Vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 2 septembre 2022

Il y a une radicalité dans la parole de Jésus que nous entendons ce dimanche, elle nous bouscule. Tandis que celui qui bâtit une tour et celui qui part en guerre doivent évaluer s’ils ont suffisamment de moyens pour réussir et, si, au besoin, ils doivent les augmenter… le disciple de Jésus doit en revanche jauger s’il est prêt à renoncer à tous ses biens. Et si, dans ces paroles nous entendions : « il n’y a que toi qui comptes pour moi » ?

Prédication du père Louis Groslambert pour le vingt-troisième dimanche du temps ordinaire

Avant la 1ère lecture  

Frères et sœurs, nous prions en disant : « Notre Père qui es aux cieux ». Il est évident qu’en disant « aux cieux », nous ne localisons pas Dieu dans l’atmosphère ou la stratosphère. En disant que le Père est « aux cieux », nous disons qu’il n’est pas comme nous qu’il ne pense pas comme nous, qu’il ne pratique pas la justice comme nous… qu’il est au-dessus de nos enfantillages et de nos calculs… que nous nous trompons si nous le faisons à notre image. Le livre de la Sagesse explore cette réflexion sur Dieu différent de nous. Écoutons.

Avant la 2ème lecture

Dieu est tout autre que nous, disait la 1ère lecture ; elle disait aussi « qui aurait connu ta volonté si tu n’avais pas envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? ». C’est que l’Esprit Saint nous fait connaître la volonté de Dieu. Voici ce qui est arrivé quand Dieu a envoyé son Esprit dans la société romaine où la loi prévoit qu’un propriétaire d’esclave a droit de vie et de mort sur son esclave. L’esclave de Philémon s’est enfui avec la caisse de son maître, et s’il est repris, il peut être châtié à mort. Eh bien Paul écrit à Philémon, qui est baptisé ; il lui dit que l’esclave fautif est désormais baptisé et doit être traité comme un frère bien aimé, et pas selon les procédés de la loi civile. Écoutez comment les pensées de Dieu et sa volonté sont communiquées par l’Esprit Saint, et comment Dieu bouscule les comportements spontanés. 

Après Luc 14, 25-33


Cette parole de Jésus montre, elle aussi, que Dieu est aux cieux, que ses pensées ne sont pas nos pensées naturelles. Spontanément, chacun tient son père et sa mère, sa femme et ses enfants pour le trésor absolu ; or Jésus invite à « le préférer à son père, à sa mère… même à tout ce qui lui appartient » ; vraiment ses pensées bousculent le bon sens commun ! Encore faut-il se laisser bousculer. Il y a un domaine où il le bon sens est bousculé par l’Évangile.


Dans le monde, les chances de réussir sont augmentées quand on a des atouts, de l’argent, des moyens impressionnants ; dans le royaume de Dieu, au contraire, les chances de réussir sont augmentées quand on renonce à tout moyen humain (pensez à la porte étroite) et qu’on s’en remet à Dieu. Tandis que celui qui bâtit une tour et celui qui part en guerre doivent évaluer s’ils ont suffisamment de moyens pour réussir et, si, au besoin, ils doivent les augmenter… le disciple de Jésus doit en revanche jauger s’il est prêt à renoncer à tous ses biens.


Je trouve que Jésus est astucieux de prendre l’exemple du constructeur ; car nous avons à construire avec les frères un royaume de justice et de fraternité. Or, si je m’assois pour évaluer si mes astuces, mes équipements informatiques, et mes vertus suffisent pour faire que les pécheurs soient moins pécheurs, je vais conclure que mes moyens humains sont ridiculement insuffisants. C’est que l’œuvre missionnaire ne dépend pas d’abord de moi, mais d’abord de Dieu. Paul faisait le même constat : ayant fait la liste de tous ses titres, il écrit : « c’est quand je suis faible que je suis fort ». ( 2 Co 12,10) Oui, frères et sœurs, vous êtes forts quand vous n’avez que votre modeste écoute fraternelle, votre silencieuse présence près du malade, votre fervente prière à Dieu ; vous êtes forts parce que vous vous appuyez sur la force de Dieu et non pas sur vos forces. Quand Jésus a pris la croix, il a renoncé à tout pouvoir ; pour être constructeur du royaume de Dieu, il faut renoncer à tout pouvoir.

Jésus a raison de prendre aussi l’exemple du roi qui part en guerre. Parce qu’être chrétien c’est partir en guerre contre ce qui est préconisé par le monde sans Dieu ; être chrétien, c’est partir en guerre contre l’esprit qui s’accommode d’injustices, contre le chacun pour soi, contre l’esprit raciste, contre ce dogme selon lequel il faut posséder… et partir en guerre même contre soi-même, contre la volonté de préserver son bon droit, ses avantages. Quand Jésus a pris la croix, il est parti en guerre contre tout cela ; pour être disciple de Jésus, il faut aller à contre courant et donc renoncer à s’appuyer sur des sécurités terrestres.

À la messe, quand Jésus renonce à tout par amour, il dit à l’homme « Il n’y a que toi qui comptes pour moi » ; puissions-nous renoncer à tout par amour et lui répondre : « il n’y a que toi qui comptes pour moi »

Méditer avec l’émission Parole pour un dimanche sur RCF

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