Pour nous apercevoir de la venue du Christ aujourd’hui, pour nous préparer à Noël, il faut « veiller », rester éveillé. Par nos comportement de justice ou de bonté, nous collaborons à la venue du Seigneur étant des veilleurs pour nos frères et sœurs. Le Seigneur vient ainsi par les hommes en qui il vit ; mais pour le voir, il faut être éveillé, il faut être exercé à voir les signes de sa présence dans les conversations et les comportements. Nous nous préparerions bien à Noël si chaque jour, nous écrivions un fait, ou une parole qui sont à nos yeux des signes que le Christ vient dans le monde.
Prédication du père Louis Groslambert pour le premier dimanche de l’Avent
Frères et sœurs, pour évaluer la vie chrétienne, on a souvent utilisé deux vocabulaires ; avec le vocabulaire du thermomètre, on dit que les chrétiens sont ardents ou tièdes ; avec le vocabulaire de la balance on évoque le poids des péchés ou des mérites. Aujourd’hui, l’Église, avec saint Paul, suggère le vocabulaire de l’horloge : « il est temps de sortir de votre sommeil ; la nuit est bientôt finie, le jour est proche ». Notre vie chrétienne se passe alors que la nuit déjà vaincue n’est pas totalement éliminée et où le jour déjà présent n’est pas encore triomphant. A l’heure où nous sommes, la luminosité est médiocre : nous oscillons entre péché et grâce, entre démission et responsabilité.
Mais Saint Paul le dit : le Christ est venu éclairer notre histoire par la lumière de la bonté de Dieu ; il reste des zones sombres dans nos vies, mais la nuit est bientôt finie ; voici l’heure de nous préparer à fêter Noël. L’Église sait et rappelle que le Christ vient encore chez nous pour que la clarté de sa présence grandisse ; elle sait et elle rappelle que Jésus ne s’appelle pas « Dieu avec les gens d’il y a 2000 ans », mais « Dieu avec nous, Emmanuel », aujourd’hui. Il est donc l’heure de sortir de notre sommeil, c’est-à-dire de vivre tout évènement comme l’heure du Seigneur. C’est l’heure : vivons un Avent de joie !
Pour nous apercevoir de la venue du Christ aujourd’hui, pour nous préparer à Noël, il ne faut pas nous contenter de repérer les horaires d’ouverture du marché de Noël, les boites de foie gras ou les objets à offrir en cadeaux ; il faut, comme dit saint Luc, « veiller », rester éveillé. Cette attitude est si fondamentale qu’elle est enseignée par toutes les traditions qui s’appliquent à une vie spirituelle, par exemple le nom de Bouddha dont signifie « l’éveillé ». C’est l’heure de sortir de notre sommeil, de ne pas nous laisser gagner par l’insouciance et la nonchalance ; L’heure est venue d’avoir d’autre souci que de manger, de boire, de vivre des amours, de mettre de l’argent de côté, de faire des projets (toutes choses importantes assurément). Dans la liturgie du baptême, on chantait « éveille-toi ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts » Est éveillé celui qui est sorti du sommeil par la force puissante de la résurrection. Alors, puisque saint Paul dit aux baptisés « vous êtes déjà ressuscités avec le Christ, vous êtes déjà passés de la mort à la vie », il ajoute : « c’est à tout moment l’heure de sortir de votre sommeil.
Vous êtes peut-être surpris que je parle de la résurrection. Ce qui m’y conduit, c’est l’évangile où Jésus fait référence à Noé, qui, à l’époque du déluge, a permis aux créatures de traverser le grand danger. Le Christ qui vient chez nous réalise la même mission que Noé : il sauve tous les vivants. Aussi l’Église nous dit qu’il est l’heure de monter rapidement dans l’arche du Christ, le nouveau Noé, afin d’échapper à tout ce qui engloutit les hommes aujourd’hui : le matérialisme, l’insouciance du chacun pour soi, l’injustice du racisme… Dans l’arche du Christ, nouveau Noé, on n’apprend plus la guerre ; ne trouvez-vous pas que c’est l’heure de transformer les épées qui génèrent la mort en charrues qui alimentent la vie… que c’est l’heure d’avoir des relations fraternelles, de servir les frères ? C’est l’heure de rejeter les activités des ténèbres et de veiller à nous conduire en fils de lumière.
Frères et sœurs, l’Église c’est l’arche du Christ, nouveau Noé. Et l’Église qui nous presse de rester éveillés, ce sont les saints que nous côtoyons : ce voisin qui ne reste pas nonchalant pas quand il est question d’aider les autres mais invite son entourage à être disponible, en éveil ; l’Église qui nous presse de rester éveillé, c’est cette voisine dont le regard est fait de bienveillance et nous invite à regarder les autres avec le même regard ; l’Église qui nous presse de rester éveillés, c’est ce collègue qui, en bon artisan de paix, réveille notre vigilance quand nous nous laissons aller à des propos générateurs de division ; c’est cette belle-sœur qui sait calmer les emportements et nous fait monter dans l’arche du Prince de la paix… Chaque rencontre humaine c’est l’heure où Dieu nous visite.
En disant que des frères et des sœurs sont des veilleurs, qui attirent notre attention, j’exprime que le Seigneur vient dans nos vies par les frères et sœurs. Je dis aussi qu’en étant nous-mêmes veilleurs, en attirant l’attention des autres par un comportement de justice ou de bonté, nous collaborons à la venue du Seigneur chez eux. Le Seigneur vient ainsi par les hommes en qui il vit ; mais pour le voir, il faut être éveillé, il faut être exercé à voir les signes de sa présence dans les conversations et les comportements. Nous nous préparerions bien à Noël si chaque jour, nous écrivions un fait, ou une parole qui sont à nos yeux des signes que le Christ vient dans le monde.
D’une manière ou d’une autre, nous chantons « venez, divin messie » ! Ce désir de parvenir à l’heure où nous rencontrerons le Seigneur au terme de nos années est essentiel ; mais, dès maintenant, il vient. Aux hommes qui disent : Venez, divin Messie…le Messie répond : Vous les hommes, réveillez-vous ; venez vers moi. N’attendez pas ; c’est l’heure.
