15 bis Rue du Docteur Eugène Jacquot, 90400 Danjoutin

4ème dimanche de carême
19 mars 2023

Avant la 1ère lecture 
  Nous utilisons souvent des expressions comme « je n’y vois pas clair, je ne vois pas ce que je dois faire » ; autrement dit, nous avouons que, même si nous n’avons pas besoin de consulter un ophtalmo, nous sommes malvoyants, pour ne pas dire aveugles. Ce qui trompe notre vue, ce sont les apparences ; par exemple, nous peinons à voir que, derrière des apparences de faiblesse, telle personne a un grand cœur… et nous nous regardons avec trop de bienveillance tandis que nous regardons les autres sans bienveillance… Même le prophète Samuel a du apprendre qu’il n’avait pas la clairvoyance de Dieu. C’était le jour où Samuel devait découvrir qui serait le nouveau roi. Vous noterez aussi que le roi reçoit une onction d’huile, et que l’on donne cette onction aux baptisés. Ecoutons.

Avant la 2ème lecture 
Nous parlions des apparences qui nous aveuglent. Mais notre péché aussi nous aveugle ; la jalousie, la paresse, la colère… faussent notre jugement. Ce qui nous rend la lumière et nous permet de voir les personnes avec les yeux de Dieu, c’est la foi du baptême, la foi au Christ ; car le Christ met de la lumière dans le regard, dans l’intention, dans le jugement… Pensons à notre baptême : nous étions ténèbres ; et comme dit le chant, le baptême nous fait cette invitation « vivons en enfants de lumière »

Après l’évangile       
Nous avons parlé de nos aveuglements. Quelle boue avons-nous sur les yeux pour ne pas voir que notre matérialisme n’apporte pas la joie ? Quelle boue avons-nous sur les yeux pour ne pas voir que la personne qui nous dérange est aimée du Christ autant que nous ? Quelle boue avons-nous sur les yeux pour condamner le Juste et lui faire subir le châtiment des plus grands malfaiteurs ?

            Le savoir-faire des ophtalmos fait voir les couleurs et les volumes, mais ne fait pas voir que Dieu nous aime fidèlement, que les autres sont des frères à aimer, qu’il ne peut y avoir de paix que si nous pratiquons le don de soi, qu’il est anormal que certains possèdent et gaspillent pendant que d’autres n’ont rien, que nous allons laisser à nos enfants une planète empoisonnée… La liste de nos aveuglements est sans fin. C’est le Christ qui fait que nous nous apercevons que nous avons une poutre dans l’œil, que nous sommes aveugles : il nous aide à faire la vérité en nous.

            Ajoutons que c’est en mourant pour nous, pécheurs, que le Christ nous ouvre les yeux. Parce que Jésus consent à être crucifié, nous voyons avec netteté que Dieu nous poursuit de son amour ; parce que le Fils de Dieu souffre les mêmes angoisses que tout le monde, nous voyons que Dieu ne renonce pas à être paternel même si les hommes sont décevants ou offensants ; parce que le Christ a donné sa vie pour la multitude, nous voyons nettement que nos « ennemis » sont aimés de Dieu autant que nous.

            En ce carême, puissions-nous voir que Dieu donne à chacun grâce après grâce… Nous pensons avec joie à toutes les personnes qui se préparent au baptême, parce qu’elles voient les signes de la présence de Dieu. Nous pouvons dire avec elles : «  fais-nous voir, Seigneur ton amour … Fais-nous voir de quel amour tu nous poursuis … Fais-nous voir que tu es vivant.

3ème dimanche de carême
12 mars 2023

Avant la 1ère lecture

Les hydrologues observent que l’au manque dans les nappes phréatiques Et on devine que c’est grave : la fécondité des plantes risque d’être compromise. De la même façon, les chrétiens qui font le carême observent qu’il y a de la sécheresse dans leur cœur, et que la fécondité de leur vie est compromise ; en nous tous, il y a des zones arides, desséchées, stériles… Car nous avons parfois un cœur dur, intransigeant, un cœur sans espérance et sans confiance, un cœur fait pour aimer mais stérilisé par le matérialisme…Quand les gens de la Bible souffrent du manque d’eau, Dieu révèle qu’ils ont soif d’eau pour se désaltérer, mais surtout soif de vérifier que Dieu était bien avec eux, même dans l’épreuve. Je crois bien qu’entre beaucoup de soifs, nous avons soif de voir des signes de la présence de Dieu fidèle.

