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Premier temps,  le Thomas (Yangup Song) de Corée.

     J’avais dix ans, raconte Thomas, plus exactement on fêtait, en grande famille, mes dix ans. Trente personnes au moins, mais voici que juste après déjeuner je suis bien malade, fièvre et vomissements. Maman laisse ses hôtes et m’emmène à l’hôpital. On me renvoie avec ordonnance, médicaments et ordre de me coucher. Le repas du soir avait été réservé de longue date dans un proche restaurant, la compagnie presse maman  toute en peine avec et pour son petit garçon, de le laisser dormir  et de participer au repas des convives rassurés. Elle cède pour ne pas peiner ses invités. Thomas lui s’était effectivement endormi mais voici qu’il s’éveille seul dans le noir, pas la force d’allumer, et étreint de tristesse et d’abandon il pleure à grand bruit. Mais une maman qui a porté et allaité ne peut oublier le fruit de ses entrailles. Son cœur entend avant ses oreilles. Elle quitte en hâte le restaurant et retrouve son Thomas en larmes. Qu’il est bon alors, bon et sans pareil, l’amour consolateur d’une maman. Quelle meilleure image de la miséricorde, c’est à dire, nous dit Thomas  qui en a été encore tout  brûlé ce matin sous la douche, du cœur  accordé  à la misère d’un autre cœur, à son insondable tristesse. 

Second temps le Thomas (son Jumeau) de l’Evangile, un nom, celui de Chrétien,  choisi  par notre Thomas de Corée, pas le nom de ses papiers d’identité coréens.  Thomas  c’est celui des Onze qui n’était pas là quand Jésus Ressuscité le soir de Pâques se montre aux dix autres. Pourquoi pas là ? Trop triste pour écouter le blabla des copains ? Ou alors trop brûlant pour rester enfermé, il cherche Jésus dehors… Mais ne le trouvant pas, il est en peine, c’est qu’il est tout feu, tout flamme le Thomas.  Alors ce que les copains racontent après,  ils n’ont pas l’air d’y croire eux-mêmes, sinon pourquoi  rester enfermés ? Vous êtes peu crédibles les gars, vous ne l’avez même pas touché ? Moi si je vois, je touche, Jésus si tu es vivant montre-toi, laisse-moi te toucher…Ces paroles sont peut-être silencieuses mais Jésus accordé à la tristesse, à la misère de son disciple, Jésus les entend comme la maman de notre Thomas de dix ans avait entendu les pleurs de son petit. Alors Jésus revient et il vient surtout pour Thomas, il accède à son désir et il lui dit, touche, avance ton doigt, avance ta main.

        Et le Thomas de l’évangile, qui a peiné, qui a désiré, qui a appelé des profondeurs, reçoit un cadeau unique de son Seigneur (eux ont vu, lui il a vu et touché). Il fait aussi une profession de foi unique, sobre et essentielle  Mon Seigneur et Mon Dieu. Et notre Thomas qui comprend l’évangile sous la douche et à partir de la Miséricorde retrouvée donnée par sa maman  (vraiment en vérité le LAIT de la Parole) nous le commente avec une désarmante simplicité. Thomas Didyme a désormais reçu le cadeau de cet essentiel unique entre son Dieu et lui  (le soit disant incrédule est le plus magnifiquement croyant de tous). Alors cette grâce suffit et lui se retire, comme l’enfant qui a reçu un cadeau, la suite n’est plus pour lui.

          La parole suivante de Jésus est le cadeau de consolation fait aux autres, les dix éberlués devant l’audace de Thomas. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.  Que les autres ne tombent pas dans le piège du Fils aîné et jaloux  (tout cet honneur pour un marginal, un quasi déserteur). Ne pleurez pas les autres, ne soyez pas des bêtas, vous avez été sages, vous avez vu, tâchez d’être aussi heureux que cet hors les murs de Thomas.

          Par là même, en se tournant vers la bande des dix Jésus s’accorde à ce qui pourrait être leur misère à eux (les vertueux, les toujours présents, les toujours conformes et toujours corrects). Car la divine miséricorde s’accorde à toutes sortes d’âmes, toutes sortes de tristesses possibles, et elle veut toutes les sauver et toutes les éclairer et leur donner cette PAIX qui vient de Dieu.

        Autour de nous, dit Thomas, il y en a  de la tristesse et de la misère à soulager.  La covid qui angoisse et qui tue. Le coup d’état en Birmanie. A nous alors d’imiter Jésus, de nous laisser toucher comme Lui.  Là où nous sommes, il faut sortir un peu comme Thomas qui était dehors, sortir et ouvrir les yeux et tendre les oreilles et ensuite tendre les mains. Avancer nos mains.  

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