15 bis Rue du Docteur Eugène Jacquot, 90400 Danjoutin

Fête du Christ Roi
21 novembre 2021

Si nous disions à un enfant : « Nous fêtons Jésus roi : alors, dessine Jésus », il dessinerait un personnage en grand apparat, dans un magnifique salon…. Mais voilà : est-ce que Jésus a porté des vêtements d’apparat déambulant dans un salon de luxe ? Qualifier Jésus de roi prête à confusion. Car Jésus n’a pas montré sa royauté en pulvérisant les forces romaines d’occupation ; il s’est montré roi quand il a fait voir les aveugles, qu’il a fait entendre les sourds, qu’il a pardonné aux pécheurs. Le récit de la rencontre entre Jésus et le gouverneur Pilate montre que Jésus est roi tout autrement que ce gouverneur. Il lui dit : Tu te fais obéir en menaçant par une armée : moi mon autorité est de dire «si quelqu’un m’aime » ; toi, pour financer tes festins coûteux et construire des palais, tu étouffes les gens par de lourds impôts ; moi je suis ravi de manger chez les pauvres ; toi, tu portes une couronne en or, moi, ma couronne est d’épines et elle me va bien ; toi tu as sur les mains le sang des autres, moi, le sang que j’ai sur les mains c’est le mien qui coule de mes propres plaies. Toi tu es un roi démagogue, tu flattes les gens pour qu’ils t’applaudissent, mais je suis un roi qui témoigne (jusqu’au martyre) que le seul qu’il faut applaudir, c’est Dieu, l’esprit d’amour.

            Frères et sœurs, puisque nous sommes disciples de Jésus, nous devons être en décalage avec le monde ; nous devons estimer que nous rendons service au monde si nous avons des manières originales. Le monde fait passer l’argent avant les personnes ; mais c’est rendre service à l’humanité de donner la priorité aux personnes et pas à l’argent. La majorité des gens n’envisage pas le pardon ; mais la seule manière de servir la paix consiste à résister à l’envie de vengeance. Certains disent que, pour réduire son décalage avec le monde, l’Eglise doit se mette à la page ; mais puisqu’elle doit annoncer un monde autre que celui-ci qui produit des injustices et des pleurs, l’Eglise sera toujours en décalage. Etre dans le vent n’est pas désirable : il n’y a que les feuilles mortes qui se laissent pousser par le vent ; il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant.

            Frères et sœurs, franchement, entre la manière du Christ et la manière du monde, que préférez-vous ? Entre la royauté écrasante à la manière de Pilate et des puissants d’aujourd’hui et la royauté du serviteur Jésus et de tous les serviteurs d’aujourd’hui, que préférez-vous ?

(Dans l’église où l’on fête ste Cécile) Aujourd’hui, les musiciens fêtent ste Cécile : ils fêtent une martyre, c’est à dire une personne qui a osé être en décalage, et prendre ses distances par rapport au monde qui produit des pleurs et des injustices ; elle a tenu à sa différence au risque d’être martyrisée. Elle appartenait à une illustre famille dans la Rome du 2ème siècle qui persécutait les chrétiens. Justement, elle a été inquiétée par les persécuteurs parce qu’elle cachait dans ses propriétés de nombreux chrétiens persécutés. Ses proches étaient son frère nommé Tiburce et son mari Valérien. Tous les trois ont été martyrisés. Elle est la patronne des musiciens parce qu’elle a attendu le moment de son martyre en chantant. 

            Nous disons cela un dimanche, c’est à dire un jour où nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ : Le Christ est roi parce qu’il est le grand martyr, le fidèle témoin de l’amour de Dieu. Nous disons cela en prenant le sang du martyr et en disant « c’est le sang de l’alliance de Dieu avec vous ». Voyez : en venant à la messe, vous êtes en décalage avec beaucoup qui n’y viennent pas ; mais qu’importe puisque vous recevez ce trésor qu’est l’amour fidèle de Dieu.

33ème dimanche du temps ordinaire
14 novembre 2021

Il y a au centre de notre foi une affirmation en trois points : Nous proclamons ta mort, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue ». Toute l’année, mais surtout lors de la semaine sainte, nous portons attention à la mort et à la résurrection du Christ, mais c’est surtout en ces derniers dimanches avant l’avent que nous portons attention à l’attente de la venue du Seigneur. Alors je vous entends dire : si la venue de Jésus suppose les détresses dont parle la 1ère lecture et l’évangile, le soleil qui s’obscurcit, les étoiles qui tombent du ciel…, peut-on la désirer ? Disons donc ce qu’apportera le Christ, et nous méditerons ensuite pourquoi le prophète et saint Marc disent que le Christ vient dans un contexte de détresse
            Mais avant tout, nous pouvons faire ce raisonnement : Le Christ est venu une première fois pour nous montrer son amour infini, nous réconforter, nous recréer au risque d’être torturé ; quand il viendra pour la deuxième fois, ce ne peut pas être pour nous plonger dans la détresse, nous supprimer. Ca ne peut être que pour partager sa vie avec tous les sauvés.
            Rappelons ce que le Christ promet lors de sa venue. Il promet qu’il aura piétiné tous ses ennemis ; si la venue du Christ c’est la mort de toute mort, nous pouvons dire « viens sans tarder ! ». Il promet que du fait de sa présence, il n’y aura plus ni pleur ni cri ni peine ; si sa venue fait cesser toutes les larmes, nous pouvons dire « viens Seigneur Jésus ». Il promet de faire un grand festin pour tous les peuples : si sa venue marque la réconciliation de tous les peuples, nous pouvons dire « nous attendons ta venue dans la gloire ! Fais paraître ton jour ! »
            Ayant dit que la venue du Christ est infiniment désirable, il faut dire pourquoi le prophète l’évangéliste Marc dit que « le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa clarté, les étoiles tomberont du ciel ». D’une part, nous nous rappelons que les païens adoraient le soleil, la lune, les étoiles ; eh bien ! l’évangile dit que c’en sera fini de l’adoration des faux dieux ; seul le Christ plein d’amour brillera. Aujourd’hui il y a des réalités immuables, des ennemis toujours invaincus : la guerre est incessante depuis que Caïn a tué Abel ; la jalousie pollue les relations de manière ininterrompue depuis que Caïn fut jaloux d’Abel ; la séduction de l’argent impose son empire et même lorsque les spécialistes ont la hantise des crises financières ; la pollution de la maison commune, la surenchère des armements…et les structures de péché et la culture de la mort semblent installées aussi durablement que le soleil et la lune ; si bien installées que l’on dit « nous n’y pouvons rien, c’est comme ça ». Eh bien, l’évangile dit au contraire : non ! Le Christ ressuscité va faire tomber tout cela.
            Donc quand les textes parlent de détresse, ils ne disent pas que ce sont les hommes qui sont en mauvaise posture, mais que ce sont les faux dieux. La résurrection du Christ va finir par déraciner toutes les forces du mal qui semblent indéracinables.
            La parabole du figuier ne parle pas d’un avenir de mort, mais d’un printemps. Si l’évangile avait voulu nous entraîner dans la peur, il aurait dit : « quand vous voyez le figuier se dessécher, vous savez que l’hiver est proche ; commencez donc à grelotter » Il dit au contraire : « quand vous voyez que le figuier pousse ses feuilles vous savez que l’été est proche »..
            Il y a sans cesse des feuilles nouvelles sur l’arbre de l’humanité. Saint Marc nous dit : quand vous verrez que les forces du mal sont ébranlées et vacillent, dites vous que c’est le printemps… c’est la venue du Christ.

32ème dimanche du temps ordinaire
7 novembre 2021

Nous venons d’entendre deux récits tout à fait semblables : deux veuves donnent le peu qu’elles ont – elles donnent tout ce qu’elles ont pour vivre -, parce qu’à leurs yeux, il y a une réalité qui est plus importante que leur vie. La veuve qui donne à Elie son reste de pain estime que le plus important n’est pas de vivre mais d’accueillir le voyageur et de lui donner tout ; elle estime qu’elle perdrait sa noblesse humaine si elle ne faisait passer le voyageur réfugié émigré avant elle-même. La veuve dont Jésus salue la générosité estime qu’apporter sa part au trésor de Dieu est plus important que vivre ; autrement dit, elle estime que toute sa noblesse humaine est dans l’acte de donner. Les deux veuves ont reconnu qu’une réalité les transcende. Cette attitude est celle de toutes les mamans et de tous les papas pour qui la vie de leurs enfants est plus importante que la leur. Quelque chose est plus important que nous.
            Jeudi ce sera la fête de saint Martin qui a donné son manteau à un pauvre. Et ce même jeudi sera le 11 novembre, où nous nous souviendrons ce qu’ont vécu les 80 millions de soldats appelés à la guerre de 14-18 et aussi leurs épouses et leurs familles restées à l’arrière. Evidemment, ils n’avaient pas le choix ; mais ils se sont trouvés embarqués dans un processus où servir la patrie, sous les drapeaux, était plus important que vivre tranquille et même seulement vivre… Comme les veuves de la Bible, les hommes sont toujours appelés par une réalité transcendante. La guerre a été qualifiée d’absurde puisqu’elle n’a réglé aucun problème ; pourtant ces hommes n’étaient pas absurdes quand ils allaient au danger, et ces femmes ne l’étaient pas davantage quand elles consentaient avec vaillance à ce qu’une cause ait priorité sur leur vie affective, familiale et économique. Tous laissent un enseignement qui n’est pas absurde : comme les veuves de la Bible, ils disent que l’homme n’est jamais aussi grand que quand il reconnaît une transcendance. Du coup, je me demande : pour quelles causes serais-je prêt à donner ma vie ? à user ma santé ? à sacrifier ce que j’aime ?
            Vous savez que Jésus a trouvé qu’il n’y a pas de plus grand amour que de pratiquer le don de soi ; et vous savez qu’il a décidé de pratiquer le don de soi quoi qu’il lui en coûte, en disant clairement « mon corps livré pour vous ». Frères et sœurs, il nous faut bénir les mères les pères, les collègues et les voisins… parce que, comme Jésus, un jour ou l’autre – ou tous les jours – ils font l’offrande d’eux-mêmes et se dérangent faisant passer les autres en priorité ; et que Jésus soit béni d’avoir donné la priorité à la cause humaine avant même sa propre vie.

            En disant que la référence à une transcendance est le chemin de grandeur humaine, je dis du même coup qu’elle est le chemin de la paix. La cause de la paix est sans doute celle qui mérite que les personnes fassent passer en second leurs liens affectifs et leurs principes et que les pays fassent passer en second leurs avantages particuliers (nous craignons ceux qui disent  « mes avantages d’abord »). L’interdépendance des personnes et des pays est telle que tous s’en sortent ou que tous périssent. Ou bien nous vivons tous ensemble comme des frères et nous partageons, ou bien nous mourons tous ensemble comme des fous. Donc la seule manière d’assurer notre propre vie, c’est de chercher la vie des autres ; car on engendre la paix en cherchant la vie des autres.
            Frères et sœurs, le Saint Esprit demande à chacun de faire passer les autres avant lui-même. En communiant, nous recevons celui qui a donné tout ce qu’il avait pour vivre ; et qui est ainsi devenu le prince de la paix. Nous aussi, désamorçons cette grenade qui est la volonté d’être prioritaire ; soyons des artisans de paix.

31ème dimanche du temps ordinaire
31 octobre 2021

Ai-je un esprit rebelle ? Jugez-en ! J’aime bien vérifier si la personne qui donne un ordre ou un conseil fait elle-même ce qu’elle attend des autres. Alors quand j’entends Dieu dire « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur », je suis porté à vérifier si Dieu aime… et submergé par ses actes d’amour, je suis convaincu qu’il a le droit de dire le commandement « tu aimeras de tout ton coeur ». Comment ne pas aimer celui qui donne la création, l’intelligence, celui qui nous a faits capables d’aimer ? Comment ne pas aimer celui qui donne Jésus… jusqu’à la croix… jusqu’à laisser étouffer son fils dans l’étau des oppositions féroces, dans la gueule de la mort…,? comment ne pas aimer celui dont les paroles sont pleines de sagesse (nous avons vérifié mille fois la supériorité de la loi d’amour sur la loi de la rancune et la loi de la domination) ? comment ne pas aimer celui qui ne supporte pas que nous soyons des ratés ? Comment ne pas aimer celui qui nous dit : « tu as du prix à mes yeux, j’ai gravé ton nom dans la paume de ma main » ? Comment ne pas aimer celui qui continue de nous aimer même quand nous faisons du mal ? A un enfant qui reçoit un cadeau, on apprend à dire « merci » ; on lui apprend donc à ne pas s’intéresser seulement au cadeau mais à la personne qui l’a donné. Eh bien l’Eglise tient ce rôle éducatif : elle nous dit de ne pas profiter de la création, de notre intelligence, de nos aptitudes sans aimer celui qui nous les a données ; l’Eglise nous dit de ne pas trouver naturel et normal d’avoir sa femme, son mari ses enfants, mais de voir en eux des cadeaux que Dieu nous a faits. L’Eglise nous apprend à ne pas trouver normal la présence des saints de notre quartier : leur présence est un cadeau de Dieu ♫ Je t’aime Seigneur, ma force !
            Dieu aime sans limite ; il a le droit de nous commander d’aimer. Frères et sœurs, une manière simple de dire à Dieu que nous l’aimons, c’est de respecter les cadeaux qu’il nous a faits : les personnes qui nous entourent et l’Eglise qui nous porte. Et puis, nous disons à Dieu que nous l’aimons en mettant au service des autres les aptitudes qu’il nous a données ; de même qu’un enfant vous fait un grand plaisir s’il fait grand cas de votre cadeau, de même nous exprimons notre amour pour Dieu si nous mettons au service des autres notre patience, notre générosité, notre savoir faire, bref les aptitudes qu’il nous a données pour qu’on construise son royaume, et qu’on aide les autres à vivre. Nous disons à Dieu que nous l’aimons quand nous faisons sa louange (c’est pourquoi on fait l’eucharistie) ; nous disons à Dieu que nous l’aimons quand nous lui disons qu’il a raison de demander d’être pardonnant, artisan de paix, miséricordieux ; quand nous lui disons que ce qui nous tient à cœur, c’est que son règne vienne, que sa volonté soit faite. ♫ Je t’aime Seigneur, ma force !
            On voit que dès qu’on parle de l’amour de Dieu, on parle immédiatement de l’amour des frères. D’où le commandement « Tu aimeras ton prochain ». Saint Jean l’avait dit : « celui qui n’aime pas son frère qu’il voit est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas ». Cet amour du prochain est vécu dans les familles (là, il s’appelle tendresse) au travail (là, il s’appelle solidarité et la justice) dans les relations journalières (là, il s’appelle dévouement). Il est réjouissant de voir que l’Esprit de Jésus ressuscité a semé l’amour sous toutes ces formes. Toute l’Eglise se réjouit de constater que des tas de gens font cela… elle conclut : ces gens ne sont pas loin du royaume de Dieu  ♫ Je t’aime Seigneur, ma force !
            Dernière idée : le premier commandement tel que Jésus l’énonce, commence par « écoute ». Jésus a le droit de dire « écoute », car il est constamment à l’écoute du Père, épousant absolument la décision du Père de chercher la brebis perdue, de donner le vin de la réconciliation et de la joie à ceux qui n’en ont plus, de guérir les malades, de réintégrer les lépreux, les exclus. Il revient à chacun d’écouter les autres car Dieu parle par eux ».
Que le Saint Esprit nous dispose à écouter le Père comme Jésus écoute le Père.

30ème dimanche du temps ordinaire
24 octobre 2021

Pourquoi Jésus est-il venu parmi les hommes ? Parce que, voulant parler avec les hommes comme avec des amis, Dieu veut que ses amis le voient : amis de Dieu, votre désir fondamental est de voir Dieu. Vous qui profitez de la nature, et de l’affection de vos proches, et de vos talents, n’avez-vous pas hâte de voir ce Dieu qui vous a donné tout cela ? Vous qui n’êtes pas à l’aise dans un monde où, tout en proclamant l’égalité et la fraternité, on pratique la discrimination sous de multiples formes, n’avez-vous pas hâte de voir le Dieu qui fait lever son soleil sur les méchants autant que sur les justes ? Vous qui protestez si on vous présente un Dieu terrifiant, vous désirez sûrement voir le Dieu paternel… Oui, notre cœur est sans repos tant qu’il ne voit pas la source de l’amour. Comment voir Dieu ? Il suffit de regarder Jésus !

Disons ensemble :      Seigneur, fais que je te voie (bis)
                                   Fais que je te voie, toi qui donnes tout (bis)
.
                                   Fais que je te voie, toi qui pardonnes (bis)

            Alors, comme personne n’avait jamais vu Dieu, Jésus est venu le montrer. L’homme qui le reconnaît, c’est un homme qui, devant les passants, mendie des pièces, mais qui, devant Jésus, mendie ce que les hommes ne donnent pas mais que Dieu donne : il mendie la guérison. A la question de Jésus « que veux-tu ? », il dit « je veux voir ». Mais il voit déjà avec les yeux de la foi avant de voir avec les yeux du corps. Il voit ce que ne voient pas ceux qui mettent Jésus en examen, qui lui posent des questions de commissaire, et même veulent le tuer : il voit que Jésus sauve les gens exactement comme Dieu ! Il voit que Jésus révèle le Père. La preuve qu’il voit déjà, c’est que Jésus ne lui dit pas « vois » (car par la foi, il voit déjà) ; Jésus lui dit « va ». Alors, il bondit des cabrioles de joie ! il bondit d’avoir vu le Dieu Sauveur en la personne de Jésus.

Disons ensemble :      Seigneur Jésus, donne-moi la joie de te voir (bis)
                                   Seigneur Jésus, donne-moi la joie de te faire confiance (bis)
                                   Seigneur Jésus, donne-moi de te faire confiance chaque jour (bis)

            Parce qu’il est aveugle, Bartimée est le symbole de l’homme d’aujourd’hui qui avance à tâtons au milieu des difficultés sociales, des incompréhensions, des vies sacrifiées sur l’autel du Cac 40, des dangers terroristes, des situations de divorce, de chômage… Nous-mêmes, malgré nos bons yeux, nous pouvons être aveuglés par nos prétentions, nos pensées toutes faites, nos habitudes… Pour être guéris de cet aveuglement, écoutons l’Eglise : elle dit de mille manières ce que disait la foule à Bartimée : « confiance, il t’appelle, lève-toi » ; l’Eglise dit « Jésus est le sauveur ». Rappelez-vous comment le Pape Jean Paul répétait : « n’ayez pas peur ! ». Si vous dites aux personnes que vous rencontrez « n’aie pas peur, confiance, tu peux te lever, le Christ plein d’amour t’appelle », vous êtes missionnaires. Donner confiance aux gens, parce que Jésus est « avec nous tous les jours », voilà l’attitude fraternelle et missionnaire.

Disons ensemble        Seigneur, donne-nous la joie de voir nos frères (bis)
                                   Donne-nous la joie de rendre confiance à quelqu’un (bis)
                                   Merci de nous faire collaborer à l’œuvre de résurrection (bis)
                                   Merci pour ta lumière reçue à notre baptême (bis)

            La messe, c’est la présence du Christ lumière dans notre monde d’aveugles. Ce qui est lumineux, c’est l’homme qui dit « mon corps livré pour vous ». Qu’en le reconnaissant, nous soyons remplis de lumière et rendus capables de dire aux autres : « courage, le Christ t’appelle, l’amour infini t’appelle ».

29ème dimanche du temps ordinaire
17 octobre 2021

Jacques et Jean ont un rêve. Et nous, quel est notre rêve ? Les jeunes désirent sans doute accéder à une réussite, avoir du succès, une belle carrière, être capables de donner un avis pertinent, gravir les échelons, monter dans l’échelle sociale… ; de leur côté, les plus âgés désirent une vieillesse paisible, avec un entourage affectueux, mais ils continuent de rêver de succès de carrière pour leurs enfants… Je ne sais pas si ce désir d’être grand vient de Dieu ou ne vient pas de Dieu. Mais je sais qu’il y a une manière d’être grand qui vient de Dieu : car Dieu nous veut grands ; il a pour chacun une grande ambition. Quand il dit « soyez parfaits comme votre Père » on voit de quelle grandeur il rêve pour les hommes.
            Dès que nous nous levons le matin, nous avons envie de réussir notre journée. Mais c’est quoi réussir sa vie ? La société répond que réussir sa vie, c’est être de ceux dont parle la télé, occuper les places influentes. Jacques et Jean, très modernes, pensaient qu’ils réussiraient leur vie si, siégeant aux côtés du Roi, ils participaient au gouvernement du monde ! Et les autres disciples qui s’indignent de leurs prétentions en sont sans doute au même point : « Pourquoi eux, ils siègeraient, plutôt que nous ? »
            A la question : c’est quoi réussir sa vie ? Qu’est-ce qui fait la grandeur de l’homme ? Jésus répond : une vie réussie n’est pas l’ascension vers les honneurs, mais l’ascension vers plus d’amour : Le plus grand c’est celui qui sait le plus servir les autres. Jésus bouscule nos réflexes. Certains, embourbés dans les ornières des réussites mondaines, prendront la croix du Christ comme un scandale, un objet de répulsion. Mais Jésus la présente comme la vraie grandeur.
            Est-ce vraiment étonnant que le plus grand soit celui qui sert ? Evidemment non ! Dieu est très grand avant tout parce qu’il sert les hommes, qu’il leur donne grâce après grâce, qu’il donne le soleil et la pluie, la présence affectueuse de personnes, et la lumière de la foi, et le pardon de tous leurs péchés, et le goût d’être fraternel. Jésus a montré ce Dieu serviteur en prenant la place du dernier, de l’esclave qui lave les pieds. Le disciple de Jésus ne peut pas prétendre être grand d’une autre manière. Comme le Samaritain qui s’arrête près du blessé et le prend en charge, quiconque sert les pauvres, les frères, c’est lui qui est grand ; c’est lui qui réussit sa vie ; c’est lui qui réalise la vraie ambition que Dieu a mise en lui.
            Nous allons participer à l’eucharistie ; nous allons être en présence du Christ dont l’unique grandeur est d’être serviteur. Nous qui sommes baptisés, après avoir entendu Jésus qui dit « mon corps livré pour vous », allons-nous poursuivre le culte de notre supériorité ?
            Le culte de la supériorité aboutit à éliminer les autres, les maillons faibles, comme ça se passe dans le sport et tous les concours. Selon la société, le champion est celui qui élimine les autres. Jésus a eu l’ambition d’être champion, non pas en éliminant les faibles, mais en fortifiant les faibles, en rendant justes les pécheurs, en redonnant confiance à ceux qui ont raté. Bref, l’ambition de Jésus est de se mettre au service des autres. Nous qui allons participer au repas du Seigneur, allons-nous faire nôtre sa manière d’être champions ?
            Le Christ a eu l’ambition de montrer l’amour infini du Père. Qu’il nous donne l’ambition d’être serviteurs et serviteurs de tous ! Qu’il nous donne l’ambition de dire sur nous-mêmes « mon corps livré pour les autres » ! Qu’il nous donne l’ambition de lui obéir ! 

