Retour sur la messe chrismale 2024

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Publié le 28 mars 2024

Nous avons vécu, ce mercredi 27 mars, la messe chrismale en la cathédrale Saint-Christophe à Belfort, présidée par Mgr Denis Jachiet, évêque de Belfort-Montbéliard. Durant la messe chrismale, l’évêque bénit les huiles saintes et consacre le Saint Chrême. Cette huile servira dès les baptêmes de Pâques, puis tout au long de l’année pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre.

Homélie de Mgr Denis Jachiet pour la messe chrismale, le 27 mars 2024

Le jour du sabbat dans la synagogue de Nazareth, Jésus proclame la prophétie d’Isaïe qui annonce une année de bienfaits accordée par le Seigneur. En prononçant et commentant cet oracle, il le rend actuel. Aujourd’hui encore, comme jadis à Nazareth, nous entendons le Christ nous annoncer cette prophétie pour aujourd’hui. Et c’est par le ministère de l’Église qu’elle s’accomplit. Par les sacrements qui seront donnés au long de cette année, notamment avec les huiles que je vais bénir, cette promesse d’une année de bienfaits va se réaliser. Le mystère pascal que nous célébrons ces jours-ci nous rend présents à la mission du Serviteur de Dieu, celui qui a reçu l’onction, le Christ Jésus.

Quelle Bonne Nouvelle apporte-t-il ? Quel changement opère-t-il en nos vies ? Quelle mission confie-t-il à ses envoyés ?

1 – La Bonne nouvelle du Salut

Les progrès que l’humanité a pu accomplir ces derniers siècles pour comprendre le monde et user des avancées scientifiques et technologiques avaient créé une illusion. Désormais, pensait-on, le progrès allait tout résoudre. Les progrès de l’agriculture, de l’industrie, du commerce et de la médecine allaient pouvoir assurer à tous une vie protégée des principales causes de malheur : famines, pénibilité du travail, maladies, guerres…

Or le constat est rude : tous ces progrès n’ont pas abouti à une réelle libération de l’humanité. La sous-alimentation et l’exploitation des personnes perdure en bien des endroits du globe. Les épidémies continuent de sévir. La planète surexploitée manifeste les premiers symptômes des malheurs que le réchauffement en cours est amené à provoquer.

La paix qu’on avait cru établir pendant des décennies se trouve brisée et, même sur le sol européen, la guerre a repris et menace de s’étendre. En France, la pauvreté s’aggrave et l’écart entre nantis et laissés-pour-compte s’accroit. N’oublions pas les centaines de milliers de personnes qui prennent les routes migratoires dans la précarité et affrontent tant de périls pour fuir les drames de leur patrie et sans trouver la nouvelle vie dont ils avaient rêvé.

Que dire devant ces constats alarmants sinon que le progrès par lui-même est incapable d’assurer le bien de l’homme. Seul l’engagement éthique peut faire progresser la condition humaine. Aucune liberté véritable ne peut advenir si nous ne menons pas une recherche exigeante et permanente du bien dans chacun de nos choix. Dieu a révélé aux hommes le chemin de salut qu’il leur offre dans la personne du Christ-Serviteur :

Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

Aujourd’hui comme hier ce salut rendu actuel par Jésus-Christ est pour nous une Bonne nouvelle, une espérance et une mission.

2 – Le Christ fait naître un peuple sacerdotal

En lisant le passage du livre du prophète Isaïe, Jésus se désigne comme le Messie, celui qui reçoit l’onction sainte. Cette onction c’est l’Esprit Saint. Il est venu sur lui au moment de son Baptême dans le Jourdain. A ce moment, Jésus est désigné comme le Fils Bien-aimé du Père et l’onction reçue définit sa mission de Prêtre, de Prophète et de Roi.

Le Saint chrême que je vais consacrer dans un instant est un signe sacramentel du don de l’Esprit Saint. A chaque Baptême, au moment de faire cette onction avec le Saint Chrême, nous disons au baptisé : « Toi, tu fais partie de son peuple. Il te marque de l’huile du salut, pour que tu demeures membre du Christ prêtre, prophète et roi pour la vie éternelle »

Le baptisé devient donc participant de la mission du Christ et chargé d’annoncer aux hommes la Bonne nouvelle de leur libération par le Seigneur.

