Alors que le sapin est un élément de folklore, la crèche que vous avez disposée, chez vous, est votre lieu de prière. Devant la crèche, pensez que la bénédiction de Dieu est donnée à notre monde pour le guérir de ses aridités. Pensez qu’en faisant naître Jésus, Dieu a voulu irriguer les hommes par un flot d’amour , et que c’est vérifiable puisqu’ils sont des millions ceux qui servent leurs frères le voisin qui déprime, le vieillard qui est seul, le jeune qui tâtonne…
Prédication du père Louis Groslambert pour le troisième dimanche de l’Avent
Dieu nous parle, et, aujourd’hui, il utilise le vocabulaire de l’irrigation : le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent, qu’il exulte et fleurisse ! qu’il se couvre de fleurs des champs ». Si Dieu nous promet une si belle nouveauté, c’est que, faisant le diagnostic de l’humanité, il constate qu’elle a un grand besoin d’eau vive, qu’elle est souvent stérile, qu’elle est faite de gens dont le cœur est desséché par le matérialisme et l’amour du néant et des futilités. Frères et sœurs, comprenez que celui qui vient à Noël, c’est celui qui aura la joie de rencontrer la samaritaine au bord du puits. A vous, à moi, il va dire « tu puises de l’eau qui ne te désaltère pas ; mais l’eau que je te donnerai deviendra source jaillissante ». Voyez qu’il y a lieu de se réjouir : nos relations familiales, nos relations de voisinage et de travail vont être embellies comme quand les champs dénudés par l’hiver se couvrent de fleurs ; encore faut-il que nous laissions le Christ naître en nous, que nous lui demandions de mettre fin à la sécheresse de nos vies et à la dureté de nos cœurs. Marie Madeleine avait bien raison de confondre Jésus avec un jardinier : Jésus en effet vient pour que nous ayons la joie de porter du fruit et que notre fruit demeure.
Dieu nous parle avec le vocabulaire de l’irrigation et l’Église continue d’utiliser le vocabulaire du jardinier. Saint Pierre écrivait « le cultivateur confie la semence à la terre et attend les fruits précieux avec patience ». Effectivement, le jardinier Jésus que nous appelons en chantant « venez, divin Messie » a la même confiance et la même patience que le jardinier. Le jardinier Jésus a confié aux disciples le trésor de la connaissance de Dieu, puis il les a envoyés en mission, leur faisant une confiance quasi imprudente, puisqu’il chargeait ces pauvres hommes de dire les mots du salut, de guérir les malades et de chasser les démons. Frères et sœurs, comprenez que celui qui vient à Noël, c’est celui qui va vous dire « va, je mets en toi mon Esprit ; tu as ma confiance pour tenir ta place d’époux, de mère, de père, d’éducateur, de serviteur de ta commune ou de ta paroisse… et si tu n’as pas bien tenu ton rôle, sache que je patiente pour te laisser le temps de te convertir ». Voyez qu’il y a lieu de se réjouir.
Les contemporains de Jésus demandaient si Jésus était bien celui à qui ils devaient ouvrir la porte de leur cœur : « devons-nous en attendre un autre ? ». Sans doute, parmi nos contemporains, certains se demandent pareillement si, parmi les courants religieux actuels, Jésus a quelque chose de plus. Aujourd’hui, le Christ dit simplement : regardez si je suis le bon jardinier, meilleur que les autres. Oui, frères et sœurs, contemplez-le : n’est-il pas le jardinier incomparable qui, par son eau vive, le Saint Esprit, génère le goût du service, l’attention au frère, la soif de justice, la décision de travailler à la paix, la primauté de l’homme sur le profit économique ? Oui, contemplez-le : devant cette humanité où les frères se jalousent, se battent, se détruisent par mille drogues, regardez s’il existe un autre maitre qui ait autant de patience que lui pour encourager, guérir, relever, et si un autre est prêt à mourir pour les hommes souvent décevants.
Alors que le sapin est un élément de folklore, la crèche que vous avez disposée, chez vous, est votre lieu de prière. Devant la crèche, pensez que la bénédiction de Dieu est donnée à notre monde pour le guérir de ses aridités. Pensez qu’en faisant naître Jésus, Dieu a voulu irriguer les hommes par un flot d’amour , et que c’est vérifiable puisqu’ils sont des millions ceux qui servent leurs frères le voisin qui déprime, le vieillard qui est seul, le jeune qui tâtonne… En voyant mille délicatesses posées sur des faiblesses et des blessures, nous conclurons que Jésus est bien l’envoyé qui met l’amour de Dieu dans l’homme. En voyant mille mains tendues aux réfugiés, aux endeuillés, aux personnes seules… nous concluons que le Christ est vivant et qu’il rend les gens capables d’apporter au monde la vraie vie. Bref,notre prière est stimulée : Viens Seigneur Jésus ! Venez divin Messie ! Nous attendons ta venue !
