en ce quatorzième dimanche du temps ordinaire, l’Évangile nous invite à accueillir avec joie notre mission de disciples. Jésus nous prévient : « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Il a été victorieux des loups par la force de l’amour du Père. Cette force d’amour accompagne encore les missionnaires.
Prédication du père Louis Groslambert pour le quatorzième dimanche du temps ordinaire
Puisque Jésus demande aux missionnaires de souhaiter d’abord : « paix à cette maison », je vous souhaite la paix ; je vous souhaite d’être en paix avec les gens de votre famille, les membres de votre paroisse, les collègues de travail ; je vous souhaite d’être en paix avec Dieu en tenant compte de sa parole, et en paix avec vous-mêmes ; je vous souhaite d’être bien dans votre peau.
Et, puisque Jésus donne aux missionnaires l’ordre de dire « le Règne de Dieu s’est approché de vous », je vous annonce que « le Règne de Dieu s’approche ». Parce que le Royaume d’amour et de justice est tout proche, nous avons raison d’avoir de l’espérance. Mais voyons-nous aisément que le Règne de Dieu s’approche ? Certains pensent plutôt que le Règne de Dieu s’éloigne, que les mentalités sont actuellement moins marquées d’esprit chrétien que par le passé, et que le matérialisme ambiant, les violences et les injustices sont les symptômes d’un éloignement du Royaume de Dieu. Eh bien, puisque Saint Luc dit que le Royaume s’approche, il faut le croire, même si ça ne saute pas aux yeux. Frères et sœurs, la Bonne Nouvelle du jour, c’est ceci : « le Royaume de Dieu s’approche ».
La Bible entière dit que Dieu s’approche et qu’il visite son peuple ; oui, même si nous ne nous approchons guère de lui, lui s’approche de nous. Nous connaissons la prière « gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient ». Frères et sœurs, si vous constatez que vous ne faites pas les progrès que vous aimeriez faire, ne vous découragez pas puisque Dieu se fera toujours proche de vous… et puisque, comme dit l’apocalypse, son royaume descend du ciel et n’est pas une réalisation des hommes.
Vous allez dire que, pour que ce message soit crédible, il faut que je vous aide à voir comment le royaume d’amour est déjà présent. Voilà pourquoi je fais cette réflexion. Sachant que nous sommes 8 milliards et demi d’humains, ne croyez-vous pas que chaque 24 h, il faut compter en milliards le nombre des gestes d’entraide, en milliards les pardons, en milliards les comportements de bienveillance et de sympathie, en milliards les démarches d’humilité, en milliards les doux, les miséricordieux, les assoiffés de justice et ceux qui préfèrent être martyrisés plutôt que de renoncer à la justice et à la foi. Devant cette abondance de gens qui ont les manières de Jésus, il faut bien conclure que Dieu a semé largement la semence de l’amour. Dieu vient puisque nous constatons qu’il ensemence l’humanité d’un énorme potentiel d’amour. Alors, puisque Dieu fait les semailles, il veut embaucher des moissonneurs. Notre rôle n’est pas de jeter dans le monde les semences de l’amour ; c’est Dieu qui sème l’amour. Notre rôle est de contempler que la semence a bien poussé, qu’elle a produit de beaux fruits. Notre rôle est de rendre grâce, de faire l’eucharistie pour tout ce qui est beau dans le monde.
Bien sûr, nous avons à mettre de l’amour là où Satan sème la haine, à mettre du pardon là où Satan sème la discorde… Mais ce que nous mettons dans le monde, c’est Dieu lui-même qui nous l’a donné… et il a semé même là où aucun chrétien n’a jamais mis les pieds. Nous sommes accessoirement les semeurs, mais fondamentalement les moissonneurs.
Oui, frères et sœurs, regardez les personnes et leurs relations ; vous y verrez les signes du royaume d’amour déjà présent. Vous verrez que, par ces personnes, Dieu s’approche du domaine de la politique, du domaine de l’économie, du domaine de la morale. Quand les gens disent ’paix’ à leur voisin, ils aident les voisins à comprendre que le Royaume de paix s’approche. Quand des parents parlent patiemment avec leurs ados, ils montrent la patience de Dieu ; Quand des gens mariés se soutiennent fidèlement pendant des décennies, ils développent le Royaume de Dieu. Quand des gens se rendent disponibles pour rendre service, ils montrent que le Royaume de l’amour n’est pas loin. Dieu parle au cœur de tous ; et son Esprit d’amour remplit l’univers. Le Royaume de Dieu s’approche tout seul, par l’action irrésistible du Saint Esprit en toute personne. Il reste à l’accueillir en devenant ses collaborateurs. Le Seigneur dit « Je dirige vers mon peuple une paix abondante comme un fleuve » ; c’est enthousiasmant, mais il faut encore que tous deviennent artisans de paix ; le Seigneur dit « je vous consolerai » ; c’est séduisant… mais il faut encore que tous fassent que l’Église soit un hôpital de campagne. « Priez le maître d’envoyer des ouvriers », priez pour que tous tiennent leur rôle dans la survenue du Royaume de Dieu.
Dans les propos de Jésus, il y a une note surprenante ; Jésus dit : « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Il y a des loups, des gens qui ne veulent pas que Dieu règne, que le service soit supérieur à l’égoïsme, que l’humilité soit supérieure à l’orgueil. Au milieu des loups, l’agneau sait qu’il a perdu d’avance. Doit-il refuser de partir en mission ? A chaque messe, nous disons que l’agneau pascal s’est trouvé au milieu d’un tribunal de loups qui jugeait sans justice, et que même là, il avait une sécurité jamais démentie : l’amour du Père. On pense que pour être respecté il faut être dominant, plus loup que les loups, rendant l’insulte pour l’insulte ; or l’agneau Jésus n’a pas rendu l’insulte pour l’insulte ; il a été victorieux des loups par la force de l’amour du Père. Cette force d’amour accompagne encore les missionnaires.
Rendons grâce au Christ : il veut que la paix coule plus abondamment qu’un fleuve, et que les hommes soient comblés de bénédictions ; pour cela, il est avec ses missionnaires, tous les jours : Rendons grâce au Seigneur notre Dieu !