Pourquoi Jésus demande de nous « mettre à la dernière place »? Sans doute pas pour nous dévaloriser, lui qui par sa croix, nous révèle que nous avons une valeur infinie. Il préconise l’humilité. Comment pratiquer l’humilité ? Dieu donne sans rien attendre en retour. Il voudrait que nous soyons à son image.
Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire
Il est utile de nous souvenir que, dimanche dernier, Jésus avertissait que la porte d’entrée dans la vraie vie est une porte étroite et que pour la franchir, il fallait se dépouiller. Aujourd’hui, il précise qu’il faut se dépouiller de tout orgueil. « Accomplis toute chose dans l’humilité ; va te mettre à la dernière place ». Cela n’est choquant que si, comme le grand public, nous confondons l’humilité avec l’humiliation, si nous pensons que Jésus nous exhorte à nous écraser, à nous dévaloriser. Non ! L’humilité ne va pas à l’encontre de la promotion humaine. Jésus, en mourant pour nous, nous révèle que nous avons une valeur infinie ; il ne préconise donc pas la dévaluation des personnes, l’humiliation. Il préconise l’humilité. Quand Jésus dit « va te mettre à la dernière place », il demande de considérer que les autres sont plus importants que nous, sont plus dignes que nous d’être près de Jésus, de les valoriser.
Vous, les mamans et les papas, vous ne vous humiliez pas si vous considérez que vos enfants sont plus importants que vous. Jésus lui aussi, a pris le chemin de l’humilité. Lui qui était le plus grand, dans la condition de Dieu, il s’est abaissé, devenant notre serviteur, obéissant jusqu’à la mort (Ph 2,5), non pas par goût de l’humiliation ou de la bassesse, mais par volonté d’aimer infiniment. Il est l’époux de l’humanité, et comme tous les amoureux, il tient l’humanité pour plus importante que lui. Il n’y a rien de plus grand que de valoriser les autres ; c’est cela l’humilité. Ayant pris humblement la dernière place, Jésus s’est entendu dire « monte plus haut ; sois ressuscité, victorieux de la mort ».
Frères et sœurs, vous n’occuperez jamais la dernière place ; elle est déjà prise : c’est Jésus qui l’occupe. Mais chaque fois que vous vous faites serviteurs, c’est à dire que vous considérez que les autres sont plus importants que vous, vous imitez le Christ et son grand amour ; avec lui vous écrasez l’orgueil ; avec lui vous êtes porteurs de paix ; vous faites du bien à votre entourage ; vous pratiquez l’humilité.
Considérer les autres comme plus importants que soi… même les plus cabossés ! c’est ce qui ressort du conseil de Jésus : « Quand tu donnes un déjeuner, invite ceux qui n’ont rien à te donner en retour. » Il est vrai que cette invitation à pratiquer la grâce, à faire du bien sans attendre la réciproque, est très contrariante. Ainsi, après un repas chez des amis, l’invité dit à l’invitant : « la prochaine fois, tu viens chez moi, c’est mon tour de t’accueillir ». On n’aime pas être reçu sans renvoyer l’ascenseur… on n’aime pas être dépendant, débiteur. Or, regardons Dieu : Il donne sans attendre la réciproque ; il invite des gens qui ne lui rendront rien. D’ailleurs, « comment rendrions-nous au Seigneur tout le bien qu’il nous a fait ? » (Ps 115) Dieu donne sans rien attendre en retour. Il voudrait que nous soyons à son image.
La manière de rendre au Seigneur le bien qu’il nous a fait consiste à donner aux frères sans espérer la réciproque. Le Seigneur m’a donné sa confiance ; je la lui rends en faisant confiance aux frères ; il m’a donné son pardon ; je le lui rends en pardonnant aux frères. Tout ce que nous faisons pour les autres, c’est à lui que nous le faisons.
Mes timides pardons, mes partages hélas souvent calculés, mes dérangements plus ou moins consentis, … cela me sera rendu sous forme de résurrection ! J’y crois parce que, dès maintenant, cela me donne de la paix et de la joie. A la résurrection, ce sera un repas de fête et l’on dira sans retenue : « Heureux les invités au repas du Seigneur ».