Que fête-t-on à Noël ?
Noël nous rappelle un événement essentiel de l’histoire. Il s’agit de la venue du Fils de Dieu parmi nous, son entrée dans la condition humaine. La sagesse de l’Église du IVe siècle a été de créer une fête liturgique pour que les fidèles. En effet, à Noël, les fidèles célèbrent le Fils unique du Père, né de la Vierge Marie. Trouvez, ci-dessous, les horaires des célébrations de Noël 2025 dans notre diocèse de Belfort-Montbéliard-Héricourt.
Prédication du Père Louis Groslambert pour la solennité de Noël
Pour relayer saint Luc et imprimer le mystère de Noël dans les mémoires, saint François d’Assise a suggéré que l’on fasse des crèches ; et c’est en regardant la crèche que le fondateur du Prado, le p. Antoine Chevrier avait appris à voir la présence du Christ auprès de toute personne éprouvée.
Vous aussi, vous avez réalisé une crèche chez vous, en y plaçant tout ce qui représente la vie familiale, la vie paysanne et la vie artisanale ; vous avez raison car le Fils de Dieu est venu sanctifier tout, les relations et le travail. Pour manifester que le Christ venait sanctifier la vie paysanne, on a mis dans la crèche deux animaux, le bœuf et l’âne. Pourquoi ? Pas seulement parce que leur chaude haleine haussait un peu la température de la bergerie, mais parce qu’ils exprimaient le désir de Dieu de se faire connaître : en effet, tout au début du livre d’Isaïe, on lit cette plainte de Dieu : « le bœuf connait son bouvier, l’âne connaît son maitre, mais mon peuple ne me connait pas ». Effectivement, comme le bœuf et l’âne, nous devrions connaitre notre maître ; le Fils de Dieu s’est fait homme pour que nous connaissions Dieu. Vous tous qui voyez l’enfant Jésus puis l’adulte Jésus, souvenez-vous de sa parole : Qui m’a vu a vu le Père !
Non seulement ces animaux connaissent leur maître, mais ils ont des caractéristiques qui aident à voir qui est Jésus. Le bœuf attelé avance à son pas, sans à coup, sans brutal coup de collier ; appliqué à tirer son charriot, il avance, il persévère, il est un modèle de constance dans l’effort. Quand vous regarderez le santon du bœuf persévérant, pensez au Christ constant à nous aimer jusqu’au bout de ses forces, persévérant avec une patience infinie, jusqu’au bout du temps. Quant à nous, c’est aussi par notre persévérance que nous obtiendrons la vie.
L’âne est intelligent, parce qu’il base sa vie sur le service : ce serviteur du paysan fut aussi le serviteur de la sainte famille : il a porté Marie pendant le voyage à Bethléem, et pendant la fuite en Égypte, et puis, il a indiqué de quelle manière Jésus est roi, puisque, le jour des Rameaux, s’est accomplie la parole du prophète : « Voici ton roi qui vient, monté sur un âne ». L’humilité de l’âne nous aide à admirer l’humilité de Jésus venu non pour être servi mais pour servir. Elle nous aide aussi à admirer les humbles qui portent le Fils de Dieu dans notre monde. Dieu aime être porté par les plus humbles. Si nous regardions davantage les humbles qui portent de l’amour, qui portent leur proche malade ou défaillant… nous verrions Jésus. Si, comme l’âne, nous basions notre vie sur le service, nous porterions Jésus.
Dans la crèche, la tradition place le bœuf et l’âne… et les moutons… eux qui destinés à être sacrifiés pour la fête de Pâques prophétisent l’Agneau de Dieu qui sera sacrifié à Pâques.
Permettez que, dans la crèche, je mette d’autres animaux qui nous aideraient à voir qui est Jésus et qui seraient capables de nous dire qui nous devons être si nous voulons être témoins de l’incarnation, témoins de ce qui s’est passé à la crèche, témoins de Jésus présent dans le monde.
Je rêve de voir dans la crèche un kangourou, qui, dans sa poche ventrale, porte ses petits inachevés jusqu’à ce que leur croissance soit suffisante. En effet, Jésus qui nous fait naître à la vie nous porte comme le kangourou porte ceux qu’il fait naître. Jésus sait que nous sommes inachevés, que sans lui nous ne pouvons rien faire. Il ne se plaint pas que nous ne soyons pas encore arrivés à la sainteté, à la perfection de la foi, de l’espérance et de la charité… Il nous porte ! Et il souhaite qu’à sa suite, l’Église porte ceux qui ont du mal de vivre. Vraiment le kangourou ressemble tellement à Jésus qu’il aurait sa place dans sa maisonnée. Et vous, n’avez-vous pas, comme le kangourou, la mission de porter vos frères ?
Je rêve de voir dans la crèche un éléphant dont la marche lente évoque si bien la justesse de toute démarche qui prend son temps… Jésus a pris son temps : 33 ans sans le moindre mot ! Dieu lui-même prend son temps et vous savez qu’avec nous, il a une fameuse patience ! Contrairement à nous qui sommes obsédés par la rapidité, il a supporté pendant 3 ans les disciples lents à croire… il a attendu le jour où il entrerait chez Zachée, le jour où il libèrerait la femme pécheresse, Assurément, l’éléphant qui prend son temps aurait sa place dans la crèche ; et il serait un modèle utile à l’Église qui dans l’agitation moderne risque d’oublier qu’il faut du temps pour que germe ce que Dieu lui donne à semer.
Je rêve de voir dans la crèche un loup, non pas parce que je milite pour la protection des loups, mais parce qu’il vit en meute, qu’il a un sens éminent de la vie communautaire. Il aurait bien sa place à côté de Jésus qui avait le grand désir de voir les hommes vivre en frères et qui envoyait ses missionnaires deux par deux (en mini-meute), l’important n’étant pas qu’ils aient des chaussures, de la monnaie, mais qu’ils aient un frère. Ne peuvent être dans la crèche, ne peuvent contempler Jésus, que des personnes dont l’obsession est la qualité de vie fraternelle. Ah, si nos paroisses ressemblaient à une meute où chacun se mettrait au service de tous !
Dans la crèche de Jésus qu’on a appelé « le lion de Juda », je rêve de voir une lionne… Parce que la lionne suggère un portrait de Jésus éducateur. La lionne apprend aux lionceaux à sortir, à chasser, et elle leur fait confiance. C’est bien ainsi que Jésus agit : il dit « allez, partez ; vous prendrez des hommes » et il donne sa confiance « tout ce que vous lierez sera lié’ ». La lionne qui a des manières de Jésus, n’est-elle pas un modèle pour l’Église qui doit enseigner qu’il faut sortir aux périphéries, partir dans la liberté, nous baser non pas d’abord sur une discipline, mais sur la liberté.
Comme la crèche ne pourrait pas contenir tous les animaux comme l’arche de Noé, je m’arrête. J’invite seulement à regarder les humains qui, dans la crèche, prophétisent ce que fera et dira Jésus : Marie, Joseph, les bergers incarnent l’écoute de la Parole, l’obéissance à la Parole, la reconnaissance que Dieu vient nous visiter.
Avec François d’Assise et Antoine Chevrier, méditons bien devant la crèche !
