Quatrième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 27 janvier 2023

« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.

Quand des catholiques constatent la raréfaction de nos rangs, ils sont préoccupés et expriment leur inquiétude. Nos assemblées vieillissent, et comptent peu de jeunes ; c’est préoccupant. Mais est-ce que cela préoccupe le Seigneur ? Apparemment non, puisque le prophète Sophonie énonçait de la part de Dieu : « Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ». Cette parole étonne : Dieu qui, dans sa puissance, a créé le ciel et la terre, n’est pas capable d’avoir un peuple nombreux ! Pourtant, cette parole porte en elle le sceau de Dieu qui fait Pâques.

Homélie du père Louis Groslambert pour la pour le quatrième dimanche du temps ordinaire

Frères et sœurs, quand des catholiques constatent la raréfaction de nos rangs, ils sont préoccupés et expriment leur inquiétude. Nos assemblées vieillissent, et comptent peu de jeunes ; c’est préoccupant. Mais est-ce que cela préoccupe le Seigneur ? Apparemment non, puisque le prophète Sophonie énonçait de la part de Dieu : « Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ». Cette parole étonne : Dieu qui, dans sa puissance, a créé le ciel et la terre, n’est pas capable d’avoir un peuple nombreux ! Pourtant, cette parole porte en elle le sceau de Dieu qui fait Pâques. A ce moment central, son Fils a connu l’extrême faiblesse et il a reçu de Dieu l’extrême puissance ; il a souffert d’être parfaitement minoritaire (abandonné de tous) et il a reçu de Dieu d’être suivi par la foule innombrable des saints. Autrement dit, comme dit saint Paul, Dieu choisit ce qui est faible pour confondre ce qui est fort ; et c’est dans la faiblesse qu’il déploie sa puissance. Si le Fils de Dieu a dû passer au plus bas, il ne faut pas s’étonner que son Église passe au plus bas ; il faut consentir à ce que l’Église ne soit plus influente, majoritaire, il faut consentir à être chrétiens dans un monde qui ne l’est pas. Réécoutons le prophète Sophonie : « je laisserai un peuple pauvre et petit »

Il n’y a pas que la petitesse numérique de l’Église ; il y a sa petitesse qui vient de ce qu’elle ne peut pas se prévaloir d’être influente. Or, dans les béatitudes, Jésus déclare heureux les petits, ceux qui ne peuvent se prévaloir ni d’être un grand nombre, ni d’être influents, ni de représenter une force. Jésus déclare heureux ceux dont la petitesse est d’être faite de pauvres de cœur, de gens qui pleurent, de personnes qui ne peuvent lutter que par la douceur et la miséricorde, et même de personnes persécutées… Voilà ceux qui forment la cour du Christ roi.

A l’occasion du décès de Benoit XVI, l’évêque de Poitiers a rappelé une phrase écrite par Benoit XVI en 1969 (il y a 54 ans) dans son livre « Foi chrétienne hier et aujourd’hui ». Je la cite car elle réexprime que l’Église a pour vocation d’être « un peuple pauvre et petit » : « De la crise actuelle sortira une Église qui aura beaucoup perdu, qui sera de taille réduite et devra repartir de zéro… Avec la réduction du nombre des fidèles, elle perdra de nombreux privilèges… Contrairement à la période antérieure, l’Église sera perçue comme une société de personnes volontaires qui s’intègrent volontairement et par choix. En tant que petite société, elle sera appelée à faire beaucoup plus souvent appel à l’initiative de ses membres ». (pages 114-115)

Les béatitudes disent qu’il faut faire un acte de volonté, pour consentir à toutes les formes de pauvreté. Acte de volonté pour se détourner du matérialisme et croire à la puissance de l’amour. Acte de volonté pour remplacer le réflexe d’écraser l’autre par la décision de pardonner. Acte de volonté pour tenir à l’amour, à la justice, à la fidélité, alors que l’amour, la justice et la fidélité ne sont pas aimés. Sophonie disait la condition à remplir pour être l’Église en situation minoritaire : « ce petit reste prendra pour abri le nom du Seigneur ; ne commettra pas d’injustice, et n’aura pas de langage trompeur ». Benoit XVI le disait : n’appartiendront à l’Église que « des personnes volontaires ».

Donc, soyez en paix. Au début Jésus a eu bien du mal à conserver 11 disciples… c’était le petit reste… Il n’empêche que ça a suffi pour que le monde bénéficie du bon levain de l’évangile. Un petit nombre de gens qui « auront pour abri le nom du Seigneur, qui ne commettra pas d’injustice et n’aura pas de langage trompeur… un petit nombre de gens pauvres de cœur, miséricordieux, artisans de paix, assoiffés de justice…suffira à porter dans nos villages le bonheur de suivre le Christ. Ce n’est pas par le grand nombre que nous installons l’évangile dans notre monde, mais pas un petit reste de pauvres de cœur qui préfèrent le pardon à l’écrasement de l’autre, la soif de la justice au confort personnel. La bataille contre Madiane dont nous parlions dimanche nous apprend à ne pas regarder les statistiques mais à repartir du Christ, de l’humilité du Christ, de ce foyer d’amour qui s’exprime ainsi : mon corps livré pour vous. Notre Eglise chez nous doit peut-être passer au plus bas… mais le Père va la ressusciter. Dieu déploie sa puissance dans les faiblesses.

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF :

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