La Fête du Saint-Sacrement se déroule le deuxième dimanche après la Pentecôte. Elle a été instituée au Moyen Âge (1264) pour commémorer la présence de Jésus-Christ dans le sacrement de l’eucharistie. Aujourd’hui, nous contemplons le don que Jésus nous a fait dans l’Eucharistie : son Corps livré, son Sang versé pour la vie du monde. Ce sacrement est au cœur de notre foi, mystère d’amour et de communion.
Prédication du père Louis Groslambert pour la solennité du Corps et du Sang du Christ
Frères et sœurs, pour nous imprégner de ce qu’offre la fête du corps et du sang du Christ, nous pouvons recourir à beaucoup de livres. Nous pouvons aussi recueillir le témoignage de ceux qui disent pourquoi ils tiennent à communier chaque dimanche et quelle expérience spirituelle ils font en venant à la messe ? Ainsi je vais vous livrer mon témoignage.
1/ A la messe, ce qui m’attire, c’est le fait que tout le terrestre est remis à sa bonne place. Moi qui ai tout le nécessaire d’un point de vue terrestre et qui prendrais mes biens pour des idoles, j’oublierais facilement que « l’homme ne vit pas que du pain ». Si l’homme ne vivait que du pain qu’il a gagné, il ne dépendrait que de lui-même, et du coup, il serait esclave de lui-même, et il serait drôlement déçu. J’aime la messe parce que nous y recevons un pain venu d’ailleurs, un pain venu du ciel, un don de Dieu. C’est être réaliste que de reprendre conscience que je suis dépendant de Dieu. Celui qui dépend des humains n’est pas libre ; celui qui dépend de Dieu est libre. Et je fête volontiers le Corps et le Sang du Christ, parce que, devant lui je suis amené à me dire ceci : en vérité je suis un pauvre, j’ai à tendre la main, mais je reçois tellement : la fidélité du Christ, le pardon du Christ, la tendresse du Fils ! J’aime venir à la messe parce que la liturgie m’oblige à faire le geste du mendiant, qui tend la main, qui a faim.
2/ A la messe, ce qui m’attire, c’est le fait qu’est redite la victoire de l’amour sur la mort. Les divertissements, les plaisirs nous feraient oublier que la mort est notre adversaire permanent : même si les politiques essaient d’aménager la vie, même si les médecins éradiquent le cancer, il faudra un jour déménager entre 4 planches. Les divertissements nous feraient oublier que la joie de l’homme est de s’user pour les autres, de donner sa vie… comme le grain de blé. Or, la liturgie de la messe nous sort de nos divertissements ; elle nous met devant les yeux la mort, en précisant que le Christ l’a combattue simplement en se donnant totalement. Et je pense aux parents, aux aidants, aux éducateurs, à ceux qui donnent leur énergie aux autres : ils sont innombrables ceux qui donnent leur vie comme le Christ.
3. A la messe, ce qui m’attire, c’est la personne de Jésus. Car il est là, lui qui a donné sa vie comme on donne le pain pour que d’autres vivent. Sans la messe, comme beaucoup qui ne viennent pas à la messe, j’adhérerais probablement à des valeurs religieuses – le respect, la fidélité etc. Mais je préfère rencontrer le Christ plutôt que des valeurs, comme vous préférez être en présence de votre mari ou de votre femme ou de vos enfants, plutôt que des valeurs ? Les valeurs sont importantes mais combien plus la relation d’amour. « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ».
4/ A la messe, ce qui me réjouit, c’est la Parole de Dieu. La parole de la maman est le premier festin du bébé. De la même façon l’évangile, la lettre Paul, le psaume, sont des aliments plus sûrs que les slogans à la mode. J’aime venir communier parce que le Christ dit la parole qui donne le sens de toute mon existence : je l’entends dire « mon corps livré » et je comprends que je dois dire sur moi « mon corps livré ».
5/ Enfin, j’aime venir communier parce que la messe fait faire l’expérience d’une fraternité qui va au-delà de ce que le monde sait faire. Dans le monde, ne se rassemblent que les gens qui ont les mêmes goûts et les mêmes intérêts. A la messe, nous partageons le pain avec des gens que nous n’avons pas choisis mais que Dieu nous donne pour frères, avec des gens qui ont d’autres idées mais qui obéissent au même Esprit. Nous sommes tous frères puisque nous avons part au même pain.
Je vous ai donné ma confidence… Cherchez vous-mêmes pourquoi vous aimez la messe ! Vous aurez ainsi des motifs existentiels pour venir régulièrement à la messe.