Mahanandia est un indien né intouchable, intouchable comme étaient les lépreux sous la loi de Moïse. Il est pauvre et il ne peut toucher alors il peint, c’est son métier : peintre de rue, qui touche avec les yeux. Il y met tout son amour de la vie. Charlotte est une très jeune fille, de famille noble, venue de Suède et quand en 1975 Mahanandia fait son portrait dans la rue, elle n’en croit pas ses yeux, joue à le faire recommencer, tombe amoureuse de cet homme déclaré impur de naissance et dont le pur regard  la touche infiniment.  L’idylle est belle mais courte. Charlotte a 19 ans, elle doit repartir.

       Mahanandia attend un an, écrivant des lettres,  mais les lettres ne suffisent pas : aimer veut toucher, cesser d’être intouchable. Mahanandia ne connaît rien à la géographie, il vend son attirail de peintre et, avec 70 euros en poche, part à vélo. L’amour fait ce miracle : en quatre mois et ayant roulé plus de 9000 km, Mahanandia parti d’Inde arrive en Suède et un matin de 1977 sonne à la porte de Charlotte. Ensuite comme dans les contes ils se marièrent et eurent de beaux enfants.   

       Cette histoire rejoint l’évangile par la puissance du désir.  Une force vitale qui escalade les interdits, les dogmes et les glaces, qui rend possible l’impossible. Si je veux aimer Charlotte je peux casser les barrières et partir à vélo se dit le paria hors caste de New Dehli. Si tu veux me purifier tu le peux dit le lépreux qui a brisé le confinement hors camp prescrit par la loi. La puissance du désir franchit le monde à vélo et franchit des interdits séculaires. Oui le Puissant fait pour nous des merveilles, il peut les faire. Dans nos difficultés, supplions et tombons à genoux devant celui qui a la puissance de nous relever et dont la divine Volonté est que nous soyons purs et heureux. Seigneur que ta Volonté soit faite.