28ème dimanche du temps ordinaire
10 octobre 2021

Plusieurs pensées me sont venues en relisant ce récit

            D’abord, j’ai trouvé que l’homme qui vient vers Jésus est un homme très bien : fortune, morale, curriculum vitae impeccable, il n’a rien à voir avec les publicains plus ou moins voleurs que Jésus fréquente souvent. Peut-être estimons-nous que notre parcours est aussi impeccable ? Peut-être estimons-nous que l’Eglise devrait être faite de fidèles impeccables, et qu’on ne devrait pas y trouver des abuseurs d’enfants ?
            Effectivement, l’homme qui vient vers Jésus est remarquable : il obéit à tous les commandements de Dieu depuis sa jeunesse. Jésus est content de voir un homme qui se laisse conduire par la Parole de Dieu. La preuve c’est que « Jésus pose son regard sur lui et il l’aima ». Mais, de même qu’un médecin fréquente surtout des malades, de même Jésus fréquente surtout des gens qui n’obéissent pas aux commandements de Dieu. C’est parce que nous sommes tous plus ou moins malades que Dieu nous accueille et que Jésus nous fait signe amicalement.
            Mais revenons sur cette note « Jésus l’aima ». Aimer vraiment quelqu’un, c’est faire quoi ? La réponse à cette question est écrite dans l’évangile : Jésus l’aima et il lui dit « une chose te manque ». C’est comme si Jésus lui disait : « tu fais bien, mais tu peux faire encore mieux ». Vous parents, vous dites la même chose ; vous, les professeurs, vous dites la même chose : « tu fais bien mais tu peux faire encore mieux ». Aimer un enfant ce n’est pas faire de lui un roi, mais lui dire « tu as à progresser et tu peux progresser ». Progresser ! Le jeune homme n’est pas contre, puisque, mieux que la vie droite, il souhaite la vie éternelle.
            Une troisième idée m’est venue : Jésus dit à cet homme qu’il lui manque quelque chose pour être en bonne santé. C’est qu’il n’était pas en parfaite santé ; et ce qui le rendait malade, c’était qu’il avait en trop. Et le seul moyen de guérir quand on a trop, c’est de se délester. « va, vends tes biens, donne les aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel, puis suis-moi ». Cet homme était malade d’avoir le cœur attaché à ses biens, ligoté par ses biens.  ; il lui manquait d’être libre par rapport à son argent, à ses propriétés. Je suis sûr que nous sommes tous comme lui. Pour être en bonne santé, il faut que nous apprenions à conduire notre vie en ayant à l’esprit l’amour des autres et pas l’accumulation de l’argent et la sauvegarde de notre argent.
            Vous les jeunes, vous devez faire des études. A la fin de vos études, vous aurez des diplômes et j’espère que vous aurez un emploi et un salaire. Mais est-ce que le but de votre vie sera d’avoir un gros salaire ? Est-ce que l’argent sera votre trésor ? Je souhaite que vous ayez la sagesse d’avoir un autre trésor que l’argent 
            Une personne a un vrai trésor quand elle aime et qu’elle est aimée. Vous, les enfants, vous avez un vrai trésor parce que vous avez avec vos parents et vos éducateurs une belle relation de confiance. Nous avons un vrai trésor parce que nous recevons de Jésus un amour sans limite. La première lecture disait que la recherche de la relation d’amour, c’est cela la sagesse.
            Nous allons conclure ; chacun se pose cette question : que vais-je faire de ma vie ? que vais-je faire de mon temps libre ? qu’est-ce qui sera mon trésor ? Certains vont peut-être dire : je vais faire en sorte de gagner de l’argent pour moi ; d’autres vont dire : si je gagne de l’argent, je vais essayer de mettre mes moyens au service des autres ; d’autres vont dire : Jésus est le trésor parce qu’il ne fait qu’aimer, je vais me mettre à son service, comme prêtre, ou religieuse ou bénévole… Demandons à Dieu le vrai trésor

            Seigneur, je te demande d’être en bonne santé, mais aussi de vivre en paix.
            Je te demande d’avoir de quoi vivre, mais aussi d’aider les autres à vivre
            Je te demande la sagesse de me conduire comme ton enfant.

27ème dimanche du temps ordinaire
3 octobre 2021

Si Dieu dit : « il n’est pas bon que l’homme soit seul », c’est que Dieu sait que chacun a besoin d’entendre une autre voix lui dire « je t’aime » et a besoin de répondre « je t’aime ». Alors, toute personne qui, du fond du cœur, dit « je t’aime » se situe dans le domaine du Saint Esprit. Même si les textes d’aujourd’hui parlent du mariage, je dis « toute personne », car je tiens à ne pas oublier les couples non mariés, ni les célibataires qui, sous un autre mode que le mode conjugal, disent « je t’aime, j’entends tes appels, tu comptes à mes yeux ». Que vous soyez ou non sous le régime du mariage, chaque fois que vous dites un « je t’aime, tu comptes pour moi », le Saint Esprit est là.
            Disons : « Esprit Saint, tu es là quand on me dit « je t’aime »
                             Esprit saint, tu es là quand je dis « je t’aime ».

            Il y a mille raisons pour lesquelles les « je t’aime » sont très beaux. La principale est peut-être celle-ci : ils entretiennent l’espérance. En effet, les « je t’aime » font vibrer, chez tous, le désir de voir le jour où l’humanité cessera de brandir les armes, le jour où plus personne ne dira « je veux te détruire », ou seulement « je t’ignore » ; le jour où chacun dira « tu es précieux pour moi ; je me réjouis de ce qui te réjouit ; j’ai mal parce que tu as mal ». Vous les mariés, vous êtes des pionniers sur ce chemin là parce que vous indiquez la relation juste. Et on comprend pourquoi le mariage est un sacrement, c’est à dire un signe de Dieu : c’est parce que Dieu est au cœur des « je t’aime » échangés entre époux et en famille
            Les gens mariés, qui vivent un mariage affectueux, sérieux, fidèle, sont comme un tabernacle de la présence de Dieu. Disons : « merci de faire ta demeure dans les couples »
            Alors des pharisiens demandent « Est-il permis de renvoyer sa femme ? ». Des mariés affectueux, sérieux, fidèles – qui n’ont pas le cœur endurci – ne se posent pas cette question. Ils n’imaginent pas qu’après avoir dit à quelqu’un « je t’aime », ils puissent lui dire « je ne t’aime plus, tu n’existes plus pour moi » ? Indépendamment de la religion, les personnes qui ont entendu « je ne t’aime plus » connaissent une déchirure terrible, affreuse.
            Le contraire du cœur qui dit « je t’aime », c’est le cœur endurci, le cœur qui fait comprendre qu’il ne se dérange pas pour l’autre, que l’autre n’existe plus pour lui. Et c’est parce que l’enfant n’a pas le cœur endurci que Jésus le met au milieu. Disons « garde-moi d’avoir le cœur endurci »
            Deux idées pour terminer. La première, c’est que les ‘je t’aime’ sont missionnaires : Si vous vous aimez bien, les gens vont dire « c’est ça qui vaut la peine d’être vécu » (c’est missionnaire d’indiquer ce qui conduit au bonheur) ; et si vous vous aimez bien, les croyants vont dire « Dieu est là, puisqu’un vrai amour est là » (c’est missionnaire d’indiquer où est Dieu). La seconde idée, c’est que, sûrement, les relations des hommes avec Dieu se passent comme les relations en couple. Dans les deux cas, parfois ça tangue ! De même que l’époux ne répond pas totalement à l’amour de son épouse comme elle le souhaiterait ( et inversement), de même l’homme ne répond pas à l’amour de Dieu comme Dieu l’aimerait. Dieu a mille motifs d’être déçu ; pourtant il continue de nous aimer. La preuve, c’est qu’il dit : « mon corps livré pour vous ». Vous qui dites « je t’aime », vous avez eu quelque déception mais vous passez outre et vous continuez de dire comme Jésus « ma vie livrée pour toi ». Et vous sentez que votre vocation est d’être fidèle à votre union comme le Christ est fidèle à son union avec l’Eglise. Ici, à la messe, nous faisons mémoire du « je t’aime » que le Christ dit à une humanité qui le torture sur un calvaire qui dure des millénaires. Admirons la fidélité du Christ et disons ensemble : « Christ fidèle, rends-moi fidèle »

26ème dimanche du temps ordinaire
26 septembre 2021

Après la 1ère lecture  
Moïse avait organisé une réunion où les anciens du peuple devaient recevoir l’Esprit. Or des hommes qui n’étaient pas présents à la réunion ont vraiment reçu l’Esprit puisqu’ils prophétisaient. Ce récit est propre à nous aider à croire en l’action de Dieu. Car nous sommes tentés de dire que, dans le monde, Dieu ne donne son Esprit qu’à ceux qui sont baptisés, et que, dans l’Eglise, Dieu ne donne son Esprit qu’à ceux qui appartiennent à la hiérarchie. Mais, puisque des gens qui ne sont pas des ministres ordonnés ont une sainteté incontestable, et puisque des gens qui partagent pas notre foi ont une attitude parfaitement conforme à Jésus, nous sommes conduits à faire cette profession de foi : « Seigneur, ton esprit est comme le vent ; il souffle où il veut et il ne connaît pas de frontière. » Frères et sœurs baptisés et confirmés, apprenons tous à contempler le Saint Esprit à l’œuvre en toute personne, apprenons à louer Dieu qui parle à tout homme, invitant celui-ci à faire la paix avec son voisin », celui-là à aider celui qui a de la peine ». Dieu a mis sa loi d’amour en toute personne ; et toute personne se réjouit d’obéir à la loi d’amour.


Après l’évangile
Je confesse devant vous qu’à la lecture de cet évangile, j’entends un appel à me convertir. L’évangile – comme la 1ère lecture – dit que le Saint Esprit est libre d’agir comme il veut, et de prendre pour collaborateurs qui il veut, éventuellement des non chrétiens. Je ne le conteste pas, car je contemple souvent la présence du Christ ressuscité chez des personnes qu’on ne voit jamais dans les églises. En effet, en lisant le journal tous les matins, je constate que ceux-ci se préoccupent bénévolement de jeunes, que ceux-là entourent affectueusement les personnes âgées, et que ceux-là travaillent à réconcilier, que ceux là promeuvent la justice…
            Mais, ayant à exercer le ministère de l’unité dans l’Eglise, je vois des gestes d’exclusion : est-ce qu’agit vraiment pour le Christ le groupe qui dit « notre groupe est plus chrétien, plus fervent, fait un meilleur catéchisme, a une liturgie plus authentique… »? Est-ce que quelqu’un qui met à mal l’unité de l’Eglise travaille pour le Christ ? Jusqu’à quel point peut-on prôner une conception du rôle de l’Eglise et un autre regard sur le monde autre que celui … sans mettre à mal l’unité du corps du Christ ? Bref, je trouve que le ministère de l’unité dans l’Eglise revêt une réelle difficulté : comment ne pas tout bénir sans discernement ? comment ne pas être intolérant ni sectaire ? Comment veiller sur la foi authentique et respecter la liberté de l’Esprit saint ?
            Comment situer la frontière entre ceux qui n’étant pas de chez nous sont pour nous, et ceux qui étant de chez nous sont contre nous ? Je viens de parler de frontière, et ce mot fait venir en tête le propos du pape selon qui il ne faut pas se comporter comme des douaniers qui décident qui possède le visa pour entrer !
            Jésus a une largeur de vue admirable. Son Esprit peut passer par des canaux qui nous étonnent. On chante cette pensée à la Pentecôte : «l’Esprit du Seigneur remplit l’univers ».     La fin du paragraphe de l’évangile attire l’attention sur le fait que notre comportement peut scandaliser des frères : hélas, des scandales affectent notre Eglise. Jésus montre une extrême sévérité envers ceux qui ne mettent pas en accord leur profession de foi et leur vie ; mais qui a parfaitement réussi à le faire ? Qui n’a jamais donné un mauvais témoignage ? Nous n’avons qu’une chose à faire : nous en remettre à la seule bonté du Christ… Il est mort pour nous ! donnons lui notre confiance. 

25ème dimanche du temps ordinaire
19 septembre 2021

Voilà la question qui hante tout le monde : Qui sera le premier ? Les compétitions sportives, le classement des lycées, l’audimat… partout, au lieu que les gens aient l’objectif d’être meilleurs que ce qu’ils étaient la veille, ils ont pour objectif d’être supérieurs aux autres. Donc dans notre monde d’ambitieux, le premier, c’est le plus fort, le plus intelligent, le plus riche, le plus malin… Celui qui dirait autre chose ferait tache. Jésus, inévitablement fait tache : pour lui le premier n’est pas celui qui domine mais celui qui sert.
            Notez que Jésus a été tenté d’être celui qui domine : sur une haute montagne le démon lui avait dit « tu pourrais dominer sur tous les royaumes ; il suffit que tu te prosternes devant moi ». Frères, le Christ a voulu être le meilleur non pas en dominant, mais en se mettant aux pieds des disciples et en leur lavant les pieds. Il a voulu être le meilleur en prenant sur lui les péchés des autres. Le Christ n’a pas l’ambition d’occuper la place d’honneur : il se met à nos pieds, à notre service, parce qu’il considère que les hommes – y compris les pécheurs – sont plus importants que lui-même… En entendant « mon corps livré pour vous », voyons bien où Jésus place son ambition : dans ce monde de dominateurs, de prédateurs, il a l’ambition d’être au service, d’aider les gens à vivre, quoi qu’il lui en coûte.
            Cette attitude de Jésus irrite parce qu’elle bouleverse l’échelle des valeurs. Le livre de la sagesse rapporte ce que les gens pensent de ce Jésus serviteur : « le juste nous contrarie, faisons-le mourir ». Effectivement, Jésus par sa fidélité met en évidence nos infidélités ; par son pardon, il met en évidence nos rancunes. Alors c’est quoi croire en Jésus ? C’est avouer que, bien qu’il critique nos choix, en l’occurrence le désir de dominer, c’est lui qui fait le bon choix en décidant de s’abaisser.
            Et d’après saint Jacques, nous serons dans le malheur tant que nous n’aurons pas remplacé l’ambition de passer avant les autres par l’ambition de les valoriser comme des frères. Attention, saint Jacques ne dit pas qu’il faut se dévaloriser, mais qu’il faut valoriser les autres. Et st Paul dit même, que nous aurons toujours une dette envers les autres, celle de les valoriser.
            Peut-on dire que puisqu’une personne a une conduite honorable, c’est une bonne chrétienne ? Peut-on réduire la foi à une morale ? Je ne le crois pas, parce qu’il y a des gens qui n’ont pas notre foi mais qui ont une conduite très honorable. La foi chrétienne demande au chrétien de mettre au centre la personne de Jésus ; de prendre la personne de Jésus comme référence de tout ; il s’agit d’être en phase le plus possible avec celui qui nous a tant aimés. Et notre foi n’est plus qu’un vernis quand nous ne sommes plus en phase avec Jésus, quand nous ne disons pas comme lui : « mon corps livré pour les autres ».
            Aujourd’hui comme à l’époque de la Bible, à tout moment, il y a devant chacun, deux chemins : le chemin du serviteur (ce chemin valorise les autres et conduit vers la paix, la miséricorde, …) et le chemin du dominateur qui veut être le premier, le chemin de la jalousie et de l’orgueil qui conduit vers la discorde, la guerre, la misère des faibles, le terrorisme
            Nous avons tous à commander dans tel ou tel cercle ; dans la famille, dans une association, une entreprise… Souvenons-nous : commander ne donne qu’un seul droit, celui de se dévouer davantage. Dans la liturgie de l’ordination des diacres, il est dit ‘servir, c’est régner » 
            Il prit le pain, il le rompit et le donna, en disant « comme je vous donne le pain, je vous donne ma vie ». Voilà les gestes du serviteur ; à nous de prendre le pain (c’est à dire ce qui fait vivre) et de l’offrir aux autres. 

24ème dimanche du temps ordinaire
12 septembre 2021

Jésus sait très bien qui il est, puisqu’il affirme « je suis… la vigne, le pain vivant, le bon berger ». Mais il demande ce qu’il est pour les gens : « est-ce que je compte pour les gens? est-ce que je compte pour vous ? ». Jésus demande à chacun : « Tu es baptisé ; à quel point est-ce que je compte pour toi ? quelle place est-ce que je tiens dans ton quotidien ? » Oui, dans le quotidien, dans le contexte le plus profane ; car vous avez repéré que Pierre n’a pas fait sa profession de foi dans un lieu de culte, mais « chemin faisant », dans une région païenne lorsqu’il marchait à proximité d’une ville dont le nom est évidemment non juif : Césarée de Philippe.
            Donc je fais ma profession de foi, je dis la place que Jésus tient dans ma vie courante, chemin faisant, à tout moment, quand je m’exprime sur la délinquance, sur le respect de chacun, sur les gens dans le besoin, sur les migrants à accueillir etc… Selon que je parle de mes frères avec mépris ou avec respect, je peux mesurer quelle place tient dans ma vie celui qui n’a que de l’amour pour les autres ; selon que j’ose passer au plus bas pour valoriser les autres, je peux mesurer quelle place tient en moi ce Jésus qui est passé au plus bas. Vous voyez que Jésus ne demande pas « sais-tu comment le catéchisme parle de moi ? » ; mais « pour toi qui as été baptisé, qui suis-je ?».
            C’est comme s’il demandait « Pourquoi vas-tu à la messe ? Pourquoi ne cours-tu pas après un haut salaire? Pourquoi ne te décharges-tu pas de ta vieille mère en la plaçant dans un EPHAD ?… »
            Frères et sœurs, vous voyez que notre conduite dit qui est Jésus pour nous.
            Mais, vous l’avez entendu, Jésus se mit à enseigner qu’il fallait qu’il souffre beaucoup, qu’il soit rejeté, tué. Du coup, la question est celle-ci : Dans ma vie, quelle place tient Jésus dont la croix a été tracée sur moi lors de mon baptême ? Je saurai répondre à cette question en évaluant si je suis ou non bouleversé quand je pense qu’il ne s’est pas dérobé mais est allé au bout de sa décision d’aimer qui, comme toute décision d’aimer entraînait des souffrances… : Je saurai répondre à la question de la place qu’occupe le Crucifié dans ma vie, en observant quelle place je fais au don de moi-même ; est-ce que, tous les matins, je prends ma croix, c’est à dire ma charge d’amour, de fidélité, de pardon… pour la distribuer ? Je saurai répondre à la question de la place du Christ qui a donné sa vie quand je regarderai si, comme lui, je donne ma vie. Inutile de dire « je crois au Christ crucifié, si je ne cherche que des plaisirs et des avantages.
            Quelle place tient Jésus qui veut rassembler en un seul corps tous les hommes ? J’en prendrai la mesure en observant si je suis un homme du rassemblement, ou si j’élève des barrières entre les gens …
            Quelle place Jésus tient-il dans ma vie de baptisé participant à l’eucharistie du Christ qui donne sa vie ? Je saurai répondre à cette question si je constate que je consens à dire « mon corps livré ».
            Qui est Jésus de Nazareth ? Vous voyez que la réponse du dictionnaire est sans intérêt. Le dictionnaire dit « Jésus, fondateur du christianisme ». Est-ce que le Christ n’est pas surtout celui qui nous convertit, celui qui nous fait éprouver la joie de prier filialement ; celui qui nous fait éprouver la joie  d’être fidèle jusqu’à la mort quoi qu’il en coûte… Qui es-tu Jésus, toi qui dis « mon corps livré » ?

23ème dimanche du temps ordinaire
05 septembre 2021

Frères et sœurs, vous savez que la Bible fait la guerre aux idoles. Elle décrit avec ironie les dieux païens représentés comme des statues, comme des morts ; je cite : « les idoles ont des oreilles et n’entendent pas, une bouche et ne parlent pas » A quoi le psaume ajoute « ceux qui font les statues des idoles muettes et sourdes, qu’ils deviennent comme elles, sourds et muets ! ».
            Que les idoles empêchent d’entendre et de parler, c’est évident : L’idole « je, moi » empêche d’entendre les joies et les peines des autres et empêche de dire la parole qui valorise les autres ; l’idole « argent » empêche d’entendre les plaintes que créent les injustices et empêche de dire la parole qui valorise les pauvres. Sans Jésus, nous sommes comme des statues mortes qui n’entendent pas et ne parlent pas ; et nos fermetures s’apparentent à la fermeture du tombeau !
            A l’opposé des idoles, notre Dieu écoute les rires et les détresses des hommes, et il parle aux hommes ; si l’on peut dire, Dieu a des oreilles et une bouche». Et en plus il donne aux hommes d’écouter et de parler. C’est pourquoi, quand les prophètes annonçaient le messie, il disaient (c’est la première lecture) « Quand le Seigneur viendra, s’ouvriront les oreilles des sourds, et la bouche du muet criera de joie ». Cela veut dire 1. que si Jésus fait entendre les sourds et parler les muets, il est bien le Messie, Emmanuel, Dieu avec nous ; cela veut dire 2. qu’avec Jésus, le Dieu d’amour et de vie prend sa revanche sur les idoles qui enferment les hommes en les rendant muets et sourds. Oui, quand nous disons que Jésus est le sauveur des hommes, nous disons qu’il ouvre les hommes comme il a ouvert le tombeau ; qu’il leur donne d’avoir des oreilles capables d’écouter Dieu et les hommes, et une bouche capable de parler des hommes à Dieu et de Dieu aux hommes. Avec Jésus, nos oreilles sont ouvertes pour entendre les paroles de Dieu et les paroles des hommes et notre bouche est ouverte pour parler à Dieu des hommes et pour parler aux hommes de Dieu.
            Le résumé de toutes les paroles de Jésus est très court : « ouvre-toi ». Et toutes les paroles que l’Eglise adresse reviennent à ceci : « ouvre toi ». Des étrangers sont là, ouvre-toi ; un appel t’est adressé, ouvre toi ! Ton conjoint te dit quelque chose qui te contrarie, ouvre-toi ; ton fils désire que tu lui parles, ouvre-toi…
            Il y a un gros bénéfice à retirer du conseil de Jésus. Si je m’ouvre à la parole de miséricorde, je ne parlerai plus en condamnant, mais en encourageant. Si je m’ouvre à la parole du serviteur, je saurai écouter Dieu comme un serviteur écoute son maître, et je saurai écouter les autres qui sont mes maîtres. Si je m’ouvre à la Parole du Crucifié, je comprendrai les autres qui ont leurs souffrances, et je m’émerveillerai d’entendre Jésus dire ‘je t’aime à mourir’.
            Le salut est une ouverture ; si nous laissons le Christ ouvrir nos cœurs aujourd’hui, nous l’invitons à ouvrir plus tard notre tombeau. Le salut commence quand, cessant d’être sourd, on écoute la parole et quand, cessant d’être muet, on proclame la foi, l’espérance et la charité.
            Dans notre diocèse, 500 personnes ont participé à l’opération « Lourdes chez nous ». Ce qui caractérise Marie c’est son ouverture totale au Saint Esprit, de sorte qu’elle entend la Parole de Dieu et elle donne aux hommes La Parole, le Christ. Comme elle, comprenons que la seule manière d’être homme, c’est de nous « ouvrir » et de faire confiance à un autre que moi. Frères et sœurs, le Seigneur est à votre porte et il frappe à votre porte, et il attend que vous lui ouvriez. Puissions-nous répondre « Seigneur Jésus, nous attendons ta venue, nous t’ouvrons la porte de nos vies ».

