Les textes de ce deuxième dimanche de l’Avent nous invitent à une conversion, changement de mentalité, repentance. Jean le Baptiste attire les foules venues de partout, de toutes les classes sociales. Par l’authenticité et la radicalité de sa vie, il annonce Dieu qui vient délivrer son peuple de tout esclavage. Dieu veut nous réveiller en nous disant « porte du fruit, sois réconciliateur, construis la paix, l’entente… ». N’est-ce pas la vraie liberté ?
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Homélie du père Louis Groslambert pour le deuxième dimanche de l’Avent
Frères et sœurs, nous avons entendu « le loup habitera avec l’agneau ». Ça laisse rêveur ! Cette promesse semble l’utopie absolue. Pourtant nous la portons en nous ! Quand j’allais à l’école primaire, j’ignorais qu’Isaïe avait promis cette réconciliation, mais je portais le désir de paix si bien que je ne comprenais pas que l’histoire de la France soit racontée seulement en citant les batailles (Alésia, Attila, Marignan, Verdun…) J’avais l’impression que les hommes sont exclusivement des êtres qui combattent leurs semblables, qu’ils sont des êtres qui marchent à la haine de leurs semblables comme les voitures marchent à l’essence.
Sans doute, vous êtes comme moi, amoureux de la paix. Et même si Isaïe semble ne pas avoir les pieds sur terre quand il dit que l’enfant s’amusera sur le nid du cobra, même si vous savez que ce n’est pas demain que la fraternité va supprimer les violences, il ne vous semble pas stupide de désirer la paix. C’est pourquoi vous vous réjouissez quand on annonce que Jésus vient, lui le prince de la paix
En disant « Il vient », on dit que notre humanité ne le produit pas. Les hommes savent produire des bombes mais ne savent pas produire un prince de paix. Ils savent mettre en ordre de marche les tromperies, les racismes et les divisions, mais ils ne savent pas marcher vers l’unité selon la vérité et la fraternité. S’il existe un prince de la paix, il n’est pas produit par les hommes ; il est forcément donné aux hommes par Dieu. Et quand il est donné, il est reçu dans le monde comme un chien dans un jeu de quilles : on le fait taire et on le met en croix ; mais cela n’empêche qu’il vient, toujours, sans se lasser.
L’opposition au Christ est si forte que l’on pourrait qualifier de rêveurs ceux qui disent qu’il vient. Pourtant, incontestablement, le Christ vient. Car les miséricordieux, les doux, les assoiffés de justice, les artisans de paix, les gens qui piétinent le conformisme, les gens qui osent ouvrir des passages nouveaux… ne sont pas là par hasard : c’est le Christ qui vient sous leurs traits.… Il ne vient pas comme le petit Jésus attendrissant, mais comme le Ressuscité victorieux de la haine… Tuer la haine, cela est impossible aux hommes, mais pas impossible à Dieu. Jésus a tué la haine en disant à ceux qui haïssent : « mon corps livré pour vous ». Et il poursuit son œuvre en donnant la force de son Esprit à ceux qui s’emploient à user les réflexes qui poussent l’homme à détruire ses frères.
Alors, si Jean Baptiste est le prophète du prince de la paix, on s’attendrait à ce qu’il parle sur un ton bienveillant ; aussi, en l’entendant qualifier les gens de race de vipères, je me suis demandé comment un ton aussi agressif peut porter la Parole de Dieu. Si vous entendiez les prédicateurs vous qualifier ainsi, vous fuiriez. En fait, si Jean Baptiste a des mots qui heurtent, c’est peut-être parce que Dieu constate que s’il ne nous heurte pas, nous ne nous convertissons. Dieu tient à nous dire qu’il est urgent de se convertir et de porter du fruit.
Un rabbin disait cette urgence de conversion de la manière suivante : « si demain, tu ne seras pas meilleur qu’aujourd’hui, à quoi te servira de connaître demain ? » Je continue sa phrase : Si demain, tu ne deviens pas fraternel et que tu chasses l’Esprit des frères, à quoi bon te réveiller ? Si demain tu ne deviens pas un collaborateur du Prince de la paix, un collaborateur miséricordieux et bon, à quoi bon revendiquer que tu es baptisé ? Si demain tu ne portes pas de bons fruits, à quoi bon manger aujourd’hui ? Donc, l’indicateur éminent qui montrera que le Christ est venu chez nous, cela sera toujours notre aptitude à dire sur nous-mêmes ‘mon corps livré pour les autres’. Dieu veut nous réveiller en nous disant « porte du fruit, sois réconciliateur, construis la paix, l’entente… ».
« Le lion habite avec l’agneau ». Puissions-nous dompter le lion qui est en nous-mêmes… et suggérer aux autres de dompter le lion qui est en eux. Dans : « dans le désert de nos vies infructueuses, de nos rancunes improductives, de nos égoïsmes stériles, puissions-nous faire un chemin pour que passe celui qui nous rendra féconds.