L’Église nous demande de fêter une Église de pierre, la cathédrale saint Jean du Latran, comme on fête Marie, saint Pierre ou saint François ! C’est étonnant. Puisque la cathédrale du pape, cette église de pierre, est dédiée au Christ Sauveur de son peuple, nous nous souvenons que le Christ sauve l’Église de pierres vivantes et lui donne d’offrir un chemin de résurrection à tous les hommes.
Jésus dit « l’amour de ta maison fait mon tourment ». Ce qui tourmente Jésus, c’est que l’humanité faite pour être une famille où l’on s’aide à vivre mutuellement est souvent un lieu où l’on se préoccupe très peu des autres. Ce qui tourmente le Seigneur, c’est qu’on ne vit pas en frères qui veillent l’un sur l’autre.
Prédication du père Louis Groslambert pour le dimanche de fête de la dédicace de la Basilique du Latran
Aujourd’hui, l’Église nous demande de fêter une Église de pierre, la cathédrale saint Jean du Latran, comme on fête Marie, saint Pierre ou saint François ! C’est étonnant ! Mais c’est bénéfique : grâce à la fête de la cathédrale de l’évêque de Rome, le pape, l’Église nous fait vivre la foi en lien avec l’Église universelle. Et, parce que la cathédrale du pape, cette église de pierre, est dédiée au Christ Sauveur de son peuple, nous nous souviendrons que le Christ sauve l’Église de pierres vivantes et lui donne d’offrir un chemin de résurrection à tous les hommes.
Avec cette affaire des vendeurs chassés, l’évangile de ce jour nous permet de méditer. Les vendeurs étaient installés sur le parvis du temple tout à fait légalement et ils rendaient grand service aux pèlerins qui voulaient trouver des animaux à offrir en sacrifices et qui désiraient changer la monnaie de leur pays contre la seule qui était admise au temple. Quand Jésus les a chassés du temple, les disciples de Jésus ont pensé que s’accomplissait la prophétie qui disait : « L’amour de ta maison fera mon tourment ! » Effectivement, Jésus est tourmenté quand il voit que la prière consiste à faire avec Dieu un commerce par lequel on cherche à attirer sa bienveillance moyennant l’offrande d’animaux. Jésus veut qu’on sache qu’on ne fait pas de marchandage avec Dieu, qu’on n’achète pas la grâce du salut parce que Dieu la donne gratuitement. En chassant les vendeurs, en montrant que le culte n’a plus besoin d’eux, Jésus change le culte !
Il ne s’agira plus de travailler pour que Dieu donne sa grâce. Jésus l’exprime en comparant deux temples de Dieu : le temple de pierre que les hommes ont construit pour Dieu en donnant de leurs forces et de leur argent pendant 46 ans, et le temple qu’est le Christ que Dieu relèvera en trois jours, sans que les hommes aient eu d’offrande à faire : On n’achète pas l’action de Dieu.
Mais, à côté du temple de pierre qui fait le tourment de Jésus, n’y a-t-il pas un autre temple pour lequel le Christ se tourmente et qu’il promet de relever gratuitement, par grâce ? C’est l’Église de pierres vivantes : que le Christ relève et dont il se sert pour relever l’humanité. Quand elle célèbre les sacrements, l’Église est comme le torrent qui charrie l’eau qui assainit tout, comme disait le prophète Ézéchiel… (Ez 47)
Vous savez, frères et sœurs, ce qui, dans l’Église, assainit les gens, ce qui fait que les pierres sont vivantes ! C’est le fait que vous faites le culte nouveau. Vous n’offrez plus des taureaux et des agneaux, des êtres qui vous sont extérieurs ; votre culte est nouveau parce que vous vous offrez vous-mêmes, et vous dites sur vous-mêmes « mon corps livré pour les autres ». En langage simple, le culte qui plait à Dieu consiste à servir les autres, à les aider à vivre… c’est ainsi que chacun réalise la parole à dire chaque matin : « mon corps livré pour les autres ».
Nous offrir nous-mêmes en nous mettant au service des autres, plutôt que d’offrir des taureaux, voilà le culte nouveau : Jésus change le culte par une modification à côté de laquelle celles de Vatican II sont insignifiantes. Il n’est pas étonnant qu’on l’ait mis en croix, car tout changement du culte est difficilement accepté par tous. Certains catholiques n’acceptent pas les changements ; mais nous, les acceptons-nous ? Acceptons-nous d’offrir à Dieu le culte qui lui plait ? Acceptons-nous de dire sur nous-mêmes « mon corps livré pour les autres… ma journée donnée aux autres… ma fatigue consentie pour les autres » ?
Frères et sœurs, Jésus dit « l’amour de ta maison fait mon tourment ». Ce qui tourmente Jésus, c’est que l’humanité faite pour être une famille où l’on s’aide à vivre mutuellement est souvent un lieu où l’on se préoccupe très peu des autres. Ce qui tourmente le Seigneur, c’est qu’on ne vit pas en frères qui veillent l’un sur l’autre. Une bonne manière de fêter la cathédrale de Rome, l’église en pierre où le pape préside, c’est de d’être un élément de l’Église de pierres vivantes présidée par la charité du Christ.