Le Christ Grand-Prêtre fait naitre par le sacrement du Baptême un peuple sacerdotal dit l’Apocalypse : Il a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père (Ap 1, 6)

Les Chrétiens sont un peuple sacerdotal appelé à être signe du salut de Dieu au milieu des activités de ce monde. Le Christ communique son sacerdoce aux baptisés pour que la sainteté de leur vie, l’engagement de leur foi témoigne de la présence agissante de Dieu en ce monde. Comment cela se produit-il ? Le Concile Vatican II le précise : « Toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, s’ils sont vécus dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées, tout cela devient “offrandes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ” (1 P 2,5) » (Lumen Gentium n°34)

Au fond toute l’existence chrétienne est sacerdotale. L’Église et l’ensemble des baptisés ont pour vocation de témoigner de Dieu devant les hommes et de porter les hommes devant Dieu. C’est cela leur sacerdoce commun.

3 – Des prêtres envoyés vers les fragilités humaines

Lorsque les envoyés de Jean-Baptiste viennent à Jésus pour lui poser la question : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre » Jésus répond : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. (Mt 11, 3-4). Ce qui atteste la messianité de Jésus, ce sont d’abord ses actes car Jésus agit selon ce qu’il est et il parle par ses actes.

Nous les évêques, les prêtres et les diacres, de quelle manière parlons-nous à nos contemporains ? Nous avons été appelés et envoyés à la suite de Jésus le Messie vers les fragilités humaines : les pauvres, les captifs, les aveugles et les opprimés. Nous-même, bien que fragiles, nous portons la puissance de guérison et de libération du Seigneur en donnant les sacrements. Nous le constatons davantage d’année en année, ils sont nombreux ces adolescents et ces jeunes adultes non baptisés qui attendent qu’on leur apprenne à prier, à aimer le Seigneur et à vivre selon l’Évangile.

Chers frères prêtres, avec la communauté de disciples missionnaires qui nous est confiée, nous avons la charge de l’annonce de l’Évangile dans nos villages et nos quartiers. Comment le faire sans chercher d’abord à agir selon l’Évangile et à parler par nos actes ?

  • Si nous voulons faire naitre et grandir de petits groupes fraternels et missionnaires, ne faut-il pas commencer nous-mêmes par le vivre, constituer des petites fraternités entre nous ?
  • Si nous voulons étendre le catéchisme et dynamiser nos catéchistes, ne faut-il pas commencer par visiter régulièrement chacun de nos groupes de catéchisme ?
  • Si nous voulons rendre nos paroissiens plus missionnaires, ne faut-il pas avec eux nous rendre sur les places, les marchés et les rassemblements pour aller à la rencontre des gens ?

Mes amis prêtres, il peut arriver que nous sentions le découragement ou la fatigue l’emporter en nous sur le courage et la créativité. Alors nous pouvons prier ces paroles du Psaume que nous venons d’entendre : Ma main sera pour toujours avec lui, mon bras fortifiera son courage. Mon amour et ma fidélité sont avec lui, mon nom accroît sa vigueur. (Ps 88). La main du Christ, à travers la médiation de l’évêque, s’est posée sur nous au jour de notre ordination. Cette main sera toujours avec nous, elle fortifiera notre courage, elle agira même dans nos zones d’inconfort et nos situations de vulnérabilité. Elle nous redonnera la joie d’être des pasteurs et d’entendre jour après jour Jésus nous redire : « Ma main sera pour toujours avec toi, mon amour et ma fidélité sont avec toi ».

Rendons grâce au Seigneur pour l’appel qu’il met au fond du cœur de certains hommes pour qu’ils deviennent les prêtres de son Alliance. Rendons grâce au Seigneur pour ses prêtres. Qu’il les garde en son amour et sa fidélité.

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