Seizième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 20 juillet 2023

« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson » (Mt 13, 24-30)

Dans le champ de Dieu, dans son royaume, le bon grain et le chiendent poussent côte à côte… Le chiendent n’empêche pas le bon grain. Jésus révèle que, quand Dieu voit que le champ où il a semé le bon grain est colonisé par l’ivraie, Dieu est patient avec les hommes comme les pères sont patients envers les fils dont ils n’approuvent pas la conduite.

La toute-puissance de Dieu = la patience et non la tyrannie !

Prédication du père Louis Groslambert pour le seizième dimanche du temps ordinaire

Dimanche dernier, l’évangéliste disait que, s’il y a de belles paroles d’amour et de beaux gestes d’entraide, c’est que Dieu en a enfoui les semences dans l’humanité, même dans les cœurs où il y a des cailloux ou des épines, même là où il y a des égoïsmes et des méchancetés qui s’obstinent à étouffer son évangile. Il faut remercier Dieu de donner avec tant de prodigalité. Prenons donc un instant de silence pour dire merci au Seigneur d’être ce semeur qui sème sans retenue sa parole d’amour, son attrait pour la fidélité, la sagesse de sa confiance, la prudence de sa patience, l’attrait de la justice, l’envie de la prière… Prenons encore un instant pour dire merci parce que ces attraits n’ont pas été étouffés par les manières du monde, et merci parce que, dans un monde où règne souvent la loi de la jungle, subsiste en nous l’appel à vivre dans la confiance, dans la fidélité, dans la générosité, dans l’espérance.
Oui, il faut dire merci, parce que c’est miraculeux que la foi soit en nous et nous élève vers Dieu alors que tant de choses cherchent à nous abaisser. L’espérance aussi est miraculeuse, elle qui fait que des parents mettent des enfants au monde alors que les incertitudes et les dangers pour l’avenir sont écrasants. La persistance de la charité est miraculeuse, cette charité qui anime les gens alors que le chacun pour soi fait ses ravages. Merci pour ces miracles.

Mais, comme les semences du paysan risquent d’être picorées par les oiseaux ou étouffées par les ronces, la Parole d’amour est exposée à son ennemi, la parole du Menteur. La passion illustre cette tragique hypothèse : le Christ « est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » ; ils l’ont tué.
Voyant que la Parole d’amour trouve si peu d’écho, on en viendrait à dire que Dieu n’arrivera jamais à régner. Voyant que, en nous-mêmes, il y a, certes, des beaux gestes de sainteté mais aussi le vilain chiendent de nos médiocrités, on arriverait à se décourager… on en viendrait à ne plus supporter les gens médiocres et, plus encore, les gens cruels. Nous pourrions dire que tout est fichu… en langage chrétien, qu’il n’y a pas de Sauveur. Ou que Jésus est un sauveur trop inefficace, incapable d’arracher l’ivraie. 

Or, que dit le Sauveur ? Quand il présente Pierre le renégat, et Zachée le voleur, il dit que chez les autres et en nous-mêmes, il n’y a pas que le chiendent … (et il n’y a pas que le bon grain!) Dans le champ de Dieu, dans son royaume, le bon grain et le chiendent poussent côte à côte… Le chiendent n’empêche pas le bon grain. Jésus révèle que, quand Dieu voit que le champ où il a semé le bon grain est colonisé par l’ivraie, Dieu est patient avec les hommes comme les pères sont patients envers les fils dont ils n’approuvent pas la conduite.

Cette pensée est utile. Parce qu’on entend des gens qui parlent ainsi : si Dieu est bon et tout puissant, il devrait d’autorité, supprimer tous ceux qui font pleurer les hommes. Eh bien d’après la parabole, la toute-puissance de Dieu consiste non à être tyran mais à être patient. (Heureusement que Dieu est patient envers moi !) Il est patient parce qu’il est sûr de la supériorité du bon grain sur l’ivraie, du Saint Esprit sur l’esprit du mal. Jésus a traduit cette certitude lorsqu’il a dit « courage, j’ai vaincu le monde », j’ai vaincu l’ivraie !

Dans le scénario des westerns, il n’y a aucune patience : le clan des bons doit tirer sur le clan des méchants. En revanche, le scénario du Royaume de l’amour est écrit tout autrement car il intègre la patience. Pourquoi le maître dit-il qu’il faut « laisser ensemble le bon grain et l’ivraie » ? D’abord parce que les serviteurs du Royaume ne peuvent pas, à la manière de Dieu, sonder les cœurs et repérer des vertus qui, en fait, dissimulent des vices, des prudences qui cachent des trahisons, des générosités motivées par le désir d’être applaudi… Bref, ils ne lisent pas dans le fond des cœurs et ne peuvent pas séparer l’ivraie et le bon grain. Ensuite, il faut être patient parce que la création est en genèse : elle est encore au temps de la croissance et pas encore au temps de la moisson.

Nous nous réjouissons chaque dimanche, parce que Jésus a vaincu tout le chiendent du monde ; cela nous aide à supporter tous les jours les injustices, les mépris, les infidélités, les trahisons, les violences… C’est pourquoi nous lui chanterons « gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Sauveur et notre Dieu ! Viens juger le monde ! » 

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