Une histoire d’abord : celle de deux hommes malades dans la même chambre d’hôpital.
L’un qui semble un peu plus valide peut quitter son lit, l’autre non. Deux fragiles donc que
le hasard réunit. Mais ils sont loin d’échanger des complaintes sur leurs maux respectifs.
Le soleil brille à la fenêtre. Celui qui peut marcher s’y penche et décrit pour l’autre le
printemps qu’il voit aux arbres, les enfants qui jouent dehors pleins de gaieté, le lac qui
scintille dans la clarté, des mots si clairs qu’ils portent immédiatement secours. Ils n’ont
pas tous les pouvoirs, pas celui d’apporter la guérison, mais le pouvoir de faire du bien, ils
l’inventent, ils l’ont aussitôt. Sous la caresse des mots ensoleillés la chambre s’emplit de
joie. Celui qui est alité en est tout éclairé.
Contre toute attente c’est pourtant celui qui était debout qui brutalement meurt. Il a
laissé son chant du cygne. Son voisin qui est encore ému, demande à l’infirmière de
regarder à son tour. Elle a fort à faire, tant de gens à soigner. Par la fenêtre monsieur on ne
voit que le mur.
L’infirmière respecte toutes les consignes hospitalières et applique scrupuleusement
les ordonnances des médecins. Nous aussi pouvons respecter les commandements
rappelés par Jésus : pas de meurtre, pas d’adultère, pas de serments qu’on ne tient pas.
Mais s’il nous manque l’amour il nous manquera encore l’essentiel.. L’amour comme le
rappelle Jésus, comme l’illustre cette petite histoire est imaginatif, il invente toujours au
delà de la stricte consigne et il donne en excès même ce qu’il ne possède pas, il n’est pas
raisonnable, il peut se couper un bras, il peut remplacer un mur aveugle par des gamins
jouant au soleil, il peut faire qu’un faible donne de la force, ou qu’un traqué par l’ombre
donne de la lumière. L’amour a toujours un petit côté invraisemblable, un petit côté
inventé. Et c’est comme ça, que venu de Dieu,excédant toout commandement, il peut des miracles/