Seizième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 10 juillet 2025

Dans l’Évangile de ce dimanche, à la question : qu’est-ce qu’aimer quelqu’un? Marthe répond : c’est se décarcasser pour lui ; Mais Marie répond : c’est admirer comment il se décarcasse pour nous. Il en est de même pour notre relation à Dieu. Ne devrions-nous pas avant tout repérer ce que Dieu fait pour nous et faire sa louange ?

Prédication du père Louis Groslambert pour le seizième dimanche du temps ordinaire

Au début du XXème siècle, le chanteur Maurice Chevalier chantait « dans la vie, faut pas s’en faire » ; je ne sais pas ce qui le conduisait à plaider pour l’insouciance alors qu’on sortait de la 1ère guerre et que se profilait la seconde. Comment être insouciant ? La Bible révèle le seul motif de confiance : Dieu est l’allié. Voyez Abraham avait des raisons de se faire du souci :  il était inquiet d’être sans descendance. Il reçoit la visite de Dieu qui met fin à son inquiétude en lui promettant une descendance. Jésus lui-même conseille souvent de ne pas s’en faire : il dit à Marthe « Tu t’inquiètes pour beaucoup » ; il dit aux foules : « ne vous inquiétez pas pour la nourriture et le vêtement » ; il dit aux disciples avertis de devoir comparaître devant les tribunaux : « ne vous inquiétez pas de ce que vous répliquerez aux accusateurs ». Ne vous inquiétez pas ! c’est l’un des refrains de Jésus, lui qui ajoute : « je ne vous laisse pas orphelins, je suis avec vous tous les jours ».

Ce conseil d’insouciance me bouscule. J’admirais Marthe qui se démène pour honorer son hôte ; eh bien j’avais tort puisque, loin de faire son éloge, Jésus la rabroue : « Une seule chose est nécessaire ». Et j’étais prêt à critiquer Marie. Or Marthe veut nourrir le Maître, tandis que Marie veut que le Maître la nourrisse. Marthe estime que l’essentiel est ce qu’elle offre à Jésus – et du coup, elle a peur de n’en pas faire assez ; Marie, en revanche, estime que le plus important est de ne pas perdre une miette de ce que Jésus lui offre.

Il s’agit de notre relation aux hommes : à la question : qu’est-ce qu’aimer quelqu’un? Marthe répond : c’est se décarcasser pour lui ; Mais Marie répond : c’est admirer comment il se décarcasse pour nous (c’est bien ainsi que vous résonnez, vous qui êtes mariés : aimer quelqu’un, c’est admirer comment il est attentionné et se décarcasser en retour pour lui).

Il en est de même pour notre relation à Dieu. Ne devrions-nous pas avant tout repérer ce que Dieu fait pour nous et faire sa louange ? C’est la conséquence que je tire de la parole de Jésus : il dit que l’accueil que Marie pratique est un accueil qui veut recevoir, et il dit que c’est « meilleur » que l’accueil très appréciable que Marthe pratique, qui est un accueil qui veut donner.

Prenons le cas de saint Paul. Avant sa conversion, Saint Paul, dans un zèle fervent, voulait donner à Dieu son impeccable fidélité de pharisien ; en se convertissant, Paul a compris que Dieu l’aimait, indépendamment de ce qu’il offrait à Dieu ; il a compris qu’il était aimé, par grâce… Il a compris qu’en oubliant sa démarche pharisienne qui vise à donner à Dieu, et en adoptant la foi au Christ qui donne par grâce, il avait la meilleure part… comme Marie.

Frères et sœurs, vous avez bien conscience que Dieu vous a tout donné avant que vous ayez fait quoi que ce soit pour lui. Exactement ce que vous avez fait en donnant tout à vos enfants avant qu’ils aient fait quoi que ce soit pour vous. Vous voyez que la messe est avant tout l’action de grâce pour les dons de Jésus, de l’Esprit Saint, et pour mille autres dons. Vous direz sans doute que vous vous activez comme Marthe – dans la famille, dans la paroisse, dans la ville -, mais vous êtes conscients que cette possibilité de vous activer, est aussi un don de Dieu.

Nous comprenons que, si Dieu donne sans cesse, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Si nous nous inquiétons, c’est peut-être parce que nous oublions que Dieu donne. Mais tout en faisant l’éloge de toutes les Marie, Jésus félicite toutes les Marthe : à Marthe, il dit « j’avais faim tu m’as donné, j’avais soif, tu m’as donné… » Saint Luc, raconte la visite de Jésus chez Marthe et Marie juste après la parabole du bon samaritain : comme s’il voulait enseigner que c’est bien beau de se mettre au pied de Jésus comme Marie et d’aller au temple comme le prêtre et le lévite ; mais il faut mettre la main à la pâte comme Marthe et comme le bon Samaritain. Lire sa Bible et prier ne dispensent pas d’agir ; et agir ne dispense pas de rester à l’écoute du Christ. Normalement, celui qui s’assied pour mendier la Parole s’empresse de réconforter ses frères. Il revient aux chrétiens d’aujourd’hui d’être successeurs du Samaritain et de Marthe, et successeurs de Marie… Jésus fait l’éloge des Marie et des Marthe.

Vous qui ressemblez à Marthe, Jésus fait votre éloge ; mais n’oubliez pas d’être comme Marie car l’homme ne vit pas que de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Et vous qui ressemblez à Marie, Jésus fait votre éloge ; mais n’oubliez pas comme Marthe, de consentir à ce que la Parole vous pousse à agir. Si vous ne commencez pas par écouter la Parole vous pouvez vous inquiéter car vous bâtissez sur du sable. Mais si vous écoutez la Parole et la mettez en pratique, vous construisez sur du roc ; vous pouvez alors être sans inquiétude.

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