22ème dimanche du temps ordinaire
29 août 2021

Après la 1ère lecture
Savourons en les redisant, quelques-unes de ces précieuses paroles :
            Mes commandements seront votre sagesse et votre intelligence  
            Quel décret est aussi juste que la Loi de Dieu ?
            Quel décret est aussi sage que la Loi d’amour ?

            Donne-nous, Seigneur, de pratiquer ta Loi

Après l’évangile :
Vous l’avez entendu : saint Matthieu ne parle pas de ceux qui vivent sans Dieu ; il parle des croyants les plus assidus, de ceux qui sont les plus fidèles à dire leur prière, de ceux qu’à l’époque on nommait les scribes et les pharisiens. Saint Matthieu parle aussi des baptisés qui, au commandement de Dieu, substituent des usages humains. N’y a-t-il pas des baptisés qui remplacent Noël en fête des cadeaux et de la gastronomie ; à l’épiphanie, des baptisés qui s’intéressent plus aux galettes qu’à l’attrait que le Christ de paix et de justice exerce sur les païens ; à la Chandeleur, des baptisés qui négligent le Christ Lumière mais pensent aux crêpes ; et des baptisés qui tiennent au dimanche, non pas parce que c’est le jour de la résurrection, mais parce qu’on peut faire la grasse matinée ou qu’on peut faire du sport ou des randonnées. Oui, nous les baptisés, il se peut que nous honorions Dieu des lèvres mais que notre cœur soit loin de lui. J’aurais beau respecter les usages liturgiques, si je n’ai pas l’amour, je ne suis qu’une peau de tambour.

            Frères et sœurs, il se peut que nous soignions l’apparence sans ajuster notre vie aux commandements de Dieu. …. Ce souci du paraître est si dangereux que, chaque mercredi des cendres, pour lancer le carême, l’Eglise fait entendre ceci : « quand tu pries, fais-le discrètement ; quand tu fais l’aumône, fais en sorte que personne ne le sache ; quand tu jeunes, ne fais pas de publicité ». Comprenons que les comportements les plus beaux risquent d’être pollués, détériorés, ruinés par le souci du paraître, le désir d’être applaudi. Sachant ce danger, disons ensemble « Seigneur garde moi de l’hypocrisie »
            Saint Matthieu rapporte que ses contemporains parlent de la nécessité de se laver les mains (pas seulement pour éloigner le Covid, mais parce qu’on ne mangeait pas chacun dans son assiette avec une fourchette, mais tous les convives se servaient dans le même plat avec la main). Et st Matthieu rapporte que ses contemporains juifs devaient aussi se laver quand ils avaient touché un non juif ou un pécheur, ce qui arrivait chaque fois qu’ils allaient au marché. On voit que derrière cette prescription de se laver au retour du marché, il y a l’idée que les autres nous salissent, nous polluent…
            Jésus approuve l’usage d’une douche, il précise qu’elle ne lave que l’extérieur de la personne mais pas son intérieur sali, pollué par des pensées méchantes, des jugements injustes, des paroles qui détruisent. Notre intérieur étant sali, il faut qu’il soit lavé, recréé par l’intervention du Dieu créateur. L’apocalypse dit que les saints martyrs sont lavés non par l’eau d’un robinet, mais dans le sang de l’Agneau ! Frères et sœurs, nous venons justement à la messe pour nous laver dans le sang de l’Agneau : seul l’amour infini du Christ fait que si nous sommes rouges comme le vermillon, nous devenons blancs comme la neige. Voyez comme il nous faut faire attention et adorer celui qui a dit « mon sang versé pour vous ».           Jésus n’oblige pas ses disciples à faire les ablutions au retour du marché, parce que, dit-il, les autres ne nous rendent pas impurs. Sûrement, le refrain des avocats est celui-ci « mon client a été déformé par son environnement ; il n’est pas responsable ». Bien sûr des pressions fortes et insidieuses s’exercent sur nous ; mais il ne suffit pas que je quitte un environnement violent pour que je ne sois plus jamais violent. Il ne suffit pas que j’arrête de fréquenter tel orgueilleux pour que je ne sois plus orgueilleux. Je deviens impur non par ce qui vient de l’extérieur, mais le fait que je consente à ce que ça entre dans mon cœur. Or si j’entends des paroles racistes, il arrive que je consente à ce qu’elles entrent en moi ; si le matérialisme fait sa pub, il arrive que je consente à ce que ça entre en moi.              
            Nous disons. «Délivre nous du mal (auquel nous consentons), prends pitié de nous  Et, à la messe, le Christ dit à son peuple « votre péché a beau être grave et chronique, vous avez beau être hypocrites, moi je donne ma vie pour que vous sortiez de cette ornière et que le Père puisse aimer en vous ce qu’il aime en moi ». Réjouissons-nous ! Jésus, l’homme est envoyé par le Père pour donner à l’homme sa pureté. 

21ème dimanche du temps ordinaire
22 août 2021

Après la 2ème lecture  
            Six mots ont fait sursauter toutes les dames et quasi tous les messieurs : « femmes, soyez soumises à votre mari ». Ces six mots font forcément problème à notre époque, et il faut que je dise quelques mots pour que nous les comprenions mieux. Saint Paul a les yeux en permanence sur le Christ en croix. Il développe l’idée que Dieu aime l’humanité mieux qu’un homme aime sa femme ; en effet, s’il est vrai qu’un homme donne sa vie pour son épouse qui est aimable, et s’il est vrai qu’une épouse donne sa vie pour son mari qui est aimable, il est vrai que le Christ donne sa vie pour l’humanité alors qu’elle est loin d’être toujours aimable. Autrement dit, on doit regarder l’amour humain comme une image qui doit se rapprocher autant qu’elle peut de l’amour de Dieu tel qu’il s’affiche sur la croix. Et l’Eglise est soumise au Christ, non pas parce qu’elle le prend pour un chef tyrannique, mais parce qu’elle voit qu’il lui donne un amour infini : aussi quand saint Paul parle de soumission au Christ, et de soumission à son époux, il parle d’admiration éblouie. Si saint Paul dit que le Christ est la tête de l’Eglise, ce n’est pas parce que l’humanité doit être soumise servilement au Christ, mais parce qu’elle admire son Seigneur tout occupé à la servir. Alors cette relation où l’un admire l’amour de l’autre, Paul la transpose dans le mariage : entre époux et épouses, il n’y a pas de tyrannie, mais le réflexe du service mutuel, à l’image du Christ qui s’est livré pour son Epouse, l’Eglise. J’ai dit ‘service mutuel’ car il y a la réciprocité ; St Paul : « par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ». Ceci est une règle fondamentale dans les couples ; si seulement c’était une règle fondamentale entre tous les paroissiens !

Après l’évangile :
Vous avez entendu ? Quand Jésus fait l’homélie, la réaction des gens est de s’écrier : « ce qu’il dit est intolérable » et beaucoup lui tournent le dos. Des 5000 hommes qui acclamaient Jésus après la multiplication des pains, il n’en reste quasi que 12 à qui Jésus dit avec son infini souci de liberté : « voulez-vous partir vous aussi ? ». Tirons une première conclusion : si nos contemporains tournent le dos à l’évangile et à la messe, ce n’est pas parce que les catéchistes sont mauvais ou que les homélies sont nulles, puisque que quand le catéchisme est fait par Jésus, le meilleur catéchiste, les gens lui tournent le dos.
            La difficulté d’aujourd’hui est la même qu’au temps de Jésus : Jésus la diagnostique en disant « mes paroles vous scandalisent ». La foi est choquante. Jésus et l’Eglise choquent quand ils demandent de renoncer à ses réflexes égoïstes pour adopter la loi du don de soi ; ils choquent quand ils disent que la sagesse est de faire confiance ; l’homme formaté par les plaisirs et les loisirs est choqué quand on lui dit de prendre sa croix, de mourir à lui-même. Tirons une seconde conclusion : L’Eglise sera toujours un corps étranger qui subit le rejet et soulève les protestations. On comprend que soit mal reçue une Eglise qui annonce la nécessité de faire passer l’homme avant la finance, l’avantage de l’autre avant son propre avantage, qui demande de se convertir… 
            Rendons grâce, car l’Esprit saint a donné au peuple immense des baptisés de n’être pas heurtés par les exigences de l’évangile. Ils sont en effet innombrables ceux qui disent avec Pierre : « Je ne veux pas te quitter ; à qui d’autre pourrais-je aller ? Toi seul as donné ta vie pour moi ! toi seul me fais une confiance absolue en me donnant ma vocation ! toi seul avec ton amour, ton respect, ton pardon, ton sens de la justice… es la base de la société ! Toi seul tu dis ce qui fait grandir l’homme, ce qui soude la famille humaine, ce qui conduit à la vie ».            
Tirons une troisième conclusion : il faut adapter notre vie à notre profession de foi. Nous ne pouvons pas dire à Jésus « je t’aime p’être bien que oui, p’être bien que non ». Nous ne pouvons pas dire, lors de la nuit pascale : « je renonce à Satan », et continuer de pactiser avec ce qui déshumanise et asservit : l’égoïsme, la jalousie, l’injustice, la violence, le mensonge, la mort. Puisque qu’il n’y a que Jésus qui soit lumière, paix, joie, fidélité, vers qui d’autre irions-nous ? Professons la foi en celui hors de qui il n’y a pas de paix, sans qui il n’y a pas de joie, sans référence à qui, il n’y a pas de justice.  JE CROIS EN DIEU……

Assomption
15 août 2021

Après la 1ère lecture
Vous avez peut être trouvé curieuse cette lecture. Une femme qui accouche, un dragon qui veut dévorer l’enfant… Qu’est-ce que cela veut dire ? Et pourquoi avoir choisi un tel texte pour l’Assomption ? Moi, je reçois ce texte comme une description de ce qui est quotidien : une femme qui accouche, c’est un événement d’espérance ; or, le démon s’active pour faire capoter les événements d’espérance, comme le dragon s’apprête à dévorer le nouveau-né. Dès que naissent nos désirs de paix ils se heurtent à la férocité de quelques-uns. Dès que l’on voudrait rétablir des liens dans des familles brouillées, quelqu’un proteste. On entend qu’il faut lutter contre le réchauffement du climat et on constate que le démon des intérêts financiers s’y oppose. Des chefs d’état ont reçu le prix Nobel de la paix pour avoir tenté de mettre fin au conflit palestinien et il semble que le démon a voulu qu’il ne reste rien de leurs accords. Bref, tout ce qui naît et serait porteur d’espérance est ainsi exposé au dragon du mensonge, de la violence, de la perversité…et nous pourrions perdre toute espérance. Or le 15 août qui est une sorte de Pâques en été, empêche l’espérance de sombrer. Pâques, permet d’espérer la victoire de l’humanité, l’assomption dit que Marie bénéficie de cette victoire. Je trouve que ce texte dit bien le message de l’assomption.


Après l’évangile.
            Notre 15 août, comme Pâques, est la fête de l’espérance ; Marie, c’est la dame de l’espérance. Petite fille fraîche et vulnérable, elle avait laissé le Saint Esprit imprimer dans son cœur que la fidélité de Dieu serait plus tenace que l’obstination du démon. Même les jours où elle a dû fuir Hérode le massacreur des innocents, même les jours où elle a appris que les chefs cherchent à tuer son fils, même le jour où elle l’a vu pendu par des clous à une croix,…  elle a cru à l’accomplissement des paroles qui lui avaient été dites de la part du Seigneur. Grâce à cela, elle a traversé l’horreur et elle est parvenue à la résurrection.
            La fête de l’assomption nous redit qu’à notre époque, la seule méthode pour traverser les difficultés de la vie, c’est la méthode de Marie : croire que s’accompliront les promesses de Dieu. Dieu s’est engagé envers nous… et envers le monde. Ce qu’il a fait pour Jésus à Pâques, il l’a fait pour Marie à l’assomption, il le fera pour tous : il libèrera la création du péché et de la mort ; il essuiera les larmes de tous les visages, il réconciliera tous ceux qui n’ont pas trouvé le moyen de mettre fin à leurs querelles…Il fera un règne de justice d’amour et de paix

            Frères, il y a dans notre village, dans notre rue, des Marie, des gens qui croient que Dieu est fidèle, des gens d’espérance. C’est étonnant ! Ne trouvez-vous pas miraculeux qu’en voyant tout ce qu’on voit, des gens continuent à dire que tout n’est pas fichu ? Comme Marie, ils laissent le Saint Esprit imprimer dans leur cœur la fidélité de Dieu… Comme Marie, ils rendent au monde le plus beau service, le service de l’espérance… La seule question que je me pose : qu’est-ce que je laisse imprimer dans mon cœur : la fidélité de Dieu ou les dents du dragon ? Est-ce que je regarde les hontes du monde en ayant en tête la phrase « courage j’ai vaincu le monde » ou est-ce que je les regarde avec accablement en disant « le mal aura le dernier mot » ?             La messe, chaque semaine sert à tenir devant nos yeux le repère de la fidélité de Dieu.
Marie en son assomption nous montre qu’il est sage de croire à la fidélité et à l’alliance de Dieu. Dans notre cœur, disons à Dieu que nous croyons à l’accomplissement de sa promesse.

19ème dimanche du temps ordinaire
8 août 2021

Multiplication du pain… Après ce geste de Jésus, les commentaires vont surabonder dans toutes les églises. Et c’est la Parole qui est multipliée. Multiplication des paroles de salut qui sont une vraie nourriture, multiplication des paroles de l’alliance qui alimentent notre confiance et notre espérance !
            Frères et sœurs, il faut bien l’avouer, le chemin de notre vie est long et pour tenir le coup, il faut nous alimenter à la table du Christ, pour recevoir la nourriture essentielle. En famille c’est souvent difficile ; il faut donc, en permanence, revenir à la table du Christ afin de refaire le plein de vitamines pour alimenter notre patience, notre abnégation, et notre pardon pour vivre en famille. Les relations avec les voisins et collègues peuvent être aussi difficile : il faut revenir à la table du Christ pour nous alimenter afin de rester sur le mode de la patience, de la bienveillance, du service mutuel… ; sans la nourriture qu’est la présence du Christ, les relations avec les autres s’aigrissent par les rivalités, les jalousies, les injustices. Il faut refaire le plein de vitamines aussi quand nous pensons aux années à venir, aux ennuis de santé, aux doutes liés aux épreuves, aux changements auxquels il faudra se plier, aux meurtrissures qui viennent avec l’âge… Nous avons besoin de nous alimenter de toute la confiance au Père qui est en Jésus. Alors écoutons cette parole pleine de délicatesse que Dieu disait à Elie : « mange, autrement le chemin sera trop pénible pour toi ». Et disons avec reconnaissance
            « Jésus Christ, tu es le pain de la vie »
            « Jésus, tu es la nourriture de ma vie »

           
Les professionnels de la santé mettent en garde contre l’auto médication. De même Jésus met en garde contre les nourritures qui ne nourrissent pas et, comme un bon médecin, nous demande de respecter l’ordonnance : « si quelqu’un mange de mon pain il vivra ; sinon, il n’aura pas la vie en lui ». N’a-t-il pas raison ? Pour guérir des médiocrités, des trahisons, des infidélités, on ne trouve aucun remède dans les magasins ; le seul remède consiste à absorber les richesses de l’unique homme sans malversation, ni trahison, ni infidélité… l’homme venu du ciel.
            Je parle d’ordonnance, parce que l’eucharistie est une opération de guérison : ne prions-nous pas ainsi : « dis seulement une parole et je serai guéri ? » Avez-vous noté que ce qui guérit, c’est la Parole. Isaïe l’avait dit : « ils seront tous instruits par Dieu lui-même ». La parole de la Bible fait vivre autant que les paroles humaines. Ainsi, l’enfant vit autant de s’entendre dire « mon chéri » que de prendre son biberon et de manger des tartines. De même, les ‘je t’aime’ de l’époux et les paroles d’estime des collègues sont une nourriture indispensable. A plus forte raison, la parole selon laquelle nous sommes choisis par Dieu, attendus par Dieu, collaborateurs de Dieu… nous fait vivre autant que nos beefsteaks. Que chacun savoure cette parole : ‘« le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi, alors que j’étais pécheur ». Rendons grâce en disant : « Ta Parole nous donne la vie »

            Que chacun savoure cette parole : « si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement »… Rendons grâce à disant : « Jésus, tu es le pain vivant descendu du ciel »

18ème dimanche du temps ordinaire
1er août 2021

Frères et sœurs, nous venons d’entendre ce conseil de Jésus : « travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ». Chacun travaille pour vivre et faire vivre sa famille. Saint Paul écrit même aux chrétiens de Thessalonique que « celui qui ne veut pas travailler n’a pas le droit de manger ». Si manger est essentiel (les personnes qui ont vu de près des anorexiques le diraient mieux que moi), travailler pour manger est donc essentiel. Mais manger quoi ? Selon une formule qu’on dit volontiers : « qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui ? » ; quelle est notre nourriture ?
            Jésus dit qu’il y a de la nourriture qui se perd. Il ne parle pas seulement de la nourriture qu’on gaspille et qu’on jette (nous le déplorons nous aussi). Il parle de la nourriture dont le bienfait n’est que très provisoire, de la nourriture qui ne rassasie pas, puisque chaque jour, cuisinières et cuisiniers passent des heures à préparer des plats qui devront être remplacés par d’autres, 6 h plus tard. En revanche, Jésus révèle qu’il une nourriture qui demeure en vie éternelle.

            Quel est ce pain que nous ne trouvons pas dans les supermarchés mais que nous venons chercher à l’église ? C’est ce pain dont il dit « prenez, mangez ; si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme vous n’aurez pas la vie ». Devant ce pain de l’eucharistie, nous nous interrogerons toujours comme les gens devant la manne, en disant : « qu’est-ce que c’est ? » Bien sûr le catéchisme répond : c’est le corps du Christ. Mais cette réponse sera toujours mystérieuse et nous serons toujours interrogatifs : qu’est-ce que c’est ? Car ce n’est pas du pain qui vient des richesses de l’homme, ce n’est pas du pain que notre monde produit.
            A la question « qu’est-ce que c’est ? Moïse répondait : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger ». A la table de l’eucharistie, nous recevons la même parole : c’est le pain que le Seigneur vous donne à manger. Donc pour mieux comprendre ce qu’est le pain consacré, il faut savoir d’une part qu’il est donné (que notre monde ne le produit pas) et il faut connaître d’autre part qui le donne : « C’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel ». Oui, si c’est le Père qui nous donne ce pain, c’est sûrement la nourriture indispensable, la nourriture qui fortifie notre confiance, notre fidélité, notre miséricorde, notre espérance… Le Père veut pour nous le meilleur ; donc la nourriture qu’il donne, même si elle reste mystérieuse, est sûrement indispensable. Si nous prenons conscience que c’est le Père qui nous donne ce pain, nous ne le gaspillerons pas
            Deux questions ont été posées : 1.qu’est-ce que ce pain qui est donné à la messe ; et donc qu’est ce qui me nourrit ? et 2. qui donne ce pain ; et donc qui me nourrit ? Il me semble qu’une troisième question s’adjoint aux précédentes : Moi, qui ai-je à nourrir ? à qui suis-je donné en nourriture ? Qui compte sur moi pour que je le nourrisse par ma bienveillance, ma fidélité, mon pardon, ma disponibilité ? Si moi qui suis nourri, je ne nourris personne, la nourriture que je prends est une nourriture qui se perd. Si au contraire, ayant reçu gratuitement, je donne gratuitement la bienveillance que j’ai reçue, si j’offre le pardon que j’ai reçu, si je regarde les autres avec estime parce que Dieu m’a regardé avec estime, ce qui m’a nourri devient une nourriture qui se garde pour la vie éternelle.
            Frères et sœurs, notre prière consiste à dire « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Effectivement par Jésus qui meurt pour nous, Dieu exprime que nous lui sommes précieux, et par le Christ qui meurt pour nous, il nous assure qu’il sera à nos côtés, y compris les jours où nous souffrirons, où nous trahirons…. C’est une vraie nourriture, une nourriture qui est le don du Père. Il convient que nous lui rendions grâce 

17ème dimanche du temps ordinaire
25 juillet 2021

Le pape a demandé que ce dimanche soit la journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées. Les grands-parents savent glisser une enveloppe dans la poche de leur chéri, ils savent dire les mots qui conviennent, les mots qui valorisent… Pourquoi ne pas dire qu’ils sont à l’image de Dieu qui donne tout, de Dieu qui nourrit par sa parole et par son pain ?
            Nous disons fréquemment que Dieu est notre Père, c’est à dire d’abord que si nous existons, c’est parce qu’il nous a désirés. Mais être père, c’est plus que désirer l’existence de l’enfant ; c’est notamment nourrir l’enfant. Comment Dieu nourrit les hommes ? Les textes le disent lorsqu’ils parlent de restes et de surplus à ramasser. Dieu est Père parce qu’il donne le nécessaire, avec surabondance (puisqu’il y a des restes) et avec parcimonie (puisqu’il faut que rien ne soit perdu).
            Frères et sœurs, pensez que Dieu vous donne le nécessaire : il donne le nécessaire pour votre vie physique (l’air à respirer, la nourriture…), il donne le nécessaire pour votre vie spirituelle (l’éducation humaine et chrétienne et les amitiés), il donne le nécessaire en termes de raisons de vivre (il nous donne de nous sentir responsables et d’avoir des satisfactions)… Tu ouvres la main, nous voici rassasiés
            Pensez que Dieu vous donne avec surabondance (pensez que Jésus a donné 600 litres de vin à la noce de Cana !) Tout est tellement surabondant que nous n’avons guère de scrupule à gaspiller … Tu ouvres la main, nous voici rassasiés.
            Parce que nous ne succombons au gaspillage – tant les dons de Dieu sont surabondants – l’évangile proteste et dit « ramassez les morceaux pour que rien ne se perde » ; c’est à dire que Dieu donne avec parcimonie. Mon attention a été attirée par cette pensée : non seulement le pain ne doit pas être jeté, mais aucun être ne doit être perdu ou anéanti, parce qu’il est un don de Dieu : Dieu garde le plus petit : personne n’est en trop, personne n’est de trop : chacun est précieux et irremplaçable. Dans ce registre là, les grands-parents sont des modèles : s’ils perdaient un de leurs petits enfants, ils seraient inconsolables.
            Enfin, une dernière pensée est suggérée par le jeune garçon qui met au service de tous ses cinq pains et ses deux poissons. Il ne les met pas au service de ses proches, mais de la foule… Il sait qu’une solidarité l’unit à tous. Frères et sœurs, dans la messe où nous partageons le même pain, nous sommes solidaires. Dans une autre lettre, saint Paul dit que nous sommes tellement solidaires que nous sommes membres du même corps. Ici Saint Paul tire les conséquences de cette solidarité : « ayez beaucoup d’humilité, de douceur, de patience, soyez les supporters les uns des autres, gardez l’unité dans l’Esprit. » Il écrit « beaucoup ! » il nous suggère de donner, comme Dieu, avec surabondance… Risquons nous de gaspiller, de donner trop ? Le risque est inexistant ! Donnons avec surabondance, car comme écrivait le Jésuite Pierre Ceyrac, tout ce qui n’est pas donné est perdu. Vraiment, ce que Jésus dit aux 12 apôtres, il nous le dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

