C’est la première fois depuis un an que la messe dominicale est célébrée à Reppe. Quelle joie pour les gens du village de Reppe, ce retour chez eux et quelle joie pour Thomas, qui la partage avec nous. Thomas dont c’est la dernière messe à Marie d’Espérance  avant d’ici trois jours de rentrer dans son lieu d’origine, en Corée. Lisant l’Evangile du jour Thomas s’est mis à méditer sur les sentiments de Jésus, dans ce passage de Marc. Pourquoi Jésus retourne-t-il au village de son enfance  si ce n’est par affection pour les siens, et pour aller embrasser sa maman, lui qu’on appelle le Fils de Marie ( et non pas le fils de Joseph). Jésus comme Thomas est un homme qui, passé trente ans, éprouve encore parfois le besoin de sa maman. Ainsi Jésus, Thomas sont-ils mus par le désir de l’irremplaçable tendresse d’une maman. Tel est du moins le sentiment que nous partage Thomas ce soir. Mais dit-il en retournant ainsi  au lieu de la maman, ni Jésus ni Thomas ne quittent leur mission. Cette mission qui est de proclamer la bonne nouvelle de la Force de Dieu. Cette force qui supplée à toutes nos faiblesses humaines. Et même à ce petit faible  qu’un homme fait, garde pour une maman.  Il se peut que Thomas ou Jésus soient alors confrontés à de tels préjugés, de gens qui les comprennent mal, que cette mission  en soit partiellement empêchée. Face au manque de foi des siens, Thomas  imagine les sentiments de Jésus. Sans doute Jésus est-il triste et déçu. Mais Thomas se met aussi à la place de ces gens qui nous ressemblent. Il est certain que Jésus veut notre bien, mais si, pleins de préjugés, nous venons à douter que Jésus puisse nous faire ce Bien, nous apporter ce Réconfort qui serait un tel miracle, alors notre manque d’élan empêche Jésus d’accomplir complètement sa mission. Thomas dit que, se mettant une seconde fois à la place de Jésus, il éprouve pour sa déception d’homme une grande compassion.

         Voici donc un Jésus qui aurait besoin d’être consolé. Comme chacun de nous certains soirs de doute, de désir empêché.

        Alors ce Jésus qui se hâtait tout confiant vers sa maman, ce Jésus déçu et attristé, ce Jésus qui pleure parfois en nous, Thomas lui chante en coréen un chant de consolation. Pourquoi es-tu plongé dans la tristesse et l’inquiétude ? Regarde-moi sans déception. Je suis ton Seigneur et ton Dieu.

     Pour lui-même qui s’en va vers sa maman, pour nous autres parfois plein de  nostalgie, pour Jésus par les siens déçus, Thomas prenant sa guitare chante la consolation de nos amours en chemin, de nos amours parfois déçus, de nos amours en larmes qui néanmoins n’oublient pas  que Sa grâce nous suffit. 

     A Reppe ce soir il passe et il est reçu, l’Ange de la consolation. Un Ange musicien. 

Anne