Plaidoyer des évêques de France à l’occasion du Jubilé des détenus

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Publié le 2 décembre 2025

Une initiative de la Conférence des évêques de France

À l’occasion du Jubilé, et afin de permettre aux personnes détenues de vivre pleinement cet événement malgré l’impossibilité de se rendre à Rome comme de nombreux pèlerins tout au long de l’année, le Conseil national de l’aumônerie catholique des prisons a souhaité que le Jubilé vienne à elles.

A l’initiative de Mgr Jean-Luc Brunin, évêque référent de l’aumônerie catholique des prisons, il a été décidé que les évêques seraient largement présents dans les établissements pénitentiaires le dimanche 14 décembre pour célébrer le Jubilé en communion avec celles et ceux qui participeront au Jubilé des détenus à Rome.

  • Mgr Denis Jachiet célébrera la messe jubilaire ce 14 décembre à la Maison d’arrêt de Montbéliard

Par cette initiative, l’Église en France témoigne de son engagement constant auprès des personnes détenues et de sa volonté de leur offrir un temps fort de prière, de rencontre et d’espérance.

Plaidoyer des évêques de France à l’occasion du Jubilé des détenus

Dans le cadre du Jubilé des détenus, les évêques de France publient ce texte sur la situation carcérale en France pour inviter les catholiques et toutes les personnes de bonne volonté à s’engager au service de l’espérance pour les détenus

Cette année 2025 est une année jubilaire. Cette tradition s’origine dans un appel ancien qui vient de la Parole de Dieu, où à intervalle régulier on annonçait une année de clémence et de libération pour le peuple. Jésus-Christ lui-même l’a reprise en inaugurant sa vie publique : “Le Seigneur m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le coeur brisé, proclamer aux captifs la délivrance, aux prisonniers leur libération… “ (Is 61,1-2). “L’espérance ne déçoit pas !” Le pape François a voulu que la célébration de cette année jubilaire invite toutes celles et ceux qui sont éprouvés à demeurer dans l’espérance. Celles et ceux qui sont en prison en font partie et le 14 décembre a été retenu pour célébrer le Jubilé en détention.

Aujourd’hui, la surpopulation carcérale atteint un seuil historique en France. Elle contribue à une prise en charge dégradée – sentiment d’humiliation, augmentation de la violence et de l’oisiveté, perte du sens du travail pour les agents pénitentiaires. Elle empêche que les personnes détenues ressortent “meilleures” qu’au moment de leur incarcération et génère ainsi plus de récidive que de sécurité. Pour la société, la prison est la sanction la plus coûteuse, non seulement financièrement mais en termes de récidive. Toute mesure qui vise à augmenter la population carcérale va à l’encontre de la sécurité de nos concitoyens.

Si la Justice doit légitimement sanctionner les crimes et délits, la loi pose le principe d’une peine qui vise à prévenir leur réitération et à réinsérer leurs auteurs. N’appréhender la sanction que comme châtiment qui doit faire mal, réduirait la peine à déshumaniser au lieu de relever. Choisir de restaurer dans leur humanité ceux qui ont failli en les aidant à assumer leur responsabilité et à envisager un nouvel avenir, c’est l’intérêt de toute la société, à commencer par les victimes. Des prisons qui débordent sont des prisons qui détruisent, où l’on n’enferme pas seulement les personnes condamnées derrière des murs mais dans une déchéance désespérée, comme s’il n’y avait plus rien à attendre d’elles. Personne n’y a intérêt.

À l’occasion du Jubilé des personnes détenues, nous tenons à rappeler que tout être humain est créé à l’image de Dieu et que la dignité qui en résulte est inaliénable, indestructible. Personne ne peut être réduit à l’acte qu’il a commis, quel qu’il soit. La révélation de Dieu en Jésus-Christ nous dit qu’il paye de sa personne pour nous arracher au pouvoir du mal. L’évangile nous montre à chaque page Jésus qui fait bon accueil aux pécheurs, mange avec eux, les relève.

Nos aumôniers en détention sont témoins que derrière les murs d’une prison, l’amour du Christ relève, réconcilie et ouvre à l’espérance. La foi en un Dieu crucifié entre deux condamnés de droit commun pour nous libérer du cycle infernal de notre violence, ne peut s’accommoder du renoncement à croire en ce que chacun porte en lui de meilleur, de la désespérance de l’autre, d’une justice qui ne ferait que punir sans restaurer, d’une peine dans laquelle on n’offre pas à la personne condamnée les moyens d’aller vers le meilleur d’elle-même.

La Bonne Nouvelle de la révélation en Jésus-Christ est la rédemption de l’humanité et elle rejoint, au-delà du cercle des croyants, la vision d’une communauté fraternelle inscrite dans la devise de notre République.

Devant ce constat alarmant et inquiétant, nous souhaitons interpeler les responsables politiques et les juges de notre pays afin que nous nous engagions délibérément sur des voies nouvelles pour exercer la justice et condamner ceux qui commettent des infractions ou même des crimes. Le “tout carcéral” est une impasse. Il existe d’autres manières de sanctionner en respectant vraiment la dignité des personnes tout en permettant un changement de comportement.

Nous appelons non seulement les catholiques, mais aussi toutes les femmes et les hommes de bonne volonté, à ne pas renoncer à la perspective d’une fraternité inclusive qui est au fondement de notre société, à résister à la méfiance, au rejet de l’autre. Désespérer de l’autre conduit à un monde infernal fait d’exclusion et de violence toujours plus grande, à une société de plus en plus fracturée.

Cultivons la confiance, prenons soin de celles et ceux qui ont besoin d’être relevés. L’Espérance ne déçoit pas !

Cardinal Jean-Marc Aveline,

Président de la Conférence des évêques de France

Mgr Denis Jachiet

Président de la commission Dialogue, bien commun et amitié sociale

Mgr Jean-Luc Brunin,

Évêque référent de l’aumônerie catholique des prisons

M. Bruno Lachnitt,

Aumônier général de l’aumônerie catholique des prisons


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