16ème dimanche du temps ordinaire
18 juillet 2021

Vous avez entendu comment saint Marc décrit les relations de Jésus avec la foule. La foule assaille Jésus et les disciples au point qu’ils n’ont plus le temps de manger, et au point que Jésus déclare qu’il est sage de s’éloigner à l’écart pour avoir un peu de paix ; or la foule a trouvé où Jésus s’est réfugié et elle continue d’assaillir Jésus… Pas moyen d’être tranquille ! A la place de Jésus nous aurions peut-être dit avec agacement : « Lâchez-nous les baskets, laissez-nous quelques minutes de paix ». Or Jésus a un autre regard : « Il fut saisi de compassion parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger ».
            Je m’étonne de la bienveillance de Jésus ; et je me dis « est-ce que je regarde les gens comme Jésus les regarde, avec compassion ? Est-ce que, comme Jésus, je suis bouleversé de tendresse quand je visite des gens ? Est-ce que je devine qu’ils sont comme des brebis sans berger, des gens livrés aux pulsions de la société au point qu’ils ne maîtrisent guère ni l’usage de leur temps, ni l’axe de leurs pensées, au point qu’ils ne sont guère les sujets de leur histoire ? Est-ce que, voyant les difficultés des gens, je vois aussi quel service m’est demandé ?
            Que chacun se demande : comment je regarde les gens, ceux qui me hérissent, ceux dont le comportement me semble critiquable ? Est-ce que je les regarde comme Jésus ?
            Le berger, celui qui sait regarder les brebis, c’est Jésus. Son diagnostic, c’est que les gens ont un besoin urgent d’entendre une parole d’amour. Alors Jésus « se mit à les instruire longuement ». Je suis sûr qu’aujourd’hui, les délinquants sont devenus délinquants parce qu’ils n’ont pas entendu une vraie parole d’amour ; je suis sûr que les magouilleurs se sont mis à travestir la vérité parce qu’ils n’ont pas été formatés par une vraie parole d’amour. Je suis donc sûr que les gens d’aujourd’hui ont besoin d’entendre une vraie parole d’amour et d’estime pour ce qu’ils sont et pour ce qu’ils font. C’est pourquoi, dans mes homélies, je n’ai jamais eu l’idée de parler d’un Dieu qui menace ou qui punit, mais que je cherche à valoriser les gens, à les remercier… Je trouve que ce sont les paroles d’estime qui mettent sur le chemin de la foi et non pas les paroles de reproches. Je prends modèle sur vous, les parents, vous qui faites progresser vos enfants plus par les encouragements que par les reproches.
            Parce que le trésor, c’est la parole d’amour, Jésus se mit à les enseigner longuement !. Et c’est pourquoi nous consacrons la moitié de la messe à écouter la Parole de Dieu parce qu’elle nourrit autant que le pain de vie.

            Dans le cadre de la messe, nous disons notre joie de recevoir une vraie parole d’amour. Quelle parole d’amour ? La parole de paix. A Ephèse, la communauté était faite de gens d’origine non juive et de gens d’origine juive à qui on avait appris à ne pas fréquenter ou même à se haïr les non-juifs. Pour ces gens séparés par un mur de haine, saint Paul commente le mystère du calvaire et la parole d’amour : « mon corps livré pour vous ». Je cite : « le Christ est notre paix, puisqu’il a donné sa vie pour les uns autant que pour les autres ; il a voulu créer un seul homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres par le moyen de la croix ». Effectivement, la messe introduit dans un monde divisé cette parole d’amour : la réconciliation offerte par le Christ qui meurt pour les uns autant que pour les autres.
            Frères et sœurs, nous entendons à chaque messe que le Christ a renversé le mur de la haine. Il n’y a pas de parole d’amour et de paix plus fondamentale. Puissions-nous ne jamais élever un mur de haine, ni même de mépris, ni même d’indifférence. Ayant reçu celui qui a renversé le mur de la haine, puissions-nous être des artisans de paix ! Dans ce cas, nous dirons au monde une vraie parole d’amour.

15ème dimanche du temps ordinaire
11 juillet 2021

Nous avons entendu que le prophète Amos a été appelé pour être missionnaire alors qu’il s’occupait de ses bœufs et de son verger : « J’étais bouvier et je soignais les sycomores, mais le Seigneur m’a saisi ». Et nous nous souvenons que Simon de Cyrène a été amené à aider Jésus alors qu’il revenait des champs ; et que les premiers compagnons de Jésus ont été appelés alors qu’ils s’occupaient de leurs filets de pêche ; tandis que Matthieu tenait son bureau de douane. Cette observation conduit à penser que n’importe quel chrétien faisant n’importe quel métier, peut devenir missionnaire, et qu’il faut chasser l’idée que ne peuvent être missionnaire que des spécialistes ; prêtres, religieuses, catéchistes… le grand public se déchargeant sur eux et pouvant rester en dehors.
            Or forcément, le grand public porte un message. Vous allez dire : comment je prêche ? Je réponds : par votre style de vie. Il prêche l’homme triste, peu consciencieux, avare, prompt à salir une réputation… il porte un message contre la religion de Jésus. Mais l’homme droit, serviable, disponible, qui a une lumière dans les yeux, de l’espérance dans les paroles, l’homme artisan de paix, doux, humble… porte le message de Jésus. Vous pouvez tous être missionnaires.

            Cette importance du style de vie fait comprendre que Jésus envoie les douze sans rien prendre pour la route, sans pain, sans sac, sans monnaie, sans tunique de rechange… Saint Marc souligne cette pauvreté sans doute pour mettre en valeur que ce ne sont pas les astuces humaines des missionnaires qui vont convertir les gens. Les missionnaires n’ont que des moyens pauvres. Mais, comme dit saint Paul, les missionnaires sont drôlement riches : « ils sont bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit ; ils sont choisis pour être saints et immaculés dans l’amour ; ils sont prédestinés à être des fils adoptifs ; ils ont reçu la marque du Saint Esprit de Dieu ».
            Si seulement nous renforcions en nous la conscience de toutes ces richesses !
            Frères et sœurs, vous n’êtes pas pauvres, puisque vous êtes bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit Saint ; en effet, l’Esprit Saint vous rappelle, jour après jour, que Jésus vous appelle « ses amis », qu’il vous donne tout ce qu’il sait du Père, qu’il donne sa vie pour vous.
            Frères et sœurs, vous êtes choisis pour être saints et immaculés dans l’amour ; alors que la société estime ceux qui ont un pouvoir d’achat, vous êtes choisis pour être saints et immaculés, comme celui qui est saint, qui l’a montré en donnant sa vie, et qui invite à être saints en disant sur vous : « mon corps livré ».
            Frères et sœurs, vous êtes prédestinés à être des fils adoptifs, à être aimés autant que le Fils unique, autant que Jésus ; pour hériter de la vie autant que Jésus ressuscité.
            Ayant repris conscience de toutes ces richesses, nous aurons forcément un style de vie qui sera une bonne nouvelle pour notre entourage… un style de vie qui rayonnera et attirera… un style de vie missionnaire.
            Donc, que le Saint Esprit fasse de tous des prophètes, des missionnaires !

13ème dimanche du temps ordinaire
27 juin 2021

Dieu n’a pas fait la mort ; Dieu ne sait faire que de la vie. Les hommes savent faire le meurtre du vendredi saint ; Dieu ne sait faire que la joie de Pâques. Les hommes savent provoquer les tempêtes des guerres, des injustices, des mépris ; Dieu ne sait qu’apaiser les tempêtes. Le Christ a le pouvoir de maîtriser la force titanesque des vents et la force insurpassable de la mort ; il le montre en guérissant, et nous ferons l’acte de foi en disant que le Christ a le pouvoir de faire vivre les morts.
            Pâques et la résurrection expriment que le seul désir de Dieu, c’est que l’homme vive. Et pas seulement quelques dizaines d’années. S’il nous avait appelés à la vie avec le projet de nous abandonner un jour à la mort, il serait infidèle. Si, pendant des dizaines d’années, il nous donne grâce après grâce, ce n’est pas à fonds perdus (Dieu n’est pas sot au point d’investir à fonds perdus !) : s’il nous donne grâce après grâce, c’est parce qu’il empile les grâces de vie pour placer au sommet de cette pile la grâce de la victoire sur la mort.
            La foi en Dieu qui maîtrise la mort ne va pas de soi. Car la toute puissance de la mort surprend les plus robustes, le vieillissement est inéluctable, les catastrophes s’abattent cruellement. De ce fait, nous pensons que tout mal qui nous arrive est irrémédiable. Or l’évangile montre qu’avec Jésus, la lèpre qui défigure n’est pas irrémédiable, le péché qui crée des barrières n’est pas impardonnable, la cécité qui obscurcit la conscience n’est pas définitive ; bref, la mort n’est pas hors de l’autorité du Dieu vivant, du Christ ressuscité.
            Non seulement Dieu n’a pas fait la mort, mais il la combat de la manière la plus déterminée. Non seulement la mort est notre ennemie, mais elle est l’ennemi personnel de Dieu puisqu’elle vise à faire mourir ce que Dieu appelle à la vie (et Dieu n’aime pas que son œuvre de vie soit anéantie, tout comme nous n’aimons pas que quelqu’un défasse ce que nous avons fait. C’est pourquoi Jésus est venu combattre la mort d’abord en guérissant, en libérant, en réconciliant, en donnant la lumière aux aveugles et la parole aux muets… puis en entrant dans la mort comme un corps étranger : la mort allergique à l’amour ne peut pas assimiler un corps d’amour ; elle en meurt.
            St Marc dit que les médecins, c’est à dire les hommes avec tout leur savoir-faire, n’empêchent pas certains problèmes d’empirer ; c’est toujours vrai : l’argent et le pouvoir et le savoir n’empêchent pas les fidélités de s’étioler, les amours de se perdre en habitudes … Seul le Christ Jésus régénère constamment l’élan d’amour qui est en chacun.
            Que seul Jésus régénère ce qui est mourant, c’est ce que professe le chef de la synagogue : après avoir remué ciel et terre, il se jette à genoux aux pieds de Jésus comme devant Dieu ; c’est aussi ce que professe la femme malade qui n’hésite pas à faire un acte interdit. Nous, professons notre foi au Christ en priant comme le chef de la synagogue ; professons notre foi au Christ en touchant Jésus comme la femme dite impure. Que Jésus nous prenne par la main ! qu’il nous extraie des ornières fatales de l’idolâtrie, de la jalousie, de l’hypocrisie… de tout ce qui ressemble à la mort !

            Les politiques luttent contre des mauvaises répartitions ; des acteurs sociaux luttent contre des situations douloureuses ; les éducateurs luttent contre les déviances… Par les gens de bonne volonté, Jésus lutte contre la mort ; c’est pourquoi nous sommes attachés à lui. Seul Jésus dit à chacun et à toute l’humanité «lève-toi ! Avec moi, tu es vivant, avec moi, tu es ressuscité’ ». Entendons la voix du Seigneur ; il dit à chacun et à tous « lève-toi, tu es vivant ».

12ème dimanche du temps ordinaire
20 juin 2021

Frères et sœurs, en me confiant de faire l’homélie, l’Eglise me demande de faire apparaître que nous avons eu de la chance d’entendre ce récit qui montre comment Jésus est avec nous chaque jour.
            St Marc a raconté comment les disciples se sont trouvés dans une tempête, comment ils se sont interrogé sur le fait que Jésus ne semblait pas se soucier de leur détresse puisqu’il dormait, et comment à la prière instante des disciples, Jésus apaise la tempête et exhorte à croire.
            Les tempêtes qui agitent le lac de Galilée nous laissent indifférents puisque nous n’y sommes pas ; mais pas celles auxquelles nous sommes confrontés. Je pense à la tempête qui se lève quand un deuil vient séparer des époux, quand une mort vient séparer des parents de leur enfant ou rendre des enfants orphelins : pourquoi Dieu permet cette déchirure ? Je pense à la tempête qui s’empare des personnes âgées quand elles constatent qu’elles doivent quitter leur maison et s’orienter vers des établissements de retraite. Je pense à la tempête des parents chrétiens qui se désolent de constater que leurs enfants vivent pratiquement sans la foi et ne font pas baptiser les petits enfants. Je pense à la tempête qui agite tous ceux qui aiment les commandements de Dieu et qui constatent que le monde est devenu païen, que la fidélité est balayée par les opportunités, que le pardon est considéré comme faiblesse, que le don de soi semble ne pas peser lourd à côté de la recherche de l’avantage. Je pense aux personnes qui ont dû quitter leur pays et qui vivent avec le stress d’une menace d’expulsion. Je pense aux tempêtes qui découlent des affrontements politiques et militaires et malmènent les peuples…
            La tempête est partout ! Et comme les disciples, nous nous interrogeons : pourquoi Jésus Christ ne fait rien alors qu’il a mis dans notre cœur la foi selon laquelle il est le sauveur, selon laquelle il a piétiné la mort ? 
            A la messe, il nous est donné de faire en mémoire de Jésus un certain nombre de gestes. D’abord le signe de la croix ; A la personne qui se demande si Dieu l’a abandonnée, si Dieu se prélasse dans le confort pendant que les gens souffrent, l’Eglise répond : « regarde la croix…trace la croix sur toi… vois qu’il n’a pas fait semblant de t’aimer ; vois que quand tu souffres, il souffre avec toi ». Ne soyons pas des gens de peu de foi : la présence du Dieu d’amour souffrant comme nous, partageant nos détresses, manifeste bien que le Christ ne dort pas quand se lève la tempête.
            Et toute l’eucharistie fait mémoire du Christ dans la tempête. A la personne qui a honte de ses actes et qui est secouée par la culpabilité et qui ne se croit plus aimable, la messe adresse ce message : écoute : « mon corps livré pour vous »… même si vous êtes coupables ! Ne soyons pas des gens de peu de foi ; entendons bien ces 5 mots : « Mon corps livré pour vous » : le Christ ne peut pas mieux dire aux hommes qu’ils ne sont pas abandonnés.
            Et arrive le rite de la communion. D’abord le don de la paix. Aux chrétiens qui s’inquiètent profondément de leur avenir, de l’avenir de leurs enfants, de l’avenir de l’Eglise, l’Eglise fait entendre « la paix soit avec vous… n’ayez pas peur »  Puis la communion donne cette promesse « je suis avec vous tous les jours ».
            Les tempêtes sont là ; elles prennent des formes multiples et font que les professions de foi ne sont pas des énoncés sereins, sans problème. Mais le Christ est dans la barque avec les hommes et la messe fait faire mémoire du Seigneur qui ne dort pas ; la messe ranime notre profession de foi ; la messe fait rencontrer le Christ qui apaise la tempête.
            Ecoutons Jésus ; il dit peut-être à l’un ou l’autre « comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? ». Il veut raffermir notre foi ; il nous assure qu’il n’y a pas de naufrage pour qui a foi en lui. Il n’y a pas de naufrage pour l’Eglise au milieu de notre monde matérialiste. Il n’y a pas de naufrage pour les jeunes… puisque le Christ est ressuscité. Le vent et la mer lui obéissent ; la mort corporelle et la mort spirituelle lui obéissent. Aussi nous répétons sa parole « La paix soit avec vous ». « Je vous donne ma paix ». « Ne craignez pas… »

11ème dimanche du temps ordinaire
13 juin 2021

La première lecture parle de cèdre, le psaume parle de palmier et encore de cèdre, l’évangile parle de blé et de graine de moutarde… Dieu décrit le monde comme un jardin où ça pousse… sans que l’homme intervienne. La Bible n’a pas gardé ces paroles pour faire un cours de Science de la Vie et de la terre, mais pour enseigner que Dieu est là partout où il y a de la croissance et qu’il sait faire grandir ce qui semble trop petit pour être efficace.
            Ceux d’entre vous qui ont semé des graines et repiqué des plants ont vu que ce toute plante pousse très bien, même si au départ, elle est une minuscule graine. D’après Jésus, la croissance des plantes est une parabole d’une autre croissance, celle du règne de Dieu.
            Une première idée se dégage de cela : pour faire grandir son Royaume, Dieu s’y prend comme un semeur. L’espérance, la fidélité, le pardon, le don de soi… Dieu ne nous les donne pas autrement qu’à l’état de semences quasi insignifiantes, parce qu’il est sûr qu’elles vont pousser. L’Eglise a commencé avec seulement douze hommes qui ont eu leurs faiblesses et malgré leur insignifiance, elle s’est développée dans tout l’empire romain. Toutes les modestes graines d’amour que Dieu inspire aujourd’hui, les petits prophètes de justice, les discrets serviteurs de l’espérance … la télé n’en parle pas… pourtant ce sont les semences du royaume. Tant que les semences sont semées, on peut espérer.
            Dieu sème en chacun ses semences de foi, d’espérance et de charité. Et à son tour, chacun est invité à semer. Chacun est responsable de déposer chez les autres qui sa graine d’espérance, qui sa graine de fidélité, qui sa graine de prière… Que chacun sème donc sans se tracasser de ce qu’il adviendra, sans se désoler si ça ne pousse pas assez vite ; il nous est demandé de semer, pas de faire grandir ; faire grandir, cela est du ressort de Dieu.
            J’insiste sur notre mission de semeur ; car le démon de notre cœur s’appelle « à quoi bon ? ». Et il nous fait dire « les injustices sont ancrées si profondément, qu’un geste de justice de ma part ne va rien changer, à quoi bon faire un geste de justice ? La guerre est tellement installée que mon petit geste de réconciliation avec mon voisin n’aura aucune influence ; à quoi bon faire une démarche de réconciliation ?». Non, les semences de justice et de réconciliation que chacun sème vont immanquablement se développer et elles manqueraient s’il chacun ne la semait pas..
            S’il est vrai que ce qui est semé grandit, il donc vrai que rien n’est achevé et donc que tout peut encore grandir. Dieu est sûr que si je suis décevant aujourd’hui ce n’est pas irrémédiable : je peux encore évoluer ; Dieu m’apprend que si untel est décevant ou pécheur, ce n’est pas définitif, il peut évoluer. Dieu dit sa présence en faisant grandir, en faisant évoluer. L’histoire de l’enfant prodigue le dit bien : ce fils pouvait évoluer, il n’était pas définitivement perdu ; l’attitude filiale avait été semée en lui… elle pouvait toujours réapparaître ; rien n’est irrécupérable, rien n’est perdu pour toujours.

            Autrement dit, la foi que Dieu aime le mieux, c’est l’espérance. On dit que le monde ne va pas bien, et on a dix mille raisons d’être inquiets. Or l’évangile de la graine qui grandit irrésistiblement, sans que le paysan sache comment, est un plaidoyer pour l’espérance. Il y a dans le monde des graines de fidélité, de prière, d’attention fraternelle, de compassion, de bénévolat, de don de soi ; il y a des gens qui ne vivent pas pour eux-mêmes, C’est petit, face aux lames de fond d’infidélité, de chacun pour soi, de recherche égoïste des avantages ; c’est petit, face à l’impérialisme de l’argent ou de la drogue ou du commerce des armes ; c’est petit comme David était petit devant le géant Goliath. Mais Jésus dit « le royaume de Dieu est comparable à une petite graine qui grandit ». Croire à la croissance du royaume c’est ça croire à la résurrection, à la victoire de l’amour. Le royaume de l’amour a un avenir.. ; et nous avons l’immense honneur d’avoir été choisis pour contribuer à sa croissance.
            Nous faisons ces considérations dans le cadre de la messe. La messe est prévue pour notre croissance. Si Jésus a pris le pain en disant ‘prenez, mangez, ceci est mon corps’ (à moins qu’il ait pris son corps en disant ‘prenez, ceci est mon pain’ –les deux sont vrais), c’est évidemment pour que les gens grandissent. Chaque dimanche en communiant, nous nous présentons comme le champ où le Seigneur sème sa manière d’aimer le Père, sa prière, son espérance, sa fidélité, et son art d’être en relation d’amour avec les autres. Viens Seigneur Jésus ! Père, que ton règne vienne et grandisse.

Saint Sacrement
6 juin 2021

Voici la fête du Corps et du Sang du Seigneur. Cette fête a été instituée en 1247 par le pape Urbain sur l’insistance d’une religieuse belge, Julienne du Mont Cornillon. Mais tous les dimanches, nous entendons « mon corps livré pour vous, mon sang versé pour vous ».

            Parlons d’abord du sang du Seigneur. La première lecture parle du sang. En français, une expression comme « se faire du mauvais sang » exprime que le sang est le flux vital (c’est pourquoi il n’est pas bon de se faire du mauvais sang), un flux vital qui a un caractère sacré ; d’où l’interdiction de verser le sang, et chez les juifs et les musulmans le devoir de manger casher ou halal, la bête ayant été vidée de son sang ; quant à l’expression « il est de mon sang », elle exprime que le sang est un flux vital qui met en alliance.
            Quand Moïse fait la célébration de l’alliance, le sang est répandu pour montrer que le lien d’alliance est un engagement total. Le Christ offre le sang de l’alliance, depuis Noël, le fils de Dieu est de notre sang ; depuis le Calvaire, le sang du fils de Dieu a coulé sur nous ; et nous chantons « heureux qui lave son vêtement dans le sang de l’agneau ; il aura part à sa vie»… L’alliance dans le sang est une alliance qui se maintient quoi qu’il en coûte. Quand Jésus dit « mon sang, le sang de l’alliance versé pour vous », il dit « mon amour est total, sans limite, définitif ».

