Troisième dimanche de Pâques

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Publié le 10 avril 2024

« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour » (Lc 24, 35-48)

Dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus se montre aux disciple dans sa réalité de corps du ressuscité. La liturgie associe notre corps à la rencontre de Dieu : à l’église, nous faisons les gestes de salutation, nous regardons le cierge pascal, nous recevons l’aspersion d’eau, nous faisons des processions, nous chantons, nous mangeons. Et puis, sortis de l’église, les bras vont enlacer, les yeux vont dire la bienveillance, les mains vont secourir : l’amour va s’incarner dans notre corps comme il s’est incarné dans le corps de Jésus ; notre corps sera transformé par l’amour de Dieu, autant que le corps de Jésus.

Prédication du père Louis Groslambert pour le troisième dimanche de Pâques

Frères et sœurs, l’évangile de ce jour se termine par « à vous d’en être les témoins ». Effectivement, il ne suffit pas que Jésus ait manifesté l’amour sans limite du Père ; il faut encore qu’après lui, ses amis racontent comment Jésus a manifesté cet amour sans limite. Saint Luc fait cela, mais en plus, il témoigne que Dieu doit faire beaucoup d’efforts pour allumer le feu de la foi chez les disciples. Dieu avait donné mission aux femmes d’annoncer aux apôtres que Jésus était vivant ; puisque les apôtres n’ont pas cru au témoignage des femmes, Dieu a donné à Pierre et Jean l’idée d’aller au tombeau ; puisque le tombeau vide ne suffit pas à les conduire à la foi, Dieu a eu l’initiative de la rencontre sur le chemin d’Emmaüs et à l’auberge ; puis il a dû se manifester aux Onze et à leurs compagnons. Dieu nous a donné des parents qui nous ont dit la foi, mais Dieu sait que ça ne suffit pas, alors il nous donne bien d’autres signes. Bref, la foi en la résurrection ne s’installe pas du premier coup dans le cœur des gens… chacun de nous le vérifie ! Aussi, Dieu reprend tous les jours son ouvrage jusqu’à ce que nous arrivions à croire qu’il fait vivre et qu’il transforme les morts en heureux vivants.

Trois idées : Si le feu de la foi a pris chez les disciples, c’est parce que, s’étant rassemblés, ils n’ont pas cessé de parler de Jésus ; si le feu de la foi a pris, c’est parce que les femmes, Pierre, Jean et les deux d’Emmaüs ont mis en commun leurs expériences de foi naissante et qu’ils ont constaté la convergence des affirmations des uns et des autres. La foi a habité notre cœur parce que nous avons vu la convergence de beaucoup de témoins. Et la foi s’entretient chez nous si nous nous disons les uns aux autres nos expériences de foi. Voulez-vous être missionnaires et faire naître la foi chez d’autres et l’entretenir chez vous ? Réunissez-vous pour partager vos expériences de foi.

La deuxième idée part du constat de l’importance du corps : quand il se montre vivant, Jésus montre ses mains, ses pieds, sa chair, ses os, et il mange. L’être le plus spirituel se montre vivant par son corps. Ca se comprend que le corps soit nécessairement associé à la résurrection : le corps c’est les poignées de mains, les embrassades, les sourires : bref c’est ce par quoi s’incarne l’amour. Il est donc précieux, et Dieu ne peut pas abandonner à la mort cette réalité qui a rendu visible l’amour, qui a rendu visible Dieu. Mais le corps ressuscité ne retrouve pas la vie antérieure (qui voudrait retrouver pour l’éternité ses rhumatismes et ses déficiences respiratoires ?) ; le corps ressuscité est au contraire libéré des limites terrestres. Déjà la liturgie associe notre corps à la rencontre de Dieu : à l’église, nous faisons les gestes de salutation, nous regardons le cierge pascal, nous recevons l’aspersion d’eau, nous faisons des processions, nous chantons, nous mangeons. Et puis, sortis de l’église, les bras vont enlacer, les yeux vont dire la bienveillance, les mains vont secourir : l’amour va s’incarner dans notre corps comme il s’est incarné dans le corps de Jésus ; notre corps sera transformé par l’amour de Dieu, autant que le corps de Jésus.

Troisième idée : tout le monde voit des actes de générosité, de patience, d’entraide… mais tout le monde ne comprend pas que c’est le Christ ressuscité qui se montre par là. C’est pourquoi Jésus ne se contente pas de se montrer ; il s’applique à faire comprendre ; il le fait en s’appuyant sur les Ecritures. Si nous voulons être missionnaires et montrer qu’il est raisonnable de croire, il faut que nous prenions appui sur les Ecritures. Nous y apprenons que Dieu est fidèle, et que son amour envers les hommes va au-delà des limites du raisonnable ; nous y apprenons comment Dieu est prêt à ouvrir un passage dans les murs contre lesquels les hommes butent ; nous y apprenons que Dieu fait des merveilles. Si, ayant appris tout cela, nous le disons, nous rendons l’évangile compréhensible, croyable, crédible…

Un dernier mot : Jésus dit « A vous d’être les témoins d’un Dieu qui aime en donnant son fils. On sait qu’un témoin intervient quand une affirmation est controversée. Aujourd’hui, comme toujours, le Christ est toujours en procès : il y a les pour et il y a les contre ; il y a ceux qui disent que pour construire la société, il faut évacuer toute référence au christianisme ; et il y a ceux qui disent que le seul Esprit qui peut souder une société de paix, c’est l’esprit de Jésus, qui promeut le respect de la vie, la fidélité de l’amour, la supériorité de l’homme par rapport aux avantages économiques. Puisque Jésus est controversé, le témoin de Jésus va le plus souvent à contre-courant. Les témoins de Jésus ressuscité ne doivent pas s’étonner de prendre des positions à contre-courant de l’opinion courante.

Frères et sœurs, le Christ a été témoin de l’amour du Père en disant « mon corps livré » ; nous serons témoins en disant sur nous-mêmes « mon corps livré ».

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF

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