Thomas nous dit : il y avait en Corée un maître bouddhiste qui voulait enseigner la voie à de jeunes moines. Il leur remit une jarre d’argile. Qui l’avait façonnée, l’histoire ne le dit pas, sans doute pas Dieu : elle était fendue. Les moines sont obéissants. La maître dit remplissez la jarre. Alors tous  retroussent leur tunique et se mettent au travail, aïe aïe aïe..jarre qui fuit ne retient pas l’eau. En vient de plus futés qui colmatent avec de la terre, avec des cailloux, avec des linges. Tous s’y mettent. Rien à faire, l’eau coule et la sueur des moines aussi et les précieuse heures de labeur inutile. Un seul  moine baille…et s’endort. On ne peut pas dire qu’il veille celui-là.

Et si son âme, malgré les apparences contraires, tout en dormant avait veillé ?

Le maître, de retour, appelle ses moines, certains, penauds, ont la tête basse, d’autres l’ont outrée, on leur a donné une mission impossible (vont-ils faire une manif pour protester?) Le dormeur se réveille, ramasse nonchalamment la jarre et la jette dans le lac (lac de Corée, lac de Galilée, pas mal de lacs dans nos histoires).

 Le maître sourit, vue d’ici la jarre est bien pleine.

Thomas reprend. Des angles de vue, il y en a toujours plusieurs. Veiller sans jamais dormir est impossible et même déconseillé. En fait pendant que nous dormons nous ne faisons rien d’autre. Dans ce rien Dieu se glisse. Au réveil -une très fraîche sorte de veille-  tout est nouveau. Le point de vue nouveau, permet l’acte nouveau.

Dieu a de l’humour. Dormir peut être une façon de veiller. Dieu aime les choses nouvelles. En nouveau-né de Noël, tout nouvellement venu, il désire notre nouveauté et il désire notre JOIE.