            Parlons maintenant du corps du Christ. Le corps, c’est ce par quoi s’expriment les êtres spirituels : que serait l’accueil sans les mains qui se tendent ? que serait la joie sans le sourire ? que serait l’amour sans l’étreinte ? Le corps permet que se manifeste la part spirituelle de nous-mêmes. Aussi, quand le fils de Dieu a voulu révéler sa miséricorde, son souci des blessés… il a du prendre un corps. Et du coup, parce que sa bonté s’est manifestée dans un corps, les gens se sont rendu compte que l’amour de Dieu est parmi eux.
            Quand Jésus dit « ceci est mon corps », il nous rappelle que son amour est parmi nous. Et nous disons « amen, c’est vrai ». Ceci nous amène professer la présence réelle du Christ : en communiant, nous l’accueillons, lui qui est là pour nous parler comme il parlait en Galilée, pour nous guérir comme il guérissait en Palestine, pour nous redire inlassablement l’amour du Père… Il est présent en tant que Ressuscité pour vivifier nos cœurs toujours exposés à la sécheresse, et pour nous tirer de nos morts. Que le Christ nous soit réellement présent, c’est absolument sûr ; mais ce qui n’est pas sûr, c’est que nous lui soyons vraiment présents. A la messe, sommes-nous présents au Maître, ou débitons-nous nos formules sans penser à qui nous les disons ? Quand nous chantons « Seigneur prends pitié », savons-nous que nous parlons à celui qui est mort pour nous ? Quand nous chantons « gloire à toi », investissons-nous autant d’énergie que les supporters qui acclament leur champion ? Si un incroyant venait dans notre église, devinerait-il que nous sommes totalement occupés par la présence du Seigneur ?
            Dernière idée : nous recevons le corps du Christ pour devenir ensemble le corps du Christ, c’est à dire ce groupe par lequel les gens pourront s’apercevoir que la bonté du Christ est parmi eux, que le pardon du Christ n’est pas du blabla, que la générosité du Christ est une réalité actuelle. Autrement dit la communion nous donne comme mission d’être dans nos réseaux une force de résurrection, d’espérance, de paix… Pensons que, recevant le corps du Christ nous avons à assurer l’incarnation de la bonté du Christ, de sa fidélité, de sa miséricorde.  

Sainte Trinité
30 mai 2021

Est-ce une histoire ou une légende ? On dit que, le dimanche de la Trinité, un curé a dit simplement qu’il ne ferait pas d’homélie parce qu’il s’agit d’un mystère trop compliqué pour lui. Je ne suis pas plus malin que lui, mais je ferai une homélie parce que je voudrais vous rendre service ; je voudrais éloigner l’idée que la foi en la Trinité est un problème de mathématique selon lequel 3 = 1 ; je voudrais vous féliciter, car vous ne réduisez pas Dieu à la mesure de vos petites têtes : un Dieu à notre mesure n’est sûrement pas le vrai Dieu. De même que « ce n’est pas le pot qui détermine comment doit être le potier » ( Is 45,9), de même ce n’est pas à l’homme de déterminer comment doit être Dieu son créateur. L’homme ne peut qu’accueillir ce que Dieu révèle de lui. Cette fête de la Trinité découle de la révélation que Jésus a faite.
            Juifs et musulmans – qui n’accueillent pas la révélation de Jésus – parlent du Dieu d’Abraham ; nous, nous parlons du Dieu de Jésus ; c’est sûrement le même (car il ne peut y avoir qu’un seul Dieu), mais ce que Jésus a dit de Dieu dépasse et précise ce qu’Abraham avait dit de Dieu. Jésus approuve la profession de foi d’Abraham selon laquelle Dieu est unique, mais en plus il parle de Dieu « un » ; il ne préciserait pas cette unité s’il n’y avait qu’une personne ; il la précise parce qu’il y a l’unité de plusieurs personnes. Or Jésus – le Fils – prie le Père (cela montre déjà qu’il y a deux personnes en Dieu) et Jésus nomme la 3ème personne quand il dit : « le Père vous enverra l’Esprit Saint » ; dimanche, nous lisions « Le Père m’a tout donné, et l’Esprit prend ce qui est à moi pour vous le donner ». Par de telles paroles, Jésus révèle que Dieu est un amour unique si fort que le Père, le Fils et le Saint Esprit sont un. On ne peut pas parler d’amour s’il n’y a qu’une seule personne.
            Certains demandent peut-être ce que cela change, dans le quotidien, que Dieu soit l’unité de plusieurs personnes ou en une seule personne. Eh bien observez ceci : dans le quotidien, tous, nous portons le projet d’être plusieurs, différents, et de ne faire qu’un. Ce défi d’être un tout en gardant sa particularité est à la base du projet européen, et de toutes les associations ; il est surtout ce qui conduit au mariage : les époux désirent en même temps ne faire qu’un tout en gardant chacun sa personnalité. D’où vient que les hommes portent le désir d’être un et simultanément le désir de garder leur particularité, sinon du fait qu’ils sont à l’image de Dieu Trinité ? Si Dieu était une personne unique, les humains créés à son image ne porteraient pas ce désir de construire une unité avec d’autres. Je dirai même qu’un Dieu en une seule personne engendre la guerre. Voilà donc que l’unité des personnes de la Trinité éclaire vos relations d’époux et les démarches d’union, les projets de paix.
            Dans le quotidien, on se demande parfois pourquoi le monde existe, pourquoi il y a quelque chose plutôt que rien. Eh bien, la Trinité éclaire le fait que Dieu crée, le fait qu’il veuille que d’autres êtres existent. Est-ce qu’un Dieu unique qui serait seul, c’est à dire qui n’aurait pas voulu l’existence d’un Fils, aurait pu vouloir l’existence du monde ? Si Dieu aime, il désire avoir un vis-à-vis, il engendre donc son fils, et dans le même geste, il fait exister le monde pour avoir une relation d’alliance. Faire exister l’autre, c’est cela qui vous conduit au mariage et à la paternité. Vous êtes à l’image du Dieu Trinité où le Père veut l’existence du Fils, où le Fils veut l’existence du Père, où ce regard d’amour fait exister un Esprit qui diffuse cet amour dans toute la création. Voilà donc que la foi en la Trinité va de pair avec la foi en Dieu créateur.
            Bref, Dieu est en lui-même un jaillissement d’amour. Et l’amour qui est dans le Père, le Fils et l’Esprit ne peut pas être clos, limité : il déborde jusqu’à baigner le monde entier… jusqu’à baptiser toutes les nations y compris les païens : « allez, baptisez toutes les nations ». Nous avons à baptiser au Nom du Père, du Fils et du SE. Nous ne le faisons pas seulement en versant de l’eau mais en préparant pour tous les gens un bain dans l’amour du Père, du Fils et du SE, un bain où chacun est respecté, mais où tous peuvent vivre une unité.

Pentecôte
23mai 2021

La Pentecôte ! Pour beaucoup, c’est la bonne aubaine d’un week-end prolongé ; à Belfort, quand il n’y a pas le Covid, la Pentecôte, c’est le festival international de musique universitaire (FIMU). Pour nous, la Pentecôte, ce n’est pas la joie de d’avoir un week end prolongé et en musique, c’est la joie de savoir que Dieu met à notre disposition un Défenseur puissant ; car Jésus qualifie le Saint Esprit de Défenseur. Contre quels ennemis nous défend le Saint Esprit ? contre la tentation de penser que les hommes peuvent vivre sans Dieu et réaliser eux-mêmes la justice et la paix ; la preuve est faite que, sans Dieu, ils laissent libre cours à l’injustice et à la violence. La preuve est faite que, sans Dieu, les hommes se font du mal à eux-mêmes, qu’ils scient les branches qui les portent : avec leur chacun pour soi, ils scient la branche de la solidarité ; avec les violences, ils scient la branche de la bienveillance : ils détruisent tout ce qui serait leur bonheur… Vraiment nous avons besoin d’un Défenseur
            Alors, en nous, le Défenseur, le Saint-Esprit, livre une bataille contre les ennemis de l’humanité. Nous sommes en effet, exposés à un esprit qui mène à la colère, à l’inconduite, à au sectarisme, à la haine, aux jalousies, aux divisions. En famille, à propos d’un héritage ou d’une histoire qui remonte à 50 ans, on est facilement pris par la jalousie, la vengeance ou la colère. Je vous garantis que le démon se frotte les mains quand il réussit à nous prendre dans ces pièges là, quand il voit que nous nous détruisons et détruisons les relations avec les autres. A ce moment là, il règne, lui le diviseur ! Nous avons besoin d’un Défenseur qui nous défende contre ce démon.

            Nous fêtons à la Pentecôte, la venue du Saint-Esprit. Il vient dans le cœur des hommes pour les défendre, pour déposer en eux les forces qui unissent : l’envie de servir les autres, la force d’agir avec bienveillance, le goût d’édifier de la paix, l’audace d’offrir du pardon…
            Parents, l’Esprit de Dieu demeure en vous : votre patience à l’égard des enfants, les encouragements que vous leur prodiguez, les pardons que vous leur donnez sans compter… tout cet amour chasse les peurs qui tétanisent les enfants ; il provient du Saint Esprit.
            Jeunes gens, l’Esprit de Dieu est en vous et vous protège, puisque, avec votre sens aigu de la justice, vous protestez contre toute forme d’injustice
            Grands-parents, l’Esprit de Dieu est en vous. Regardant votre passé, vous constatez que le Saint Esprit a pris votre défense les jours d’épreuve où vous auriez pu cesser de prier, fini d’espérer, et peut-être renoncé à vos fidélités.
            Si, les uns et les autres, vous avez résisté à l’esprit du mal, c’est que l’Esprit de Dieu est en vous. Bref, à la Pentecôte et en permanence, nous est donné un allié de taille : l’Esprit de Dieu, l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, l’Esprit de vie.
            J’ajoute que le Saint Esprit n’est pas donné qu’aux chrétiens. Il n’y a pas une personne à qui Dieu n’offre pas son Esprit. Alors, dira-t-on, pourquoi l’injustice, les violences conjugales, le Jihad, continuent-elles ? » Je crois que pour avoir le Saint-Esprit, il faut vouloir vivre avec lui. Un militant athée s’appliquait à montrer qu’il ne fallait pas croire en Dieu, et il avait posé cette question aux croyants : « Si votre Dieu est bon, pourquoi permet-il les tueries et les attentats ?» ; et quelqu’un a répondu : Notre société laïciste a interdit qu’on parle de Dieu dans les écoles, qu’on fasse référence à Dieu dans les textes, et maintenant qu’elle a expulsé Dieu, peut-elle lui reprocher qu’il n’agisse pas ? » Quand on sort du réseau du Saint Esprit, il y a grand danger ; quand on sort du réseau de l’esprit de vie, on se flirte avec l’esprit de mort. St Paul diagnostiquait cela dans la 2ème lecture lorsqu’il faisait la liste des péchés.
            Certes, dans le champ, il y a l’ivraie ; mais aussi le bon grain. Le Défenseur défend le bon grain contre l’ivraie ; il suscite la collaboration fraternelle, la confiance, l’estime de soi et des autres. Je cite à nouveau saint Paul : « Voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, patience, paix, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». Le fruit du Saint Esprit c’est vraiment la vie, et ce qui rend la vie agréable.. « Vivez sous la conduite de l’Esprit ! ». De cette manière, vous serez heureux et vous ferez des heureux

7ème dimanche de Pâques

16 mai 2021

Nous sommes les confidents de la prière de Jésus. Sans doute, quand vous priez, vous dites à Dieu vos confidences, ce qu’il y a dans votre cœur, les choses que vous ne dites à personne d’autre. Eh bien nous sommes vraiment les amis de Jésus puisqu’il nous a dit ce que d’habitude il ne dit qu’à Dieu le Père. Nous avons entendu qu’avec Dieu le Père, il ne demande rien pour lui, il n’évoque pas ses soucis personnels… Il ne parle que des hommes.
            Ce qui veut dire qu’avant que nous ayons prié pour nous, pour les enfants, pour les malades…, Jésus a déjà prié pour nous, pour les enfants et pour tous. Puisqu’il a prié avant nous, répétons ses demandes :
Garde les disciples dans la fidélité à ton nom
– Que les disciples soient un
– Que les disciples soient gardés du Mauvais
– Que les disciples soient consacrés


            Dans sa prière, Jésus demande pour les disciples l’Esprit Saint. Au nom de l’amour qu’il a pour eux, il demande pour eux le meilleur, le Saint Esprit, afin, dit-il « qu’ils aient ma joie et qu’ils en soient comblés ». Dans 15 jours, 32 jeunes recevront la confirmation et 8 jours plus tard, 15 adultes la recevront aussi. Oui, c’est une grande joie d’être conduit par le Saint Esprit, une joie d’autant plus grande qu’on s’aperçoit que l’on fait du bien aux autres. C’est que le Saint Esprit nous fait ces dons pour que nous contribuions à ce que la société aille mieux. Celui qui, par le Saint Esprit est fidèle à ses engagements rend de vrais services à la société ; celui qui par le Saint Esprit cherche constamment la paix et la justice, celui là rend de vrais services à la société. Il y a un psaume qui exprime ce que produit un homme habité par le saint Esprit ; je cite : « Quand il traverse la vallée de la soif, il la change en source » Le premier à avoir fait cela, c’est Jésus Il est venu dans notre vallée où l’on a soif de paix, de vérité, de savoir qu’on est aimé… et il a fait couler sa paix, sa révélation du Père… A la suite de Jésus, les saints mettent de la joie là où il y a de la tristesse, de la paix là où il y a la haine, de la vérité là où il y a le mensonge. Celui qui se laisse conduire par le Saint Esprit change en source la vallée de la soif. Ils rendent donc bien un service à la société. Merci à vous qui rendez service à la société.

            Enfin dans sa prière, Jésus mentionne les persécutions ! « Ils sont dans le monde et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde ». Le fait que nous ayons comme référence l’humilité, le service, le pardon, le don de soi, fait que nous n’appartenons pas au monde qui a comme référence la puissance, la violence ou le confort. Pourquoi ceux qui reçoivent du Saint Esprit le goût du don de soi, du pardon, de la fidélité… sont-ils considérés comme des gens étranges, voire nuisibles, en tous cas inaptes à construire la société ? C’est une question sans réponse. Pourquoi s’oppose-t-on à l’amour ?. Aussi le Christ prie pour la personne incomprise, pour la personne dont le comportement est mal interprété, pour la personne dont les initiatives rencontrent le désintérêt ou l’hostilité, pour la personne blessée par une parole … bref, pour tous les persécutés. Alors, puisque Jésus a prié en disant « garde-les du Mauvais », nous prions en écho : « Délivre-nous du mal ».

6ème dimanche de Pâques

9 mai 2021

Depuis que vous mettez les pieds dans une église, dix mille fois vous avez entendu « : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Mais vous ne prenez pas la répétition de cette phrase pour du rabâchage. C’est que tous les jours, vous êtes blessés par ce qui est déshumanisant et vous trouvez dans le commandement de s’aimer la seule parade contre ce qui détériore l’humanité. « Aimez-vous » voilà la parole qui humanise, qui épanouit l’homme et constitue le fondement de la vie sociale. Aimez-vous, voilà qui a des applications entre membres de la famille, entre voisins de quartier, entre collègues de travail, entre gens de même religion ou de religions différentes, dans la politique…Quand Jésus a écrit son testament en lavant les pieds des 12 et en donnant sa vie, il a écrit « aimez-vous ».
            Effectivement, il dit à chacun « je t’ai choisi, je t’ai aimé, je t’appelle mon ami » ; Et il fait la même déclaration à celui-ci qui me casse les pieds, à celle-là qui a heurté mon amour-propre… Comment manquer de respect à ces gens, si Jésus leur dit qu’il les a choisis, qu’il les appelle ses amis ? Les autres ont autant de dignité que nous parce que le Christ a donné sa vie pour eux autant que pour nous.
            Et quand il dit « je vous ai aimés », il précise « comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés » Nous ne nous étonnons pas que le Juste soit aimé d’un amour infini ; or, rendez-vous compte : le Juste est venu pour nous dire que, nous pécheurs, nous recevons le même amour que celui qu’il reçoit lui-même du Père. Il est venu pour éclipser nos péchés par sa justice (le mot « éclipser » m’est venu, parce que la bible dit « cacher notre nudité »). De sorte que le Père dit à chaque pécheur ce qu’il dit à Jésus le Juste : « tu es mon fils bien aimé » ; il ne dit pas « tu es un pécheur que je regarde avec condescendance », mais il dit « tu es mon ami »… miséricorde grandiose ! amour total ! confiance absolue !… 
            Quand Jésus nous dit « tu es mon ami », nous recevons la mission d’aimer les frères du même amour, avec la même confiance, avec la même miséricorde. Comme si Jésus disait à chacun «  tu seras un autre moi-même ». Est-ce possible ? Ste Thérèse de Lisieux faisait cette prière : « Seigneur, vous savez que jamais je ne pourrai aimer mes sœurs comme vous les aimez » ; (nous dirions la même chose !) Mais elle ajoute « Je ne pourrai pas aimer mes sœurs comme vous, Jésus, si vous ne les aimez en moi ». Voilà ce qui nous rend capables d’aimer : c’est Dieu qui aime en nous, qui met en nous son amour.
            Vous les couples vous savez la difficulté de vivre en couple ; probablement, si vous tenez, c’est que le Christ met en vous son amour. Du coup, votre union est un signe de la présence du Christ, elle a une efficacité missionnaire : aimez-vous si bien qu’en vous voyant, les gens disent « le Ressuscité est là ». Vous les célibataires : le Christ met en vous son amour ; vous donnez de l’attention à ceux-ci ou ceux-là et les gens disent « c’est ça qui grandit l’homme, le Vivant est là ».
            Chacun cherche sa place dans le monde : pompier, cariste, assistante sociale, professeur… ; et certains cherchent leur place dans l’Eglise. D’après Jésus la bonne place à tenir, quel que soit le métier choisi, c’est d’aimer, d’offrir du réconfort, de la paix, de l’estime, de la justice. Les personnes les plus importantes sont celles qui mettent de l’amour là où il y a la haine, du fraternel là où il y a le chacun pour soi ; de la bienveillance là où il y a le mépris Celui qui fait cela à sa manière occupe la place centrale, puisqu’il perfuse dans l’humanité le sang qui fait ressusciter… qui apporte la paix, et donne de l’espérance.

            En communiant, nous allons dire que nous sommes le corps du Christ qui a dit « mon corps livré ». Nous sommes conduits à payer de notre personne, puisqu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour les autres. Si nous faisons cela, le Christ vit en nous.

5ème dimanche de Pâques

2 mai 2021

Les nuits de gel des premiers jours de mai ont fait que l’attention a pu être attirée sur les vignes d’Alsace et du Jura et plus près de chez nous, les vignes de St Dizier …
            « Je suis la vigne ». Dans l’Ancien Testament, la vigne c’était le peuple ; Dieu soignait sa vigne, il prenait soin de ce peuple amoureusement et il en attendait de beaux fruits. Mais il ne récoltait qu’un jus plein d’amertume. Par différence, Jésus se présente comme la vraie vigne qui, enfin, donne de bons fruits ; il réalise les fruits que Dieu attend de son peuple.

            Une première pensée m’est venue quand j’ai constaté que Jésus ne dit pas « je suis le cep – le tronc – et vous êtes les branches » Il dit : « je suis la vigne » : pas seulement le tronc, mais le tronc et les branches. Frères et sœurs, que comprenons-nous de constat ? D’abord, nous comprenons que, puisque nous ne sommes qu’un avec Jésus, nous sommes aimés autant que lui, Jésus, est aimé ; Dieu prend soin de nous qui sommes décevants autant que de son Fils qui est le Juste. Il le dit lui-même « comme le Père m’a aimé, – du même amour que le Père m’a aimé – moi aussi, je vous ai aimés ». Nous comprenons aussi que le Christ Jésus ne conçoit pas qu’il puisse exister sans les hommes ; il n’imagine pas qu’il soit le fils bien aimé sans que les baptisés soient eux-même des fils bien aimés ; il n’imagine pas qu’il traverse la mort sans que nous la traversions avec lui ; il n’imagine pas avoir le Saint Esprit si nous ne l’avons pas ! Saint Paul dit « nous sommes co-héritiers avec le Christ ; tout ce qui est à lui est à nous.
            Bref, en vertu de cette solidarité vitale, de même qu’il ne peut pas être sans nous, de même, nous ne pouvons pas être sans lui ; que serions-nous si nous n’avions pas la lumière de sa parole ? En devenant homme parmi nous, il s’était déjà lié à nous, mais il restait un homme « extérieur à nous ». Devenu le Ressuscité, son lien avec nous est encore plus fort : il demeure en nous « Demeurez en moi, je demeure en vous » Cela fait penser à la circulation de la sève dans la vigne ; la sève n’est pas extérieure, mais, de l’intérieur, elle donne aux sarments de croître, d’être purifiés et de porter du fruit. Le Ressuscité aussi n’est pas extérieur à nous, à notre Eglise : de l’intérieur, il donne aux baptisés de grandir dans la foi et de porter du fruit.

            Une autre pensée m’est venue ; c’est que toutes les branches de la vigne sont solidaires entre elles. Elles reçoivent la même sève, leurs feuilles captent le soleil au bénéfice de toute la plante. Nous comprenons qu’un chrétien ne peut pas penser sur le mode individualiste du face à face : « mon Dieu et moi » ; le chrétien doit penser sur le mode universel « moi, Dieu et les frères ». La manière de vérifier que nous sommes en communion avec Dieu, c’est de vérifier que nous sommes en communion avec les frères. Voilà pourquoi la 1ère lecture racontait comment, après sa conversion, Paul a du trouver sa place dans la communauté. Voilà pourquoi l’Eglise dit l’exigence d’appartenir à une communauté et de la rejoindre au moins le dimanche.
            Et une troisième idée m’est venue quand j’ai constaté que, 5 fois, Jésus dit le devoir de porter du fruit. Ca, c’est difficile voire impossible de savoir quels fruits nous portons. C’est comme le parfum, les personnes qui se parfument ne savent pas l’effet produit sur les autres. Si nous savions les fruits que nous produisons, nous nous les attribuerions orgueilleusement, au lieu d’avouer qu’ils viennent de la sève qu’est le Christ Ressuscité. Mais, même si nous ne savons pas quels fruits nous portons, nous pouvons nous appliquer à en porter ; et nous en porterons plus sûrement si nous les portons à plusieurs. L’enfant est un fruit qui ne peut être porté qu’à deux ; et l’évangélisation est un fruit qui ne peut être porté que par des communautés : le service des autres dans une société du chacun pour soi, la lutte pour une plus juste répartition des biens, l’effort pour dire que Dieu s’intéresse à la vie de chacun… : tous ces fruits ne peuvent être portés qu’à plusieurs et surtout, les fruits ne peuvent être portés que par des rameaux bien branchés sur le cep.
            Pour porter du fruit, vivons en communion avec le Christ et les frères !

