Vendredi Saint
La Passion et la Mort du Seigneur.
Il est des souffrances qui ne se disent pas. Trop intimes, trop pudiques.
L’évangéliste semble être ainsi devant ce « Jésus le Nazaréen, roi des juifs ».
Juste à dire qu’il a soif. Alors que par ailleurs dans son évangile, Jean vient à exprimer bien des expressions de sa vie quotidienne. De la fatigue auprès de la samaritaine, aux larmes au moment du décès de son ami Lazare.
Nous ne pouvons pas toujours exprimer en public nos souffrances physiques ou psychiques. Nous les disons parfois à quelques personnes proches et de confiance.
Comme dans la confidence Jésus en croix confie, dans une réciprocité, sa mère au disciple Jean. Les unissant déjà avant son départ auprès du Père.
Marquant les liens qui nous unissent, qui nous relient les uns aux autres, même et surtout lors de la mort d’un être cher. Faisant de ses dernières volontés, un désir d’unité. Le roi des Juifs, agonisant, vient à donner Vie à celles et ceux au pieds de la croix. C’est pourquoi, bien certainement, que Jésus peut dire juste avant de remettre l’esprit : « Tout est accompli ».
Au cœur même de vos épreuves douloureuses et pénibles, Dieu en Jésus-Christ nous rejoint. Livré à mort, Il se donne pour que nous vivions en Lui. Oui sa royauté demeure encore aujourd’hui. Elle subsiste dans nos difficultés rencontrées.
Sur nos chemins « en direction du lieu-dit Le Crâne (ou Clavaire), qui se dit en hébreu Golgotha. » Jusque dans nos lâchetés et nos reniements, Dieu en son Fils se fait présent, crucifié sous la gouvernance de Ponce Pilate, pour nous faire entrer dans la Vérité.
Celle qui vient en profondeur nous libérer de ce qui peut nous écraser, à l’image de cette croix que Jésus Lui-même se doit de porter. Nous ne sommes pas dans l’évangile de dimanche dernier, là, il n’y a pas « un certain Simon de Cyrène » comme chez l’évangéliste Saint Luc, pour l’aider à porter sa croix ! Jésus est seul, comme parfois il nous arrive de le croire, lorsque que le poids de la journée écoulée nous paraît trop lourd !
Le tragique de la mort de Jésus n’est pas dans sa crucifixion. Comme dans l’évangile de Luc, Jésus ne crie pas comme il le fera chez les évangélistes Matthieu et Marc : « Jésus cria d’une voix forte :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
L’abandon de Jésus se fait dans l’accomplissement de la volonté du Père, comme Lui-même l’avait annoncé bien auparavant.
Dans le silence de la croix, Jésus s’efface pour qu’advienne l’œuvre de Celui qui l’a envoyé. Portant Lui-même sa croix. Nous donnant ainsi la possibilité d’y confier les nôtres, surtout lorsque nous ne pouvons plus les porter seul(e).
Car avec Lui tout peut advenir et être accompli, dans la volonté de Dieu le Père, car Jésus disait déjà : « telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés. »