au cours de la veillée pascale dans leurs paroisses respectives. Portons-les dans notre prière !
C’est au petit jour d’un lendemain de sabbat que les femmes sont venues au tombeau. C’est dans la lumière naissante du matin qu’elles ont vu ce qu’elles n’attendaient pas : le sépulcre ouvert, la pierre roulée, le tombeau vide. C’est à l’aube du jour nouveau qu’elles se sont rappelées des paroles de Jésus, là qu’elle ont compris que Jésus est ressuscité.
Pourquoi de nuit ?
Pourtant ce n’est ni au grand jour ni sous leurs yeux qu’à eu lieu la résurrection de Jésus : c’est dans la nuit profonde et sans témoins que la pierre a été roulée, que le Ressuscité a quitté la tombe du Crucifié, que la Lumière a traversé les Ténèbres, que la Vie a surgi de la Mort !
Pourquoi Dieu agit-il ainsi ? Pourquoi la résurrection a-t-elle eu lieu de nuit, dans le secret ?

Que vivons-nous au juste le Samedi Saint ?
Le samedi l’Église se tait. Son Seigneur déposé au tombeau, l’Église vit le silence du deuil. Elle médite sur les événements des derniers jours et prépare son espérance en la Résurrection promise. C’est le silence liturgique, aucune messe ne doit être célébrée.
Le silence cesse avec la tombée de la nuit. La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent Pâques, passage des ténèbres à la lumière, victoire du Christ sur la mort. C’est pourquoi, dans la nuit, le feu et le cierge de Pâques sont allumés, puis la flamme est transmise aux fidèles.
La célébration de la fête de Pâques est l’occasion pour les chrétiens de renouveler leur profession de foi baptismale.
Homélie du père Louis Groslambert pour la Veillée pascale 2025
Frères et sœurs, cette nuit, nous fêtons Jésus vivant… et, du même coup, nous fêtons le Christ qui fait de nous des vivants… Nous sommes déjà ressuscités avec le Christ. C’est que nous croyons que Dieu intervient si puissamment dans l’histoire que, par l’amour total révélé sur la croix, il modifie radicalement la condition mortelle. Chaque parole biblique entendue ce soir nous l’a rappelé : Pensez que votre commencement, c’est la Parole du créateur qui dit « je veux que tu sois » ; pensez que votre permanence dans la vie, c’est l’alliance de celui qui vous dit comme à Abraham « je le jure, je te comblerai de bénédiction » ; pensez qu’avec Moïse, Dieu vous a fait sortir de toutes sortes d’Égypte, de ces prisons que sont nos péchés ; pensez que votre stabilité est un don de Dieu qui vous dit : « ma fidélité ne s’écartera pas de toi, tu seras établi sur la justice » ; pensez que Dieu qui vous a plantés pour que vous fleurissiez vous arrose de sa parole qui, comme une pluie fécondante, ne lui revient pas sans résultat, sans avoir accompli sa mission ; pensez que Dieu fait reposer sur vous sa sagesse, qu’il a versé sur vous une eau pure, qu’il vous a purifiés de vos idoles, qu’il vous a donné un cœur de chair, le cœur aimant de Jésus son bien aimé de sorte que l’homme ancien esclave du péché est devenu l’homme libre…
L’Église célèbre la résurrection de Jésus Christ ; du même coup elle célèbre la vie de tous ceux que le Christ a unis à lui. Elle se réjouit de voir des personnes si conscientes de l’intervention de Dieu dans leur vie qu’elles demandent le baptême. Elle se réjouit de vous voir à tel point heureux d’être visités et transfigurés que vous deveniez des êtres d’action de grâce à l’image de Jésus, l’éternel laudateur du Père.
Vous êtes à l’image de Jésus, parce que le Christ n’est plus extérieur à vous, il n’est plus à côté de vous ; il vous est devenu intérieur. Il parle à votre cœur ; il vous donne la chaleur de sa confiance, la joie d’être aimé et d’être contents d’aimer, la joie de pouvoir mettre dans le monde le respect, le pardon, la fidélité, le don de soi ; surtout la joie de traverser les épreuves. Quand le Christ nous devient intérieur, nous ressuscitons, nous renaissons ; ayant vu que le Christ est le vrai trésor, nous sentons la vanité des choses futiles. Ça change tout !
Les disciples qui parlent des manifestations de Jésus ressuscité parlent très peu de ce qui est arrivé à Jésus ; ils parlent surtout de ce qui leur est arrivé. Oui, ce qui montre que Jésus est vivant, ressuscité, c’est qu’il nous fait ressusciter. Et voici comment cela a été exprimé depuis le début de cette sainte veillée. Au début, nous étions dans le noir parce qu’imbibés d’infidélité, de méchanceté, de violence qui sont des formes de mort. Or quand le feu a été allumé et que la flamme s’est transmise à chacun, nous avons compris que le Christ nous fait passer du noir à la lumière, et ce fut comme une résurrection.
Le Christ est actif et il nous ressuscite : nous étions immobiles comme morts. Dès que nous avons annoncé « Lumière du Christ », nous nous sommes mis à marcher : nous avons compris que le Christ donne la force de continuer quand l’échec se présente, le courage d’aller de l’avant quand l’avenir n’est pas évident ; il met en œuvre en nous sa force de résurrection.
Et puis nous nous sommes assis. Le Christ que les méchants ont tué pour le faire taire, s’est mis à parler par Isaïe, Ézéchiel, Baruch, saint Paul, saint Luc. Nous avons compris que le Christ est vivant, actif et qu’il parle toujours par des témoins.
Je termine en racontant comment des païens – des non chrétiens – ont parlé de notre foi en Jésus ressuscité. Écoutez : Pour empêcher Paul de parler du Ressuscité, on l’avait mis en prison. Or, le gouverneur Festus reçoit la visite de son supérieur, le roi Agrippa qui vient inspecter son territoire. Le gouverneur soumet au roi le cas de Paul : il lui dit : « j’ai dans ma prison un prisonnier qui n’a rien fait de mal ! – Alors pourquoi est-il en prison ? dit le roi. – Parce qu’il dit qu’un certain Jésus est vivant alors que tous disent qu’il est mort ». Voilà la définition des chrétiens : Être chrétien, c’est dire que Jésus est vivant ; c’est accepter que le Vivant nous fasse passer de la mort à la vie, de la violence à la paix, de la rancune au pardon.