4ème dimanche de Pâques

25 avril 2021

Frères et sœurs, Disons ensemble : Christ, tu es le bon berger !
            Il y a, et heureusement, des personnes qui désirent conduire des entreprises, des municipalités, des états… Elles font des promesses : « votez pour moi, adoptez mes méthodes, vos problèmes seront résolus » ; et parfois cela se réalise. Der son côté, Jésus qui désire conduire nos vies nous dit « je vous aime jusqu’à mourir pour vous ». Bien sûr, nous faisons confiance à la plupart des humains ; mais l’alliance qu’incarne Jésus est l’appui le plus sûr. Ce qui différencie Jésus des autres meneurs d’hommes, c’est son amour, sa croix.
            Vous les parents, vous trouvez normal de prendre tous les risques pour épargner un danger à vos enfants ; certains entrent dans un incendie pour en extraire une personne en danger ; certains se jettent à l’eau pour sauver un inconnu en train de se noyer. De même, Saint Jean dit que le bon berger préfère affronter le loup plutôt que de risquer de voir les brebis devenir sa proie. Jésus fait pareil. Les coups qui font souffrir les hommes, il veut les recevoir lui-même sous forme de crachats, de coups de fouet, de clous. Rappelez-vous, la croix de Jésus a été tracée sur vous. Vous avez été baptisés, plongés dans le plus grand amour.
Disons encore « Christ, crucifié, tu es le bon berger »

            Vous, les parents, vous êtes attentifs à chacun de vos enfants : dès qu’ils naissent, vous leur faites un bain d’amour. Nous tous, nous rendons grâce, car dès notre naissance, nous avons été plongés dans l’amour de nos parents. Jésus plonge les hommes dans le grand amour qu’il offre à tous. Notre Seigneur sait la fatigue de la maman et lui dit : « plonge-toi dans le bain de mon amour ». Notre Seigneur comprend le souci du chef d’entreprise en difficulté et lui dit : « je suis à tes côtés pour t’aider à traverser ce souci ». Notre Seigneur sait les difficultés de certains jeunes et de leurs enseignants quand l’année scolaire est bousculée par l’épidémie, et il leur dit « votre contexte génère de l’inquiétude venez vers moi, source de confiance ». Bref, comme les bergers sont attentifs à chacun des membres de leur troupeau, le Ressuscité est attentif à chacun. Disons-lui : Jésus Christ, tu es mon bon berger

            Dernière idée : le berger prend soin et il combat pour défendre son troupeau. Car il ne peut pas se contenter de crier « attention ». Dans nos régions, des loups ont été réintroduits ; et évidemment, les éleveurs de moutons ne peuvent pas se contenter de dire aux moutons « attention ». Il n’en est pas de même du Christ ; lui, il parle à des hommes : et il nous dit : « attention, veillez, tenez-vous sur vos gardes ». En effet, il y a des gens – des loups – qui appellent à mépriser jusqu’à faire des attentats ; il y a des gens –aussi méchants que les loups – qui disent que les gens n’ont pas à prier Dieu et doivent se contenter d’acquérir des choses stupidement terrestres et évidemment très éphémères ; il y a tout ce matérialisme qui invite à courir après du vide… Le Ressuscité nous alerte : attention ! convertissez-vous ! Ne vous laissez pas posséder ; restez libres
            Frères et sœurs, Disons ensemble : Christ, tu es le bon berger !

3ème dimanche de Pâques
18 avril 2021

Frères et sœurs, quand, dans notre lointaine enfance, nous allumions le feu sans charbons rapides, et avec des morceaux de bois parfois trop peu secs, il fallait nous y reprendre à plusieurs fois, nous époumoner ou actionner le soufflet. De même, pour allumer le feu de la foi, Dieu doit s’y reprendre à plusieurs fois. Il a commencé en donnant mission aux femmes d’annoncer aux apôtres que Jésus était vivant, les apôtres n’ont pas cru leur témoignage… Puis il a donné à Pierre et Jean l’idée d’aller au tombeau… le tombeau vide ne suffit pas à allumer le feu de leur foi. Puis Dieu a l’initiative de la rencontre sur le chemin d’Emmaüs et à l’auberge ; puis il a du se manifester aux Onze et à leurs compagnons. Bref, Dieu doit s’y reprendre pour allumer la flamme de la foi. Et il continue : Dieu reprend tous les jours son ouvrage jusqu’à ce que nous arrivions à croire qu’il fait vivre et qu’il transforme les morts en vivants.
            Trois idées : Si le feu de la foi a pris chez les disciples, c’est parce qu’ils se sont rassemblés, que les femmes, Pierre, Jean et les deux d’Emmaüs ont mis en commun leurs expériences de foi naissante et qu’ils ont constaté la convergence des affirmations des uns et des autres. La foi s’installe chez nous si nous nous disons les uns aux autres nos expériences de foi. A l’avenir, les chrétiens ne pourront entretenir la flamme de la foi que s’ils se réunissent même sans messe pour partager leurs expériences de foi.
            La deuxième idée : quand il se montre vivant, Jésus montre ses mains, ses pieds, sa chair, ses os, et il mange. Ce qui témoigne que Jésus est vivant, c’est son corps. Le corps est nécessairement associé à la résurrection. Il ne revient pas à la vie antérieure (il n’a pas intérêt à être à nouveau soumis aux épidémies et à la fragilisation de l’âge) ; il est au contraire libéré des limites terrestres. Aujourd’hui encore, nous expérimentons que notre corps participe à notre acte de foi du dimanche ; nous venons de chez nous à l’église, nous faisons les gestes de salutation, nous mangeons, nous regardons le cierge pascal, nous recevons l’aspersion d’eau, nous faisons des processions, nous chantons, nous mangeons. Et puis, sortis de l’église, quand il n’y a pas d’épidémie, les bras enlacent, les mains secourent, les yeux disent la bienveillance : notre corps est indispensable à la manifestation de l’amour autant que le corps de Jésus ; notre corps sera transformé par l’amour de Dieu, autant que le corps de Jésus..
            Troisième idée : Pour allumer la flamme de la foi, Saint Luc insiste sur l’intelligence des Ecritures. Parce qu’elles témoignent de l’histoire, les Ecritures permettent de vérifier que Dieu est fidèle : nous pouvons donc compter sur lui. Et elles attestent que nous pouvons nous appuyer sur son amour car son amour envers les hommes va au-delà des limites du raisonnable puisque le Christ a souffert la torture. Le vendredi saint, quand nous avons lu les Ecritures (le chant du Serviteur souffrant et la passion), la flamme de la foi en l’amour sans limite s’est rallumée. Pour allumer la flamme de la foi, il faut sans cesse revenir à l’Ecriture, à la révélation de l’amour sans limite.
            Un dernier mot : Jésus dit « A vous d’être les témoins d’un Dieu qui en donnant sa vie s’est montré vraiment vivant ». On sait qu’un témoin intervient quand une affirmation est controversée. Aujourd’hui, comme toujours, le Christ est toujours en procès et il a besoin de témoins pour déposer à la barre. Dans notre pays, certains disent que pour construire la société, il faut évacuer toute référence au christianisme ; eh bien, sont témoins de Jésus ceux qui dénoncent que l’on fasse des choix de société sans se baser ni sur le respect de la vie, ni sur la fidélité de l’amour, ni sur la supériorité de l’homme par rapport aux avantages économiques. Le témoin de Jésus va le plus souvent à contre courant. Etant témoins de Jésus ressuscité, il est normal que nous allions à contre courant.
            Frères et sœurs, le Christ a été témoin de l’amour du Père en disant « mon corps livré » ; nous serons témoins en disant sur nous-mêmes « mon corps livré ».

2ème dimanche de Pâques

11 avril 2021

Les évangiles montrent que les apôtres ont mis du temps à croire que Jésus est ressuscité. Par exemple saint Marc dit que les femmes sont allées au tombeau de Jésus, qu’elles ont reçu le message d’un ange disant « Jésus est ressuscité », qu’elles tremblent tellement qu’elles n’en disent rien. St Marc dit aussi que quand Marie Madeleine raconte qu’elle a vu le ressuscité, les compagnons ne la crurent pas. Et aujourd’hui, saint Jean dit que Thomas a été lent à croire. Ne nous étonnons pas que beaucoup, aujourd’hui, aient du mal de faire ce saut dans la foi. Et nous-mêmes, si nous avons des doutes, ne pensons pas que nous n’avons pas la foi :
            Bien sûr, à notre époque, dans notre culture, l’esprit scientifique conduit à questionner à se méfier des ouï-dire, à vérifier… comme Thomas ! Mais ce besoin de vérifier n’est pas un manque de foi, car la foi n’est pas la crédulité ; les croyants ne sont ni sots ni obscurantistes. Vous les époux, vous les amoureux, vous ne donnez pas votre confiance à votre conjoint sans avoir vérifié que la personne est digne de votre confiance. Jésus ne s’offusque pas non plus que les hommes vérifient qu’il est digne de confiance. 
            Si vous avez des doutes, c’est simplement parce que vous ne savez pas tout de Jésus. Et de même que vous avez confiance en votre conjoint bien que vous ne sachiez pas tout de lui, de même vous pouvez faire confiance au Christ bien que vous ne sachiez pas tout de lui.
            Thomas fait donc un déplacement ; il passe du besoin de vérifier à la profession de foi, Qu’est-ce qui fait de Thomas un maître capable de nous conduire à dire « mon Seigneur et mon Dieu » ?
            Thomas – comme tous les autres disciples – avait espéré que Jésus serait le libérateur invincible, et il a été profondément blessé de voir Jésus en position d’échec, subissant la méchanceté, les faux témoignages, les trahisons, les violences. Le terreau dans lequel a germé la foi de Thomas, c’est ses blessures. Or nous aussi, nous portons des plaies venant de soucis de santé, de mésentente en famille, d’échec en matière d’éducation… mais aussi des plaies provoquées par le fait que Jésus semble impuissant à imposer sa loi d’amour et à renverser les injustices. La déclaration de Thomas « si je ne vois pas, je ne crois pas » n’est pas le mot d’un prétentieux ; c’est le mot d’un blessé, et je le traduis ainsi : « avant d’affirmer que Jésus est ressuscité, je voudrais voir s’il comprend la blessure que je porte » Thomas nous dit donc que nous serons éducateurs de la foi non pas si nous martelons des dogmes, si nous avons réponse à tout, comme si nous savions tout sur Dieu, mais si nous montrons nos plaies, notre besoin de salut.
            Thomas a des plaies. Il ne demande pas que Jésus manifeste sa puissance divine par un miracle ; il demande que Jésus lui montre ses plaies humaines. Thomas qui a une grosse plaie peut dire à Jésus avec foi : « tu me comprends puisque tu as des plaies ». Les plaies du Christ ont été la boussole des gens blessés parce qu’elles révélaient l’amour infini. Aujourd’hui les gens blessés par la maladie ou le chômage ou la solitude… ont besoin de voir deux sortes de plaies : d’abord les plaies de Jésus qui s’est exposé aux tortures, aux trahisons, aux injustices : c’est la preuve qu’il a fait alliance avec tous ceux qui ont des plaies ; c’est la preuve que Dieu ne se tient pas loin de ceux qui sont dans les tragédies. Et puis, les gens d’aujourd’hui ont besoin de voir les plaies des chrétiens : ils croiront qu’une espérance est possible s’ils voient des chrétiens prendre de leur temps pour combattre les injustices et les solitudes, prendre des risques pour apaiser des révoltes et des divisions. Il y a partout des gens qui renoncent à leur propre confort, et disent sur eux-mêmes « mon corps livré » parce que Jésus est vivant en eux.   Frères et sœurs, le service que nous avons à rendre à tous ceux qui ont des plaies, c’est de leur rappeler Jésus en croix, solidaire de tous ceux qui ont des plaies… et de nous montrer disponibles, prêts à dire sur nous-mêmes « mon corps livré », prêts à dire « vous d’abord avant moi ; mes plaies sont secondaires par rapport à votre service ».

Pâques
4 avril 2021

Frères et sœurs, en écoutant les alléluias, je me demandais si nos expressions de joie n’offensaient pas les frères qui vivent des tragédies. Pouvons-nous chanter alléluia, alors que tant de gens connaissent la détresse ? L’Evangile dit que Marie est allée au tombeau de grand matin, quand il faisait encore sombre ; sur notre terre, il fait encore sombre. L’évangile dit que Marie et ses compagnes ne trouvent pas Jésus ; nous aussi parfois, nous ne savons pas où est le Seigneur dans notre histoire si perturbée.
            Où est le Christ aujourd’hui ? Où trouver le Christ ressuscité ? Où voir son action ?
            Pour répondre à cette question, je ne peux m’appuyer que sur les textes du Nouveau Testament. Ils disent clairement que personne n’a assisté à cette action par laquelle Jésus est passé de l’état de cadavre à l’état de Ressuscité ; mais ils disent que les amis de Jésus sont passés de l’état d’accablement à l’état de paix et de joie. Les évangélistes disent que le renouveau des gens ne s’explique que parce que Jésus est vivant en eux. En conséquence, ceux qui cherchent des indices de Jésus ressuscité en trouvent chez ceux qui se laissent transformer par l’Esprit de Jésus. Ainsi saint Luc parle de Jésus ressuscité quand, décrivant la communauté de Jérusalem, il expose que le Christ d’amour vit tellement chez les gens qu’ils pratiquent le partage total des biens, qu’ils sont portés par une prière fervente, qu’ils reçoivent la paix en abondance en méditant la Parole. L’existence d’une telle communauté ne s’explique que par le fait que le Christ y déploie activement son Esprit ; donc, il est vivant. On dirait que la conversion de saint Paul, de saint François, nos conversions … ne s’expliquent que parce que Jésus est ressuscité.
            Actuellement, dans notre monde de chacun pour soi, le Christ est là où des gens partagent ; c’est le Ressuscité qui renverse en eux le réflexe égoïste. Dans notre monde de rancune, il est là où des gens pardonnent ; c’est le Ressuscité qui neutralise en eux la vengeance. Dans notre monde où le matériel est la préoccupation majeure, le Christ est là où des gens accordent de l’importance aux choses spirituelles ; c’est le Ressuscité qui extrait leurs cœurs de l’emprise du matériel. On se souvient de la parole de saint Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » Eh bien, voyant tous ceux qui vivent l’une ou l’autre des béatitudes, nous disons que le Christ vit en eux ; le Christ est vivant aujourd’hui.
            Le Christ n’est pas un personnage du passé, comme Vercingétorix à qui la mort a ôté toute influence. Le Christ est puissamment actif ; il travaille à ce que les gens se traitent fraternellement. Il travaille à ce que chacun se soucie de la maison commune et des relations de justice ; il travaille à ce que les familles soient des maisons sûres, à ce que les gens des paroisses se soutiennent dans la foi et que les gens des villages s’entraident dans la charité. Il façonne des gens qui se dérangent les uns pour les autres, des gens qui disent « après vous » non seulement quand il s’agit de passer une porte, mais quand il s’agit d’accéder à un bien : mon frère d’abord, avant moi. « Après vous, vous avant moi », ce devrait être le mot que les amis de Jésus devraient dire par réflexe.
            Jésus n’a pas été actif seulement autrefois et en Palestine : il est actif aujourd’hui et partout. Je rêve que nous ne nous couchions pas sans avoir écrit un, ou deux, ou trois signes qui montrent que, malgré les tragédies du monde, le Christ de l’amour est vivant et actif. Si nous faisions cela, nous croirions mieux à la résurrection, et même en dehors des temps de célébration, nous chanterions des Alléluias venant du fond du cœur !

Fête des Rameaux
28 mars 2021

Il est clair que cet évangile parle de nous. Quand Jésus a dit : « l’un de vous va me livrer », nous avons tous dit secrètement ‘Serait-ce moi ?’. Quand l’évangile dit « Il les trouva endormis… tous s’enfuirent », nous avons tous pensé à nos tiédeurs et à nos lâchetés. Quand nous avons entendu Pierre dire ce parfait mensonge : « je ne le connais pas », nous avons baissé la tête, sachant bien que cela nous arrive de prendre des distances par rapport à Jésus.      Mais, par ailleurs, nous avons acclamé le Christ durant la procession, et cela montre que nous l’aimons et que nous l’admirons d’avoir donné sa vie pour nous. En fait, pourquoi sommes-nous attachés à un homme qui est mort et pourquoi disons-nous qu’il est notre Dieu ? Parce que jamais dans l’histoire un homme n’a été aussi loin dans l’amour de Dieu et l’amour fraternel. Les gens applaudissent ceux qui leur en mettent plein la vue par leur succès médiatique ou leurs performances sportives ; nous, aujourd’hui, nous applaudissons celui qui n’est pas hautain puisqu’il vient sur un âne, « qui se laisse instruire »(Isaïe), qui « ne se dérobe pas » quand son engagement à aimer devient très exigeant (Isaïe), qui se dépouille lui-même (Philippiens), qui souffre l’atrocité en silence sans répliquer. Nous aimons le Christ parce qu’il considère que les hommes sont plus importants que lui. Nous aimons celui qui dit « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien » (1 Co 13) Nous sentons que nous aussi, si nous n’avons pas l’amour, nous ne sommes que de parfaites nullités… et que nous avons donc besoin d’être sauvés.
            Heureusement, le Christ, fils de Dieu, est descendu au plus bas, pour que personne ne soit plus bas que lui, dans la déprime, ou dans les affres de la rancune, dans la douleur de la maladie. Parce qu’il s’est abaissé par amour, Dieu l’a souverainement élevé ! et nous disons qu’il est notre Dieu. La Passion, c’est Dieu qui nous aime au plus haut degré.

5ème dimanche de Carême
21 mars 2021

Avant la 1ère lecture

            Vous savez que les prophètes prennent la parole pour dénoncer ce qui fait sortir de l’alliance, et donc pour rappeler au peuple ce qu’il faut faire pour vivre dans l’alliance. Ce qu’il fallait faire pour vivre dans l’alliance était écrit sur du papier : c’était la Loi. Vous écouterez bien : le prophètes va dire où Dieu va écrire désormais sa loi d’alliance.

Avant la 2ème lecture

On va nous parler du Christ. On va dire en particulier qu’il a appris l’obéissance. Il n’a pas obéi à un père tyrannique ; il a obéi à la loi d’amour que le Père a inscrit dans son cœur. Il a obéi à cette loi quoi qu’il lui en coûte… et c’est ainsi que nous devrions obéir à la loi d’amour inscrite dans notre cœur.

Après l’évangile        

Dimanche ! Ce jour qui ponctue nos semaines, nous rappelle la loi d’amour que Dieu a écrite dans notre cœur autant que dans le cœur de Jésus : la loi d’amour demande que nous disions sur nous « mon corps livré pour les autres, ma vie donnée pour les autres ». Or nos semaines sont parfois lourdes ; quand on aime vraiment, on s’épuise. Alors ne voyant pas le fruit de nos efforts, nous en viendrions à croire que nous travaillons en vain, en pure perte. Or le dimanche – le jour du Ressuscité – nous dit « non, vous allez vers votre naissance ». Et notre marche du carême, notre marche vers Pâques, avec les privations et le jeûne, nous la faisons comme une marche vers notre naissance. Oui, j’ai à naître, car je pense que je ne suis pas encore né comme homme selon Dieu. Parce que je suis moyennement ajusté à Dieu, il me reste à naître enfin comme homme juste. Parce que je suis moyennement fraternel, il me reste à naître comme homme fraternel. Moi qui suis plein de compromissions, il me reste à naître comme homme à l’image du Christ. Vous pensez sans doute que vous êtes dans le même cas. Notre vraie naissance n’est pas réalisée
            Eh bien, le dimanche rappelle ce que Dieu fait pour que nous naissions. L’alliance : je vais conclure une alliance, je mettrai ma loi au fond de leur cœur ». Cette loi unique, c’est la loi du grain de blé. Le grain de blé s’il pouvait parler dirait « mon corps livré pour l’épi », comme Jésus a dit « mon corps livré pour vous ». La loi que la messe inscrit en nous, c’est la loi du grain de blé selon laquelle on naît comme homme fraternel, dans la mesure où on décide se donner, de se déranger pour les autres ; c’est la loi selon laquelle on naît comme homme ajusté à Dieu dans la mesure où l’on vit pour les autres, comme le Christ.
            C’est que le Christ a obéi à la loi du grain de blé. Sa mort, il ne l’a pas envisagée comme un anéantissement mais comme la condition pour être fécond « celui qui donne sa vie la garde ». C’est curieux, même moi qui suis fils de paysan et qui ai moi-même semé le blé, je n’ai pas toujours le réflexe de croire que j’ai à obéir à la loi du grain de blé : quand quelqu’un vient me déranger dans mon travail et me prend mon temps, je dois d’une certaine manière mourir, comme le grain de blé. Je devrais penser que c’est ce dérangement, cette mort qui va me permettre d’être fécond. Mais je n’y pense pas toujours. En revanche quand je vois des gens qui se décarcassent, je trouve que c’est beau. Parce que l’homme est noble quand il se donne, comme le grain de blé se donne pour l’épi… comme Jésus s’est donné. Ainsi je naîtrai comme homme si j’ai le réflexe de dire « qu’est-ce que Jésus ferait à ma place ? » ou si je dis sur moi « mon corps livré.
            Quand nous faisons notre examen de conscience, nous dirons d’abord merci à Dieu pour son alliance : il s’occupe de nous paternellement : et puis, nous nous poserons une seule question : ‘est-ce que j’ai obéi à la loi du grain de blé , ai-je dit sur moi mon corps livré’ ?           Maintenant, célébrons Dieu qui conclut avec nous une alliance nouvelle, qui nous donne Jésus et sa loi du grain de blé.

