Paroisse Marie d'Espérance 2 Place de Turenne, 90150 Fontaine mariedesperance@gmail.com

Isaïe nous dit Alors s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie.

Marc rapporte Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et avec sa salive lui toucha la langue (…) puis lui dit Effata c’est à dire Ouvre-toi.

Connaissez-vous la méthode du kangourou ? En le mettant à l’intérieur d’elle, dans sa poche, la mère kangourou tient son petit peau contre peau. On pratique désormais, de préférence aux couveuses, cette méthode des pays pauvres dans les services de prématurés et ce peau contre peau avec leurs parents, de nourrissons au trop petit poids, les protège encore plus. Quoi de mieux en effet que ce peau contre peau, que ce joue contre joue où se communique la chaleur du parent, où s’échangent le rythme des cœurs, où se jouent les émotions, les sentiments, et l’amour.

Dans l’évangile, Jésus n’est pas face à un trop léger bébé mais face à un sourd. Certes la parole de Jésus a pouvoir de guérir. Mais pour l’homme privé des sons cette guérison par la parole serait extérieure à lui. Or pour atteindre, il faut toucher. Le doigt de Jésus va se glisser dans la poche fragile de l’oreille, comme le petit kangourou dans la poche de sa mère et dans cette autre poche très intime de la bouche le peau contre peau devient, entre Jésus et l’homme muet, un salive contre salive. Le contraire du geste barrière, le contraire du geste-covid, le geste d’une infinie délicatesse qui ouvre ce qui était fermé, qui ouvre tout en demandant l’ouverture qui vient du dedans, car Jésus dit Ouvre-toi.

Notre commune expérience le sait. L’épuisement, l’écrasante fatigue nous bouche les oreilles. Pas envie d’écouter, nous sommes sourds à toute parole. Pas envie de parler, on a du ciment dans la bouche. On est juste hébété, sourd et muet, enfermé dans la lassitude et le découragement. Mais il y a une consolation par le toucher qui opère encore, autrement forte qu’une parole qui n’atteint plus, qui ne touche plus. La douceur insistante d’une paume sur une épaule, une façon juste émue d’embrasser, de prendre dans ses bras, une main qui se pose sur une joue, et de là par ce toucher qui nous aime, ne nous brusque pas et qui prend acte de notre fatigue, remonte en nous le souvenir tendre des bras de nos parents, en nous quelque chose fermé parvient à s’ouvrir.

Dans l’eucharistie Jésus nous touche, en silence, salive contre salive. Le petit enfant aussi connaît, poitrine contre poitrine, par sa bouche, sa maman. Et sa bouche de grimaces et de pleurs devient bouche qui s’ouvre et qui sourit.

Quand nous ouvrons notre bouche pour l’hostie, Jésus vient à notre salive, là dans notre bouche, là il nous touche, il nous empoche.

C’est l’Effata : le cœur qui s’ouvre d’avoir mangé Dieu. Comme d’avoir bu sa mère les lèvres de l’enfant.

Tant de fermetures, de coincements encore en nous, au début de cette messe.

Effata :que par la puissance de sa douceur, que par son eucharistie le Seigneur nous ouvre.

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