Vingt-quatrième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 15 septembre 2023

Pardonner soixante-dix fois sept fois

Dans la parabole que nous livre l’Évangile de ce dimanche, on voit le maître qui est prêt à tout pardonner sauf une chose : il ne pardonne pas à celui qui refuse de pardonner. Est-ce parce que le pardon de Dieu a des limites ? Non : c’est parce que celui qui refuse de pardonner fait son propre malheur. Jésus nous dit qu’il nous est indispensable de pardonner parce que nous nous faisons du mal à nous-mêmes si nous ruminons nos amertumes.

Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-quatrième dimanche du temps ordinaire


Avez-vous entendu la parabole ? Elle montre que la base de la vie en société, c’est la remise de dette… et c’est la conscience qu’aimer les autres est une dette. On le vérifie déjà dans les familles. Voyez les parents : ils nous ont tout donné. Nous avons envers eux une dette impossible à rembourser : leur attention, leur délicatesse, leur patience, leur disponibilité, leur pardon… tout cela n’a pas de prix. Comment leur rembourser cela ? Eh bien, nos parents ne nous demandent pas de rembourser ; ils nous font cadeau de tout… mais nous sentons bien que notre comportement doit être un cadeau qui réponde à leur cadeau.  

A l’époque de la rédaction des évangiles, le travail d’une journée était payé d’une pièce d’argent. Donc la parabole raconte qu’un homme devait 100 pièces d’argent, soit le salaire d’un peu plus de trois mois ; et qu’un autre remet une dette équivalente au salaire de 60 millions de journées de travail (si on travaille 300 jours par an, il faudrait le salaire de 200 000 ans pour rembourser cette somme) ! Ce personnage qui remet une dette si démesurée ne peut être que Dieu ! Frères et sœurs, vous entrevoyez l’immensité de la grâce ! Le Père qui nous a donné la vie, les parents, les amis, les aptitudes, les enseignants, les encouragements etc… nous donne encore en cadeau le pardon de tous nos péchés. Vraiment, nous sommes redevables pour tout ce qui nous a été donné ! Il ne nous est pas possible de rembourser cette dette astronomique ni à nos parents, ni à Dieu.

Alors, même si notre dette est astronomique, faisons comme le serviteur, demandons que Dieu nous en libère. On comprend qu’au début de chaque messe – plusieurs fois au cours de la messe -, l’Église prévoit que nous demandions à Dieu son pardon, car il est riche en pardon. Que nous demandions à Dieu sa miséricorde, car aussi loin qu’est l’orient de l’occident, il met loin de nous nos péchés.

Mais, si nous déclarons que ce Dieu est notre Dieu, la référence de nos vies, il convient que nous l’imitions ; si Dieu remet les dettes les plus monumentales et cela 70 fois 7 fois, il convient que nous remettions les dettes infiniment plus modestes. La seule manière  de remercier Dieu pour sa confiance, son pardon, le don de lui-même,… c’est d’offrir aux frères notre confiance, notre pardon, notre vie.

On voit dans la parabole que ce maître est prêt à tout pardonner sauf une chose : il ne pardonne pas à qui refuse de pardonner. Est-ce parce que le pardon de Dieu a des limites ? non ! c’est parce que celui qui refuse de pardonner fait son propre malheur. Il nous est indispensable de pardonner parce que nous nous faisons du mal à nous-mêmes si nous ruminons nos amertumes au point d’avoir des insomnies et des ulcères d’estomac.

On raconte que des enfants entraient dans l’atelier de Léonard de Vinci, et qu’un jour, un enfant bouscula une des toiles du peintre. Celui-ci se mit en colère, chassa l’enfant… Bref, il ne pardonnait pas. Résultat : le peintre s’est retrouvé sans créativité, et maladroit. Alors, déposant son pinceau, il alla trouver l’enfant, lui demanda pardon en disant : « J’ai fait pire que toi : toi tu as heurté une de mes créations, alors que moi, par ma colère, j’ai blessé une création de Dieu ».

Certains disent qu’en pardonnant, on s’abaisse, on ne fait pas valoir son bon droit, on encourage les impardonnables. D’après l’Évangile, refuser de pardonner, c’est empêcher le problème de se résorber, empêcher la plaie de se cicatriser ; alors que pardonner c’est libérer l’avenir, ouvrir un passage dans un mur. Frères et sœurs, vous êtes comme Dieu, créateurs de vie si vous rendez l’avenir possible pour vous et les autres. Pour créer l’avenir, Dieu n’a qu’une méthode : il fait grâce, il pratique le cadeau. Dans beaucoup de relations, on ne fait pas de cadeau (à tous les sens du mot) ; nous pouvons au contraire pratiquer le cadeau de la réconciliation.

Je conclus en disant simplement que la clef qui ouvre la porte d’entrée au Royaume de Dieu, c’est le pardon. Chacun a cette clef dans sa poche. Qu’il s’en serve ! La clef du Royaume, c’est le don de soi : « mon corps livré pour vous ». Jésus a actionné cette clé ; actionnons là à notre tour.

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF

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