4ème dimanche de Carême
14 mars 2021

Frères et sœurs

            Jésus fait un diagnostic décourageant : « les hommes préfèrent les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres sont mauvaises ». A la lumineuse fidélité telle que le Christ l’a révélée, ils préfèrent les infidélités cruelles ; à la lumineuse vie fraternelle, ils préfèrent les querelles et les guerres ; au lumineux pardon, ils préfèrent les rancunes dévastatrices ; à la lumineuse justice, ils préfèrent le chacun pour soi…. C’est bien vrai, les hommes préfèrent les ténèbres à la lumière.
            Il y a des malades qui ne peuvent pas guérir parce qu’ils ne reconnaissent pas qu’ils sont malades. Si un malade veut guérir, il faut déjà qu’il reconnaisse sa maladie. De la même façon, le carême nous est donné pour que sans tricher, nous prenions conscience de nos ténèbres. Nous ne pouvons dire que le Christ est le plein jour que si nous avouons notre nuit ? Nous ne pouvons admirer la liberté qui est dans le Christ que si nous déplorons nos esclavages. Nous ne nous jetterons pas dans les bras du Christ pour avoir la paix qu’à condition de reconnaître nos réflexes querelleurs.
            Le Christ est lumière : est-ce que nous courrons à sa rencontre, ou est-ce que nous préférons nos ténèbres ?
            Certes, il ne suffit pas de reconnaître nos maladies pour guérir ; mais reconnaître qu’on est malade et décider de consulter le médecin, c’est le début de la guérison. Et vous avez entendu que pour être guéri des serpents (de toutes nos maladies) il faut lever les yeux vers le Crucifié : 
,           Jésus, Crucifié, tu es le vrai médecin qui guérit de l’atrophie de l’amour, car tu aimes sans condition, sans préalable… et quoi qu’il lui en coûte. Jésus Crucifié, tu guéris de l’anémie de l’espérance car tu plantes sur la terre le signe qu’elle est aimée d’un amour infini. Jésus Crucifié, tu guéris de l’amollissement de la fidélité, car tu plantes dans la jungle de nos infidélités l’emblème de la fidélité imperturbable. Jésus crucifié, tu guéris de la fièvre des jalousies, des solitudes, des trahisons… car tu montres à celui qui souffre que Dieu souffre avec lui.
            Frères et sœurs, si Jésus a du aller à la croix, c’est parce que les hommes ne trouvent pas en eux-mêmes le remède à leurs maux (depuis le temps qu’on cherche la paix et la justice on ne les a pas encore trouvées. Regardons : le remède à tous nos maux nous est donné par le Dieu dont l’amour est sans bornes, dont la richesse de grâce est surabondante, le Dieu qui est riche en miséricorde, comme dit saint Paul.
            Une chanson disait : « nous irons tous au paradis » ; elle énonçait qu’il y a de l’espérance. Mais elle ne disait pas que pour aller au paradis, il fallait préférer la lumière aux ténèbres. Bien qu’ayant sous les yeux l’éminente lumière du Christ en croix, je reste capable, nous restons capables de préférer nos ténèbres à la lumière. Bien qu’ayant dans les oreilles les paroles du Christ riche en réconciliation, je reste capable – nous restons capables – de préférer les rancunes à la réconciliation ; bien qu’ayant appris que la joie vient quand on donne la priorité aux frères, je reste capable de préférer mon confort à cette joie. Il s’ensuit que mon entrée dans le paradis, c’est moi qui la décide. C’est moi qui fais mon jugement. Frères et sœurs, n’accusons pas Dieu de punir les hommes : c’est nous qui nous punissons. Nous récoltons ce que nous semons.
            Et pourtant dit l’évangile, celui qui croit au crucifié échappe au jugement. Cette parole résonne ainsi dans mon cœur : si je me laisse saisir vraiment par le grand amour de Jésus, je vais préférer sa lumière à mes ténèbres, je vais choisir le chemin du Christ, le chemin du paradis.

            Nous avions 40 jours pour prendre cette décision ! A mi-chemin, où en sommes-nous ? 

3ème dimanche de Carême
7 mars 2021

Il n’y a que les anarchistes qui refusent les lois. Pour que la société vive, il faut qu’elle indique à chacun ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire ; car chacun a besoin de repères comme le jeune arbre a besoin d’un tuteur, comme la rivière a besoin de rive. Le grand repère des hommes, c’est la Loi pleine de sagesse, la loi de Dieu, la loi d’amour. Nous nous rendons compte qu’en donnant aux hommes sa loi d’amour pour remplacer notre loi de la jungle, Dieu nous fait un fameux cadeau. De même il nous a fait un immense cadeau en nous donnant Jésus qui a totalement obéi à la loi d’amour, ce qui l’a conduit à être le Grand Vivant, le ressuscité.
            Jésus a accompli la loi d’amour en payant de soi pour les autres, sur la croix ! Jésus a indiqué que le culte consiste à offrir à Dieu et aux frères le cadeau qui vient du cœur, à s’offrir soi même, à offrir son nécessaire ! Comme il est bon que le carême nous dise la vraie sagesse ! Bien vivre le carême, c’est progresser dans la vraie SAGESSE.
            La loi de Dieu est sagesse parce qu’il nous veut libres. Il a signifié sa volonté de nous voir libres en libérant de l’esclavage en Egypte ; et s’il donne le commandement d’amour, c’est qu’il ne voudrait pas que nous retombions dans d’autres esclavages. Ainsi, le commandement « tu ne commettras pas de meurtre» garantit contre l’esclavage de la haine ; le « tu ne commettras pas d’adultère » garantit contre l’esclavage des instincts sexuels ; le « tu ne porteras pas de faux témoignage » garantit contre l’esclavage du mensonge ; le commandement « tu donneras ta vie » garantit contre l’esclavage du « moi, je ».. Réjouissons-nous d’avoir reçu la loi de Dieu ; elle seule rend libres. En chantant le psaume « la loi du Seigneur est parfaite », nous avons dit qu’il n’y a rien de mieux que la loi de Dieu, parce qu’elle rend libres, elle fait ressusciter.
            Frères et sœurs, nous pouvons vérifier que la loi de Dieu est la sagesse. Quand nous payons de nous, nous décidons que les autres sont plus importants que nous, et nous renversons l’idole qui rend esclave et qui s’appelle « moi d’abord ». Quand nous désapprouvons le réflexe qui fait dire « c’est son problème qu’il se débrouille », nous abattons des murs d’indifférence et des rivalités… Quand notre cœur vibre en entendant Jésus dire « mon corps livré pour vous », nous prenons le chemin de la sagesse : nous acceptons d’être tous frères, ayant tous la même dignité et nous nous mettons au service du bien commun.
            C’est ce message que livre l’évangile d’aujourd’hui. En chassant ceux qui vendent des animaux à offrir à Dieu, Jésus fait comprendre que Dieu n’a pas besoin de bœufs ou d’agneaux. Il fait comprendre que pour être filiaux il faut remplacer l’offrande d’animaux par l’offrande de soi.. St Paul le dit « offrez vos vies en sacrifice pur et saint capable de plaire à Dieu » (Romains 12,1) Ce serait bien si nous disions à Dieu « je m’offre à toi ; je mets à ta disposition tout ce que tu m’as donné, ma santé, mes talents, mon savoir faire, mon temps… » La messe fait mémoire de l’offrande que Jésus a faite de lui-même ; eh bien, comme Jésus a fait l’offrande de lui-même, faisons l’offrande de nous-mêmes. Permettez que je cite la prière du Bx Charles de Foucauld, et que j’invite chacun à la prendre à son compte : « Mon Père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout pourvu que ta volonté se fasse en moi. Je remets mon âme entre tes mains ; je te la donne avec tout l’amour de mon cœur ; parce que je t’aime et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains, sans mesure, avec une infinie confiance. »

2ème dimanche de Carême
28 février 2021

Aimez-vous la montagne ? Je pose cette question parce qu’aujourd’hui, Dieu nous parle par trois épisodes qui se passent sur des montagnes : d’une part Abraham gravit une montagne pour offrir son fils, d’autre part Jésus gravit une haute montagne où il est transfiguré ; et la messe rappelle que Jésus qui meurt pour les hommes est parvenu au sommet de la seule vraie montagne, celle de l’amour. S’il est question de montagne, ce n’est pas pour mentionner une altitude, mais pour dire que les évènements qui s’y passent sont des sommets de foi et d’amour. Abraham qui remet à Dieu ce qu’il a de plus cher, son fils, a gravi un sommet de foi et d’amour ; au calvaire où Dieu ne recule devant aucune souffrance pour nous, expose le sommet de la révélation ; enfin, à la transfiguration, celui consent à donner sa vie pour la multitude révèle qu’il est au sommet de l’amour.
            C’est le carême. Nous nous plaçons devant ces sommets ; ils existent avant nous… et ils nous appellent à monter. Eprouvons que le carême nous appelle à monter vers plus de prière, plus de fidélité, plus de bienveillance, plus de réconciliation… Parce que ces appels à monter conduisent à la joie, à notre transfiguration, nous verrons que le carême est un temps de joie, un temps de renaissance, un temps qui prépare à la renaissance de Pâques.
            Comment allons-nous monter ? C’est à chacun de décider s’il empruntera surtout le sentier de la prière, ou s’il fera un détour par une réconciliation, ou s’il prendra le raccourci du don de soi… Il se trouve que le Pape François a publié une lettre intitulée « tous frères, fratelli tutti ». C’est pourquoi, je propose que nous suivions un sentier commun, celui de la fraternité. 

            Car ceux qui vivent en frères sont sur le sommet. Or, la société met les gens en compétition (il faut être meilleur que le voisin), cela crée des murs et la pandémie avec les mesures barrières surélève les murs. Un effort de carême consisterait à réagir à cette construction de murs. Voici ce que le pape écrit : « Des barrières sont créées par l’auto-préservation de sorte que seul existe « mon » monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement « eux ». Réapparait la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et qui conque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque l’altérité ».

            Le jour de la fête des mères, un enfant est allé vers sa maman avec son dessin et il a dit : « maman, j’ai mis dans ce dessin tout mon amour ». Si nous pouvions dire au Seigneur « je fais telle démarche fraternelle avec tout mon amour »… si nos proches, nos voisins, nos collègues s’apercevaient que nous agissons pour eux avec tout notre amour, nous serions vraiment beaux, transfigurés. Finalement, le meilleur esthéticien, l’esthéticien des baptisés, c’est Jésus Christ ; il rend les gens beaux, il les transfigure, parce qu’il dépose en eux son amour.
            Alors, disons au Christ :
            « Christ, mets en moi la volonté d’aimer : enveloppe-moi de ta beauté »
            « Christ, fais de moi un assoiffé de justice ; transfigure-moi »
            « Christ, fais de moi un artisan de paix ; que mes proches soient dans la lumière »
            « Donne-moi de tout faire par amour ; donne-moi de te ressembler »

1er dimanche de Carême
21 février 2021

Avant la 1ère lecture          
Frères et sœurs, le 1er dimanche de carême est un départ, non vers l’accablement, mais vers la fête la plus joyeuse : Pâques ! Mais, s’il est vrai que le carême nous invite à aller vers Dieu, il est surtout vrai que lui s’approche de nous comme tout père accourt vers son enfant qui est tombé. Notre Dieu s’approche de nous pour nous parler afin que nous ayons la joie de Pâques.

Après l’évangile.
Quand Dieu s’est approché de Noé, il ne lui a dit qu’une parole : «je fais alliance avec vous ». Dieu nous tient le même discours. Son alliance n’est pas un engagement hésitant du genre « je serai peut-être votre allié » ; ni un engagement sous condition : « je serai votre allié à condition que… vous vous amélioriez pendant le carême ». Non, Dieu dit au monde tel qu’il est : «aujourd’hui j’établis mon alliance avec vous». Dieu est pour l’homme ; il dit un oui définitif à l’humanité. Que celle et celui qui se croit sur une mauvaise pente, celle et celui qui est comme prisonnier d’un mauvais penchant, celle et celui qui ont de gros soucis,… bref que chacun se dise « Dieu s’approche de moi, il fait alliance avec moi ; je suis sauvé ». Dieu est l’allié de notre monde qui égrène ses joies mais aussi ses tragédies et ses inquiétudes.
          Le mot central de la Bible, c’est ALLIANCE. Alliance de Dieu avec les hommes, et donc alliance des hommes entre eux ; communion des hommes avec Dieu, et donc communion des hommes entre eux. On ne pourrait pas se déclarer en alliance avec Dieu si on n’est pas en alliance avec les frères ! On ne pourrait pas être en communion avec le Père de tous si on n’est pas en communion avec tous ceux qui habitent la maison commune. Tous frères !
          En disant cela, je dis à quelle tentation nous devons résister ; pas la tentation de manger des friandises ; mais la tentation de sortir de l’alliance de Dieu et de sortir de la communion avec tous les frères. Cette tentation est si forte que nous prions « ne nous laisse pas entrer en tentation ».
          Je n’ai pas besoin de m’étendre sur la tentation de ne pas considérer les autres comme des frères, mais comme des bons à rien, des gens à éviter… et cela dans le quartier, dans le travail et même en famille : combien de fois nous consentons à ce que les autres ne soient pas des frères, et donc nous ne sommes plus en alliance avec eux ! Je voudrais en revanche expliciter la tentation de sortir de l’alliance avec Dieu. Il s’agit de la tentation de nous méfier de Dieu en pensant qu’il ne veut pas notre bien, et qu’il nous ment. Lorsque Dieu me dit « tu seras heureux si tu penses d’abord aux autres », je suis tenté de répondre « tu me mens, je suis plus heureux si je vis en fonction de moi ». Lorsque Dieu me dit « tes idoles te rendent esclave », et « tu seras heureux si tu partages », je suis tenté de répondre « tu me mens, mon bonheur c’est d’avoir ceci et cela pour moi ». En fait nous sommes tentés toujours de prendre Dieu pour quelqu’un qui ne veut pas notre bien… dans ce cas, nous ne le prenons pas pour notre allié ! Vous conviendrez que c’est grave de penser que Dieu notre père nous mentirait au lieu d’être notre allié. La messe, le mémorial du Christ qui meurt pour nous interdit de penser que Dieu ne veut pas le bien de l’homme.
          Quand Jésus base sa vie sur l’alliance, il vivait parmi les bêtes sauvages ! Même les bêtes sauvages comprennent qu’il est leur allié. Ayons autant de sagesse qu’elles ! 

6ème dimanche du temps ordinaire
14 février 2021

Frères et sœurs, Saint Paul, dans la 2ème lecture, dit: « Moi, j’imite le Christ ». Je trouve que saint Paul a de la chance de dire qu’il imite le Christ. Moi, je suis loin de pouvoir en dire autant, car je fais le mal que je ne voudrais pas et je ne fais pas le bien que je voudrais faire. Il n’empêche que le Christ Jésus nous dit « soyez mes imitateurs » et qu’il est à nos yeux l’homme réussi. Connaître le Christ c’est avoir sous les yeux l’homme qui a réussi sa vie, parce qu’il l’a remplie d’amour ; réussir sa vie, c’est imiter le Christ, remplir notre vie d’amour.
            On dit qu’il faut imiter Jésus ; mais est-il imitable, lui que l’on voit transgresser les lois de sécurité sanitaire, lui que l’on voit toucher le lépreux, l’intouchable. C’est que lui, l’homme pur, ne craint pas d’être contaminé par le malade ; au contraire, c’est lui, l’homme pur qui purifie l’homme impur. Aujourd’hui, des malades du Covid endurent une double peine : ils sont malades et en plus, ils ne peuvent voir leurs proches ; certains agonisent sans qu’une main tienne la leur. A la maladie s’ajoute une sorte de mort sociale. Vous voyez que c’est déjà pour anéantir la mort sociale que Jésus transgresse la loi et touche le lépreux. Plus tard, il fréquentera les pécheurs prétendus infréquentables parce qu’il ne veut pas d’exclus. Jésus piétine les lois qui entretiennent le non-amour. Ne pensez-vous pas que nous devrions l’imiter ?
            C’est qu’il y a des lois qui ne visent pas à plus d’amour, qui nous conditionnent et qui font que des gens sont pris pour des lépreux. Certes aucune loi n’impose de crier « impur, impur » mais il y a des lois qui font que des gens n’ont jamais de voix au chapitre, tels des lépreux ; il y a des pressions familiales qui font que tel frère ou tel beau frère est un être à ne pas fréquenter, tels des lépreux ; il y a dans l’air l’idée que celui qui a fauté une fois est définitivement irrécupérable… Voilà des lois de non amour. Jésus nous invite : « soyez mes imitateurs, ne supportez pas les exclusions »
            Tout le monde connaît la fresque où Michel Ange représente Dieu qui tend la main vers l’homme. Comme Jésus a tendu la main pour toucher le lépreux, il tend la main pour vous toucher ; c’est pourquoi vous chantez « Gloire à Dieu ». Il tend la main pour toucher les personnes seules, les personnes méprisées, les personnes qui ont fauté ! C’est pourquoi nous lui chantons « gloire à toi ».
            Alors le lépreux dit « si tu le veux, tu peux me purifier ». Frères et sœurs, dans le silence de notre cœur, faisons la même prière : « si tu le veux, tu peux me purifier » (silence)
            Jésus ne répond pas : j’y consens. Il répond « je le veux, sois purifié ». Nous lui dirons « dis seulement une parole et je serai guéri » et il répond : « je le veux, sois guéri ». Quand nous disons « que ta volonté soit faite », nous exprimons que nous avons bien compris que la volonté de Dieu, c’est que nous soyons guéris dans notre corps et dans notre cœur.
            Permettez que je cite un écrit de st François qui était contaminé par la richesse et les futilités et que le Christ a touché si bien qu’il s’est mis à toucher les lépreux : « Quand j’étais dans le péché la vue des lépreux m’était insupportable, mais le Seigneur lui-même me conduisait parmi eux et je les soignais avec compassion. Et quand je les quittais, ce qui m’avait semblé amer s’était changé pour moi en douceur pour l’esprit et pour le cœur ».
            Il s’agit donc d’imiter le Christ, de faire aux autres ce que Jésus a fait pour nous. Le Christ nous a touchés alors que nous étions pécheurs : nous n’aurons la paix que si nous touchons les frères pécheurs. Le Christ nous a pardonné ; nous n’aurons la paix que si nous pardonnons aux frères pécheurs. Le Christ nous a fait confiance ; nous n’aurons la paix que si nous faisons confiance aux frères pécheurs…
            Dernier mot : c’est la saint Valentin : vous les couples, les fiancés, les mariés, vous avez une belle mission : être le remède contre la lèpre de notre société. Merci à vous : votre union est un signe de la présence du Christ. L’Eglise tient à vous redire votre mission : aimez-vous si bien qu’en vous voyant, les gens disent « le Ressuscité est là ». Et vous les célibataires, vous n’avez pas de conjoint, mais vous donnez de l’attention à ceux-ci ou ceux-là : vivez votre générosité pour que les gens disent « c’est ça qui grandit l’homme, le Vivant est là ». Et vous les veuves et les veufs, vous portez à jamais le sceau de ce qu’il y a de plus beau : l’alliance qui est l’image de la Trinité.
            Fiancés, mariés, veufs, célibataires, pour notre joie et celle de notre entourage occupons la place centrale du monde et de l’Eglise : imitons Jésus. Mettons de l’amour là où il y a la haine, mettons du fraternel là où il y a crispation sur soi-même et sur ses avantages ; mettons de la bienveillance là où il y a la malveillance… alors la paix viendra, nous aurons réussi notre vie.

5ème dimanche du temps ordinaire
7 février 2021

Nous sommes envoyés en mission dans nos villages. Mais nous nous demandons si notre Jésus intéresse les gens. Nous serions tentés de dire qu’il n’intéresse que peu de gens, des gens âgés. Or, les disciples disent à Jésus : « tout le monde te cherche ». C’est sûrement vrai : quand il y a des malheurs, tout le monde dit « Dieu, viens nous aider ! Pourquoi permets-tu cela ? Christ guéris, donne ta force… » Tout le monde cherche un sauveur ; tout le monde cherche Jésus : .
            Le problème est que cette foule ne cherche Jésus que quand il y a des problèmes ; et qu’elle ne le cherche pas toujours au bon endroit. Certains aimeraient trouver le Christ s’il était dans un lieu fixe… par exemple dans le tabernacle d’une église. Mais nous trouvons Jésus plus sûrement dans la vie courante, quand nous l’entendons nous dire ce qu’il disait « allons ailleurs dans les villages voisins », c’est à dire : « Viens avec moi là, il y a des gens qui font des journées d’esclaves, écrasés par une somme de travail ; viens avec moi là où il y a des gens qui font des journées de chômeurs vides de tout projet ; viens avec moi là où il y a des gens qui ont peur … là où il y a des jeunes sans espérance…là où il y a des malades ». St Paul a rencontré le Christ quand, avec le Christ, il s’est fait faible avec les faibles… quand avec le Christ, il s’est fait tout à tous.
            Tous ceux qui cherchent le Sauveur, nous les aidons à le trouver si nous allons là où il faut recréer de l’espoir, là où il est urgent de rebâtir la dignité, là où il faut prendre la défense des gens. Tous ceux qui cherchent le Sauveur, nous les aidons à le trouver si nous chassons la fièvre de l’argent, la fièvre de la peur, la fièvre de la discorde… aussi efficacement qu’il a chassé la fièvre de la belle-mère de Pierre. En tous cas, apprenons que dans notre société qui s’intéresse à de nombreuses choses qui n’ont rien à voir avec la religion, « tout le monde cherche le sauveur.      
            Qu’est-ce qui montre qu’un jour on a trouvé le Sauveur ? C’est qu’on reproduit ce que fait la belle-mère de Pierre ; elle s’est mise à servir… à l’image de Jésus serviteur. Frères et sœurs, tout à l’heure, vous allez faire cette prière « dis seulement une parole et je serai guéri » ; eh bien vous serez vraiment guéris de vos fièvres si vous vous mettez à servir ; tant qu’on n’est pas serviteur, on n’est pas guéri, on n’est pas à l’image de Jésus.
            Je sais que des gens ont une surcharge de travail, une surcharge de soucis… et qu’ils disent comme Job : « la vie est une corvée ». Je pense que ma vie est une corvée quand je ne m’occupe que de moi ; le sentiment de vide m’est affreusement désagréable. Ma vie n’est pas une corvée quand je ne suis pas centré sur moi, quand j’aide les autres à vivre, que je vais voir ceux qui sont brisés et que je les écoute. Je suis convaincu que la charité c’est la santé, c’est la guérison.        
            Ce dimanche est désigné comme journée mondiale de la santé. Notre société, comme celle que décrit saint Marc, comporte beaucoup de malades ; les malades physiques, et les autres. Il y a environ 15 000 suicides par an dans notre France ! C’est qu’il y a un malaise. Ne trouvez-vous pas que si nous vivions conformément à notre baptême, si nous avions trouvé vraiment le Christ, nous sentirions l’impératif de servir et d’aider les autres à vivre ? 
            Ce que nous disons là, Jésus l’a dit avant nous avec ces mots : mon corps livré pour vous. Prendrions-nous un instant pour penser à une personne qui attend un geste de notre part ? Prendrions-nous un instant pour décider de nous déranger pour elle ?  

4ème dimanche du temps ordinaire
31 janvier 2021

« Jésus enseignait ; on était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes ».
            Frères et sœurs, qu’est-ce qui caractérise l’autorité de la parole de Jésus ? C’est qu’elle  vise juste, elle atteint le cœur, elle ouvre un horizon de liberté, de confiance, de paix. Après avoir rencontré Jésus, les personnes partent avec la joie d’être libérées d’un mal physique ou mental ou spirituel… Bref, quand Jésus passe et parle, on a l’évidence que le Royaume de Dieu est là, que les gens sont recréés, que l’on n’a pas entendu des promesses vaines mais des mots qui font vivre. Frères et sœurs, vous avez sûrement fait la même expérience et retenu des paroles de Jésus qui vous apportent de l’oxygène. L’une qui m’émerveille, c’est « tout ce qui est à moi est à toi » ; ou « comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés » ; Une autre qui me rend l’estime de moi, c’est « je ne te condamne pas » ; une autre « Je suis avec vous tous les jours » ; et je n’oublie pas la parole centrale : « mon corps livré pour vous ». Prenons quelques secondes de silence pour savourer telle ou telle parole de Jésus (silence). Exhortons à être attentifs à la parole du Seigneur :
Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur !

