Vingtième dimanche du temps ordinaire

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Publié le 18 août 2023

« Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15, 21-28)

Dans l’Évangile de ce dimanche, nous sommes surpris que Jésus dise qu’il n’est venu que pour les juifs et qu’il n’a pas à sauver les non-juifs ! Dans la scène étonnante, la dame païenne dit à Jésus qu’une miette de sa miséricorde suffira à sauver sa fille. Dieu, sait-il donner des miettes ou donne-t-il tout ? « Ta foi est grande ! » : qu’apprenons-nous de l’éloge que Jésus fait de la femme païenne ?

Prédication du père Louis Groslambert pour le vingtième dimanche du temps ordinaire

Les moyens de circulation ont accentué la mobilité des gens, le brassage des peuples, la rencontre d’autres cultures, d’autres religions. Parfois, ces rencontres se passent sous le signe de la bienveillance, mais pas toujours. Il nous est donné d’entendre comment le peuple juif s’est comporté quand il a rencontré d’autres peuples. Et j’ai entendu que, bien qu’étant sûrs d’être le peuple qui a le privilège d’avoir une Loi infiniment plus sage que les autres peuples, ils gardent précieusement les paroles qui contestent leur privilège et disent la vocation sainte des païens, ainsi vous avez entendu Isaïe : « les étrangers attachés au Seigneur, je les conduirai à ma montagne sainte, je les rendrai heureux » ; et l’enseignement de saint Paul : « Dieu veut faire miséricorde à tous ». Et voyez l’éloge que Jésus fait d’une païenne « Ta foi est grande ». Recueillons un premier enseignement : est sur la bonne voie la personne qui entend la voix qui critique ses réflexes. Cette voix contrariante, bienvenue, c’est la présence de Dieu en nous !

Nous avons mis des masques et gardé des distances pour nous protéger d’une épidémie ; mais, l’épidémie étant finie, nous gardons encore des distances pour nous protéger de ceux qui ne sont pas comme nous, de ceux qui ne sont pas « de chez nous », pas de notre pays, pas de notre Église : c’est bien vrai : nous n’incluons pas facilement dans nos familles, dans notre village ou dans les groupes de paroisse celui qui est nouveau, qui a d’autres idées…, Les disciples disaient à propos de la femme « elle nous dérange, renvoie-la » ; nous disons comme eux « ils ne sont pas de chez nous ; ne nous mêlons pas à eux ». Recueillons ce 2ème enseignement : pour n’être pas prisonniers de nos peurs, de nos replis, de l’idolâtrie de nous-mêmes, accueillons comme une chance les déclarations de l’Église qui contrarient nos réflexes.

Il y a un troisième message : C’est que Dieu donne ses bienfaits à tous, aux non-baptisés autant qu’aux baptisés, à ceux qui ont la peau bronzée autant qu’à ceux qui ont la peau blanche. Nous y croyons, c’est pourquoi nous sommes surpris que Jésus dise qu’il n’est venu que pour les juifs et qu’il n’a pas à sauver les non-juifs. Pourquoi Saint Matthieu a mis cette phrase sur les lèvres de Jésus ? Sans doute pour prendre en compte les pensées de ceux qui, dans sa communauté comme dans les nôtres, s’opposaient à l’idée qu’il y a du salut pour les non juifs, et qui s’opposaient au projet de leur annoncer l’évangile et de les baptiser. Quand Saint Matthieu fait dire à Jésus qu’il n’est venu que pour les juifs, il amène astucieusement la magnifique profession de foi de la femme païenne. Cette dame païenne à qui les juifs donnent le qualificatif injurieux de « chien » dit à Jésus qu’une miette de sa miséricorde suffira à sauver sa fille ; vraiment, elle a une foi bien supérieure à celle de tous les croyants. Je vous suggère de prendre quelques instants de silence pour faire la même profession de foi et pour dire au Christ : « Par bien des côtés, je suis un païen, mais une miette de ta miséricorde suffit à me sauver » (silence)

Pensons aux non-chrétiens que nous connaissons. Regardons donc comme des gens attirés par Dieu, comme les mages païens… Pensons que Dieu veut les associer au même héritage que les juifs et les chrétiens, que Dieu les appelle à être sauvés tout comme nous, puisque Jésus a dit « allez, de toutes les nations faites des disciples ».

Enfin 4ème : la païenne demande une miette de miséricorde ! Mais Dieu ne sait pas donner des miettes : il donne tout son trésor. Il donne son fils unique. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique fils ! Nous ayant donné son Fils, comment Dieu pourrait-il ne pas nous donner tout ? Par la foi, nous sommes entrés dans le monde de la grâce, le monde où tout est donné… par Dieu qui donne à tous. Puisque Dieu donne tout à tous, il donnera à ceux qui n’ont pas été encore intégrés au monde de la foi d’y appartenir, il donnera à ceux qui n’ont pas encore été touchés par l’amour de Dieu d’en être bouleversés ; il donnera aux païens d’avoir leur place dans le plan de Dieu.

Un dernier mot : si les païens sont traités aussi bien que les croyants, à quoi sert-il d’être croyant ? Les non chrétiens reçoivent de l’amour sans connaître celui qui l’offre. Avoir la foi, ça sert à connaître ce Dieu qui aime tous les hommes et qui est la source de tout amour : n’est-ce pas infiniment appréciable de pouvoir dire merci à celui qui fait tout pour nous ? Pouvoir dire merci à celui qui offre de l’amour, c’est appréciable. C’est ce que nous faisons à la messe.

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