« Jésus enseignait ; on était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes ».
            Frères et sœurs, qu’est-ce qui caractérise l’autorité de la parole de Jésus ? C’est qu’elle  vise juste, elle atteint le cœur, elle ouvre un horizon de liberté, de confiance, de paix. Après avoir rencontré Jésus, les personnes partent avec la joie d’être libérées d’un mal physique ou mental ou spirituel… Bref, quand Jésus passe et parle, on a l’évidence que le Royaume de Dieu est là, que les gens sont recréés, que l’on n’a pas entendu des promesses vaines mais des mots qui font vivre. Frères et sœurs, vous avez sûrement fait la même expérience et retenu des paroles de Jésus qui vous apportent de l’oxygène. L’une qui m’émerveille, c’est « tout ce qui est à moi est à toi » ; ou « comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés » ; Une autre qui me rend l’estime de moi, c’est « je ne te condamne pas » ; une autre « Je suis avec vous tous les jours » ; et je n’oublie pas la parole centrale : « mon corps livré pour vous ». Prenons quelques secondes de silence pour savourer telle ou telle parole de Jésus (silence). Exhortons à être attentifs à la parole du Seigneur :
Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur !

Il y avait dans la synagogue un homme tourmenté par un esprit impur qui s’est mis à crier : Jésus es-tu venu pour nous perdre ? ”          
Oh ! comme c’est vrai ! Dès que les prophètes d’aujourd’hui expriment ce qu’il faudrait corriger, les démons crient encore. Dès qu’une voix demande de chercher le bien commun, le démon ‘écrie : « Quoi ? tu veux perdre tes avantages ? » Quand le Christ demande de consacrer du temps à la prière, le démon qui pilote nos réflexes proteste vigoureusement : « Ne sois pas idiot ! la prière, c’est du temps pris sur tes loisirs ! » Quand Jésus invite à pardonner, le démon qui prétend sauvegarder notre dignité, se récrie « Pardonner ? Et ton bon droit, qu’en fais-tu ? » Frères et sœurs, d’une certaine manière c’est imprudent de chanter « ne fermons pas notre cœur mais écoutons le Seigneur » ! Parce que le Christ prophète va immanquablement vous déranger ! Pourtant, elle nous ferait sortir de l’emprise du démon. Prenons encore un temps de silence, demandons-nous si nous voulons vraiment sortir de l’emprise du démon… (silence)

L’Esprit sortit de l’homme. Les gens disaient « qu’est-ce que cela veut dire ? Il commande aux esprits impurs et ils lui obéissent ».           
Le cœur de tous est squatté par les esprits mauvais de l’injustice, de la violence, de l’orgueil, des rancunes, du matérialisme, des idoles… Celui qui chasse les esprits mauvais est forcément le personnage le plus important, car il permet la santé de la société, la justice, la paix, la fraternité. Jésus est donc le sauveur ; et il est le seul à le faire. Quand nous avancerons pour communier, nous lui demanderons de faire taire avec autorité la voix du démon. Nous lui dirons : « Dis seulement une parole au démon, dis seulement « silence ! » et je serai guéri ».

Le baptême de Jésus
10 janvier 2021

Jean Baptiste dit que Jésus baptise dans l’Esprit Saint, baigne les gens dans l’esprit d’amour. Le baptême est un cadeau de Dieu ; et si on ouvre le paquet cadeau, on trouve ceci « tu es mon enfant bien aimé ». A toi, à toi… Dieu dit ‘tu es mon enfant bien aimé’. Ca vaut la peine de chanter. ¯ Tu es mon enfant bien aimé.
            Si chacun est le bien aimé de Dieu, ça veut dire que Dieu le Père – comme tous les pères – est prêt à faire n’importe quoi pour que ses enfants soient bien. Puisque nous sommes baptisés dans l’Esprit, Dieu fait tout gratuitement, sans contrepartie, sans attendre que nous soyons aimables. Il dit (1ère lecture) « voici de l’eau, du lait, du vin… prenez sans rien payez ». Même si nous ne sommes pas aimables, même si nous sommes pécheurs, il aime jusqu’à souffrir les tortures de la croix. Sur la croix Jésus révèle le Père qui dit ¯ « tu es mon enfant bien aimé
            Et puis, nous constatons que nous sommes baptisés dans le Saint Esprit, puisque nous entendons les commandements au fond de notre cœur :« tu ne voleras pas, tu respecteras les autres, tu te dérangeras même pour eux ; tu seras riche de ce que tu as donné et pas de ce que tu auras pris ». Saint Jean écrivait « ces commandements ne sont pas un fardeau pesant puisqu’ils nous rendent plus forts que la bassesse, la violence, l’infidélité. Le Saint Esprit nous dit pratiquement « je crois en toi, je crois que tu peux être noble ». Savourons cela en chantant ¯ « Je suis ton enfant bien aimé »
            Au baptême, évidemment, l’Eglise utilise l’eau ; mais le bain d’eau est le symbole du bain dans l’Esprit saint, dans l’Esprit d’amour. Le baptême fait que notre vie est pilotée par l’amour autant que la vie de Jésus… à condition que nous y consentions. Quand Dieu appelle chacun à partager, à regarder les autres avec estime, à se déranger pour eux, à aller à contre courant de ce qui conduit à faire pleurer des gens. il prend chacun pour un collaborateur de son amour. Savourons cela en chantant ¯ « Je suis ton enfant bien aimé »
            En fait, être baptisé dans l’Esprit Saint, vivre en baptisé, c’est pratiquer l’écologie humaine (comme on l’a redit tout au long de l’avent). Je trouve bienfaisant d’entendre ce message avec les expressions du pape dans son encyclique Laudato si. Etre baptisé dans l’Esprit saint, c’est refuser d’adorer d’autres pouvoirs que celui du Dieu d’amour, c’est refuser d’être des humains dominateurs (75) ; c’est avoir une relation juste avec les autres, avec la création, avec soi-même (70) ; c’est reconnaître la valeur des pauvres, des personnes porteuses de handicaps (117), c’est passer de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, de ‘ce que je veux’ à ‘ce dont le monde a besoin’ (9). Vous voyez que le pape ne limite pas l’écologie à la lutte contre l’émission de gaz à effet de serre. L’écologie selon le pape, est une conversion des cœurs pour qu’ils se laissent conduire par l’Esprit Saint. A l’occasion de la fête du baptême du Seigneur, puissions-nous penser à notre baptême et nous laisser conduire par l’Esprit Saint.

4ème dimanche de l’Avent
20 décembre 2020

Avant la 1ère lecture  
Peut-être, préparez-vous quelques cadeaux. Ici, à l’église, nous rendons grâce à Dieu pour les cadeaux qu’il nous a faits. Je nomme en premier la création, l’humanité, la maison commune dont chacun doit prendre soin. Oui, ce n’est pas normal que nous disposions de la création et de la solidarité humaine, cela ne nous est pas dû ; cela est cadeau de Dieu. Je dis maintenant deux mots sur la lecture qui vient. David voulait construire pour Dieu un temple ; il voulait lui faire un cadeau grandiose. Or Dieu rappelle tous les cadeaux qu’il a faits à David. J’espère que nous aurons envie de faire la liste des cadeaux que Dieu nous a faits.
Après la 1ère lecture.
Dieu a rappelé à David les cadeaux qu’il lui avait faits. Dieu nous rappelle aussi : « Je t’ai donné la vie, je t’ai fait grandir dans un contexte familial propice, je t’ai donné d’être porté par la foi d’une communauté, je t’ai fait confiance pour éduquer et réconforter… je t’ai donné cadeau sur cadeau, grâce après grâce». Prenons quelques instants pour nous souvenir des cadeaux que Dieu nous a faits (silence) Ce que Dieu fait pour nous est plus déterminant, infiniment plus monumental que ce que nous faisons pour lui. Nous ne pouvons dire que ceci : « Ton amour, Seigneur, sans fin, je le chante »!

Après l’évangile.
Le récit de l’annonciation nous dévoile le grand cadeau qui dépasse ceux que nous échangerons jeudi soir. Attardons-nous à ce récit de l’annonciation, car il nous permet de reprendre conscience du cadeau que Dieu fait aux hommes en leur donnant Jésus. A mon avis, en la personne de Jésus, Dieu le Père nous donne à nous, les pécheurs, d’être réhabilités, à nous les souffrants d’être consolés. En la personne de Jésus, Dieu le Père donne au monde l’Esprit de paix, la consolation des chagrins, l’apaisement des angoisses ; il donne de savoir espérer, de croire… Voilà ce que seraient nos cadeaux de Noël. 
            A la veille de Noël, l’Eglise nous rappelle que Dieu ne sait rien faire d’autre que donner des cadeaux. Dans le récit de l’annonciation, Dieu fait à Marie ce cadeau de l’associer à la manifestation de l’amour. Dieu a dit à une femme « j’ai fait le ciel et la terre ; je pourrais mettre dans le monde sans l’aide de personne, le Juste, le fidèle, le miséricordieux, l’artisan de paix… mais je veux que tu aies l’honneur de permettre aux dirigeants civils et religieux, ainsi qu’aux pauvres, aux malades et aux pécheurs, de s’apercevoir que la miséricorde de Dieu était chez eux, que la liberté de Dieu était chez eux ». Or, le cadeau de Noël que Dieu vous fait c’est le même : « Dieu vous dit : j’ai fait la terre, la maison commune ; je compte sur toi pour y faire régner la justice ; Dieu vous dit : J’ai fait les hommes et je compte sur toi pour permettre aux gens de s’apercevoir que Dieu est proche ». Le cadeau, c’est d’apprendre qu’on est collaborateur de Dieu dans la maison commune
            Frères et sœurs, la mise au monde du Christ se fait par vous ! Si vous êtes disponible vous conduisez à penser que Dieu serviteur est là ; si vous êtes fidèle quoi qu’il en coûte, vous conduisez à penser que Dieu fidèle est là. Bref, ayant reçu le même cadeau que Marie, nous avons à porter le même fuit que Marie. Puissions-nous faire à notre entourage ce cadeau de Noël : mettre le Christ au monde, le rendre visible par des comportements dignes de lui.
            Et puis, vous avez entendu quel cadeau Marie fait à Dieu : elle lui dit « je suis la servante du Seigneur ; il peut me demander tout ce qu’il voudra ». Ne pensez-vous pas que nous ferions la joie de Dieu si nous lui offrions le même cadeau : « Seigneur, je suis à ton service ; je ferai ce que tu me demanderas ».

3ème dimanche de l’Avent
13 décembre 2020

Avant la 1ère lecture
 Frères et sœurs, l’esprit de Dieu est sur vous ; cela vous a été signifié lors de votre baptême, ou de votre confirmation, ou de votre mariage. L’Esprit donne la capacité de sortir de soi vers l’autre c’est le Pape qui parle et qui continue : – Sans cette capacité, on ne reconnaît pas la valeur des autres créatures, on ne se préoccupe pas de protéger quelque chose pour les autres, on n’a pas la capacité de se fixer des limites pour éviter la souffrance ou la détérioration de ce qui nous entoure. Quand nous sommes capables de dépasser l’individualisme, un autre style de vie peut réellement se développer  et un changement important devient possible dans la société. (§ 208) Evidemment Jésus est sauveur des hommes parce qu’il a cette capacité d’être ouvert à tout : puissions-nous le suivre !

Après l’évangile.
J’ai cité le pape qui parle de la capacité d’être ouvert aux autres. Jean Baptiste a cette capacité : les gens vont vers lui parce qu’ils sentent qu’il dit les mots qui les rejoignent. Et il est ouvert parce qu’il est humble : il dit « je ne suis qu’une voix », sous-entendu je ne suis pas la parole. Car celui qui est la Parole, c’est Jésus. Aujourd’hui, l’Eglise des baptisés n’est que la voix qui, comme Jean Baptiste, fait entendre la parole qui appelle à la liberté ; la voix de l’Eglise dit : « Extrayez de votre cœur vos rancunes, émergez au-dessus du matériel que vous idolâtrez… Pensez à votre baptême ».
            Il me semble que, dans les perturbations qu’engendre le virus, le rôle de l’Eglise est d’aider à avoir confiance, c’est de combattre les peurs. Notre France a une prospérité, des commodités ; même si le partage des biens est loin d’être équitable, c’est la profusion dans les magasins. Or l’angoisse touche les gens, comme l’indique le fait que les Français sont les plus gros consommateurs de tranquillisants : la couche d’ozone, le cancer, les retraites incertaines, le chômage, l’instabilité des familles, les drogues, les violences… comment résister à ce matraquage bien plus effrayant que les peurs de l’enfer que les prédicateurs brandissaient dans notre enfance ?
            Alors, puisqu’on voit du danger partout, il faut se mettre à l’abri, se protéger y compris par des lois, se protéger de l’avenir incertain en achetant, se protéger y compris de soi-même : la preuve c’est qu’on s’interdit de dire ce qu’on pense (vous les parents, ne vous imposez-vous pas de ne rien dire à vos enfants ?)… En ce temps d’avent, nous est donné à contempler Jean Baptiste qui affirme que le salut suppose non pas des protections mais une ouverture. Et cette idée est rabâchée par le pape quand il parle d’écologie humaine. « Il y a parmi vous celui que vous ne connaissez pas ; ouvrez lui la porte de votre cœur ».
            Frères et sœurs, notre foi n’est pas une anomalie qu’il nous faudrait cacher. Elle est la manifestation que nous sommes heureux de connaître celui que le monde ne connaît pas, mais qui est la source de tout amour et qui chasse toute peur, celui qui parle au cœur et révèle à chacun sa dignité, celui qui promeut une véritable écologie en vue de la bonne santé personnelle et sociale. Alors, dans les magasins, au milieu de ces étalages qui sont un affront à tous les pauvres, nous sentons en nous l’envie de dire comme Jean Baptiste : « Vous cherchez du bonheur en consommant ; or il y a parmi vous celui que vous ne connaissez pas et qui est bien plus précieux que tout ce qui s’étale sur les rayons ». Nous dirions cela par désir fraternel de combattre la peur qui règne. Car connaître le Christ, c’est connaître quelqu’un qui affermit la liberté, qui renforce la générosité, qui est le rocher des fidélités, qui donne l’audace de pardonner, qui fait sortir de la prison des choses à consommer…
            Frères et sœurs baptisés, ayez conscience d’être « la voix de Dieu », et de rendre témoignage à la lumière, comme Jean Baptiste. Nous chantons « préparez le chemin du Seigneur » : vous le faites si vous dites que l’homme ne se réduit pas à son pouvoir d’achat ; si vous dites que l’homme est grand surtout quand il est à genoux soit devant Dieu soit devant les frères, si vous faites en sorte de libérer les gens de leurs peurs. Faites cela, c’est la manière la plus sûre de préparer Noël.

2ème dimanche de l’Avent
6 décembre 2020

Avant la 1ère lecture 
L’avent fait attendre la venue du Seigneur dans la gloire, quand il fera une création nouvelle. Comme dimanche dernier, je commente les textes en m’appuyant sur l’encyclique Laudato si. Le Seigneur connaît les problèmes de chaque personne, il sait la misère des sociétés qui se dégradent dans la pauvreté et la guerre et des sociétés qui se dégradent dans la surabondance et le gaspillage. Cette dégradation, le pape en parle ainsi : « les intérêts du marché sont transformés en règle absolue… Face à l’épuisement de certaines ressources, se crée progressivement un scénario favorable à de nouvelles guerres déguisées en revendications nobles ». Alors Dieu voyant cela, Dieu donne cette mission à tous et à chacun : consolez mon peuple. Cette consigne donnée à l’époque de la déportation à Babylone est toujours d’actualité ; faire cela, c’est pratiquer ce que le Pape appelle l’écologie humaine. Et cela suppose de dégager du chemin tout ce qui dégrade l’homme. Pour consoler, il faut bousculer !

Après la 2ème lecture.
Vous avez entendu : le Seigneur de justice vient, et, en attendant sa venue, il faut nous conduire comme des gens qui sont tendus vers des relations pures de toute domination, de toute injustice… Dans son exhortation sur l’écologie intégrale, le pape François dit ceci : « Nous ne pouvons pas soigner notre relation à la nature et à l’environnement sans assainir toutes les relations fondamentales de l’être humain » (LS 119) C’est le sens du commandement « préparez le chemin du Seigneur ». 

Après l’évangile
            Frères et sœurs, nous avons la joie de nous réunir, d’aller ensemble vers Jésus. Mais pour aller vers le Seigneur, il faut s’approcher de sa Parole ; et la route d’accès à la Parole est souvent barrée, en particulier par l’idée que le Seigneur ne peut être rencontré que quand on partage le pain eucharistique. Non, on rencontre le Seigneur aussi quand on partage sa Parole, en famille, avec quelques voisins…Benoit XVI le rappelait en 2008 : « Il n’existe pas de priorité plus grande que celle-ci : ouvrir à nouveau à l’homme d’aujourd’hui l’accès au Dieu qui parle et qui nous communique son amour ». Ce qui suppose que l’accès à la Parole de Dieu ne soit pas barré.
            Et puis, pour aller vers le Seigneur, il faut s’approcher des frères ; et dans ce domaine, aussi il faut constater que la route est souvent barrée. C’est pourquoi nous avons entendu par Isaïe et saint Marc « Préparez le chemin du Seigneur » Ce travail de terrassement suppose, par exemple, qu’on passe de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, de « ce que je veux » à « ce dont le monde a besoin ».
            Vous le voyez ! quand nous disons que nous nous préparons à Noël, à la venue du Christ, nous avouons que, s’il est bien de que penser aux cadeaux (parce que les cadeaux font partie des relations d’amour et donc du royaume de Dieu), il est encore mieux d’évacuer certaines réalités très solidement établies qui empêchent l’amour de Dieu de circuler. Le pape François exprime que quand l’amour de Dieu ne circule pas, on va inévitablement vers la guerre : « L’obsession d’un style de vie consumériste ne pourra que provoquer violence et destruction réciproque surtout quand, seul un petit nombre peut se le permettre ».
            « Préparez le chemin du Seigneur ». Pour que le Seigneur passe dans nos vies personnelles, que faut-il évacuer ? Peut-être notre manière égoïste d’utiliser notre temps, de gérer notre argent… notre habitude à voir la paille dans l’œil des autres et à les condamner a priori… Même si nous disons au Seigneur « viens dans ma vie », il ne pourra pas venir si nous nous cramponnons à notre indifférence confortable.
            On comprend la parole de Jean Baptiste « Il vous baptisera dans l’Esprit Saint ». Pour aller vers la paix, pour consoler les hommes, il faut vraiment remplacer notre esprit égoïste par l’esprit d’amour, notre habitude de voir en fonction de notre intérêt par la décision de voir en fonction de l’intérêt de tous. Nous avons besoin d’être baptisés, plongés dans l’esprit de Dieu. Alors faisons cette prière : « viens Seigneur, viens nous donner ton Esprit ».

1er dimanche de l’Avent
      29 novembre 2020

Introduction générale avant la lere lecture :
Le temps de !’avent nous met dans l’attitude de l’attente. Pas tellement l’attente de la naissance de Jésus à Bethléem (elle a eu lieu) mais l’attente de sa venue dans la gloire, quand il fera une création nouvelle. Effectivement, la création – la maison commune -est détériorée gravement ; si nous attendons une création nouvelle, il faut que nous rénovions activement l’état de la création. Il y a 5 ans le pape François a écrit un grand texte sur le soin à porter à la création. Je me propose, pendant tout l’avent, de commenter les textes bibliques en les rapprochant du texte du Pape. Ecoutons d’abord cette prière à Dieu créateur, à Dieu Père qui n’abandonne pas son peuple : « C’est toi, Seigneur notre Père… nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes ; nous sommes tous l’ouvrage de ta main.

Après la lere lecture.
Le texte commence et se finit par « C’est toi notre Père ». Comme vous, les pères, Dieu porte une attention particulière à ses enfants qui ne vont pas bien. Le pape dit que le monde ne va pas bien parce que les hommes se prennent pour Dieu ; comme des dominateurs absolus de la terre, ils remplacent les lois de la nature par leurs propres lois ; parce qu’ils ont des techniques, ils pensent que ce qui est possible techniquement est un progrès souhaitable, que le savoir faire technique donne droit à exploiter et donc à appauvrir, à maltraiter le monde,… Pendant l’avent, laissons le Seigneur notre Père inscrire en nous l’idée que l’amour est la raison fondamentale de nos proches même s’ils sont casse-pieds, que tous les êtes sont là à cause d’un amour. Et que chaque créature est l’objet de la tendresse du Père, qui lui donne une place dons le monde » (Laudato si 77)

            Isaïe a une autre parole « Personne n’invoque plus ton nom ». D’après le pape, quand l’homme met Dieu de côté, le cœur de l’homme devient « vorace » et adopte la culture du déchet. Je cite le pape : « plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer »... et à jeter. Pour guérir de cette voracité, le pape plaide pour une sobriété. Car seul, celui qui est sobre accepte que la réalité lui fixe des limites. Celui qui ne pense qu’à sa voracité se moque totalement du bien commun (LS 204). Je fais cette proposition : pendant l’avent, nous ferions bon accueil au Seigneur créateur du monde – et nous préparerions la venue du monde nouveau – si nous combattions le désir de posséder, de consommer… pour finalement, jeter. Pour acquérir cette sobriété demandons que Dieu nous convertisse : Dieu, fais-nous revenir (+ le psaume)

Après l’évangile selon St Marc : « Prenez garde, restez éveillés »

            Comme le maître donne tout pouvoir à ses serviteurs, Dieu nous a faits gardiens de la création, gardiens de la maison commune. En nous faisant gardiens, il souhaite que nous ayons une relation juste simultanément avec les autres, avec la terre, avec Dieu, et avec nous-mêmes. Car si je n’ai pas cette juste relation avec la terre (.par exemple, si je pollue), je n’ai pas une juste relation avec les frères (je les pollue), ni une juste relation avec Dieu (je saccage sa création où il exprime son amour), ni avec moi-même (je me prends pour quelqu’un qui a le droit de décider ce qui est bien et ce qui est mal). Quelle confiance Dieu fait aux hommes : garder sa création, garder la maison commune !

            Saint Marc recommande de rester éveillés. Il a raison, car nous risquons de nous en dormir, de cesser d’être gardiens de la maison commune qui ne nous appartient pas mais qui appartient à nos contemporains et à nos successeurs. Parce qu’on doit s’inquiéter des manipulations génétiques, et de l’exploitation des richesses naturelles qui dérèglent le climat du monde entier, Jésus a vraiment raison de nous lancer cette injonction : « restez éveillés », car la maison commune est en danger.

            C’est l’avent ! L’Eglise nous demande de fixer notre regard vers le retour du Christ qui apporte avec lui un monde nouveau. Puissions-nous préparer ce monde nouveau, ce monde de justice et de communion en veillant, dès maintenant à la justice et aux liens de communion.

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