Avant la 2ème lecture

Nous avons soif de vérifier que Dieu est toujours avec nous dans les épreuves ; en fait, nous avons soif de savoir que nous sommes aimés, quelle que soit notre vertu. D’après saint Paul, la croix où le Christ révèle un amour infini, répond à notre soif.


Après l’évangile.

Qui n’a pas soif d’être compris, d’être valorisé, d’être libéré, d’être aimé d’un amour définitif, d’être pardonné, de vivre en paix… ? La femme que Jésus a rencontrée dans la région de Samarie avait soif de tout cela, elle qui était dévalorisée au point d’aller au puits à midi, à l’heure la plus chaude, de manière à ne pas rencontrer les autres femmes. La femme a vraiment soif d’être valorisée. Mais le récit commence par la parole de Jésus : « j’ai soif, donne-moi à boire ». 
            A chacun de nous Jésus dit « j’ai soif ». De quoi a-t-il soif ? Que devrai-je lui donner à boire ? Parce qu’il désire fondamentalement que nous ayons la vie en abondance, il a soif de nous voir tourner le dos à des plaisirs passagers et décevants ; il a soif d’entendre de notre bouche : « je suis comme une terre sèche, donne-moi l’eau vive de la bienveillance, de la prière, du pardon, du don de soi ; il désire que nous lui disions : donne-moi le saint Esprit, donne-moi de connaître Dieu, le seul trésor qui ne se dévalue pas. 
            Alors, Jésus attendait la femme pour qu’elle connaisse le don de Dieu ; aujourd’hui c’est nous qu’il attend, pour nous donner le don de Dieu, la bienveillance de Dieu, la miséricorde de Dieu, la patience de Dieu… Lui que nous dit « donne-moi à boire », il vous attend pour nous donner l’Esprit qui travaille le cœur et convertit. Ecoutez celui qui vous appelle à aimer; et donnez-lui votre foi, votre confiance, votre certitude qu’il est toujours avez vous.

2ème dimanche de carême
5 mars 2023

Nous parcourons le chemin du Carême, le chemin de Pâques, le chemin vers notre Terre Promise, la vie avec Dieu. Parce que la vie de foi est un chemin, il n’est pas étonnant qu’Abraham, notre père dans la foi, soit un nomade : il se déplace et physiquement et mentalement. La foi suppose qu’on se déplace mentalement. Notez aussi que, parce qu’il se déplace, Abraham pourra engendrer une famille ; de même, si Dieu nous demande de quitter nos principes, nos habitudes, ce sera pour un heureux événement, pour produire de la vie, et plus précisément, pour mettre au monde la présence de Jésus et la rendre manifeste … Notez enfin qu’Abraham se déplace parce qu’il fait confiance à la Parole de Dieu ; sur notre chemin de foi, faisons-nous confiance à la Parole de Dieu … à cette Parole selon laquelle l’amour du Seigneur est sur nous ?

Nous avons une vocation sainte : nous sommes appelés non seulement à voir les effets de la présence de Dieu, mais à voir même le visage de Dieu ! Sans doute, Pierre, Jacques et Jean avaient prié cent fois le psaume 42 : « Dieu, quand te verrai-je face à face ? » Eh bien au jour de la transfiguration, ils ont vu que leur ami qui portait la plus grande attention à chacun, qui nourrissait les foules, guérissait les malades et tendait la main aux exclus… est vraiment Dieu. Ils ont vu qu’un corps humain qui n’agit que par amour est resplendissant de la beauté de Dieu. Notre vocation c’est de voir aussi la beauté de Dieu, la beauté du Christ, en toute personne qui agit par amour.

Tant que Jésus faisait des guérisons, se faisait obéir par les démons et par la mer, les disciples étaient admiratifs et professaient, comme le disait saint Pierre, qu’il était le Messie, que la gloire de Dieu demeurait en lui (nous mêmes, nous pensons facilement que Dieu est partout où ça réussit). Mais Jésus était visé par les complots visant à le tuer ; le jour où les disciples l’ont entendu annoncer qu’il souffrirait et qu’il mourrait, les mêmes qui disaient « tu es le Messie », se sont exclamés « non ça ne peut pas t’arriver de souffrir et mourir (Quand il y a souffrance et échec, personne ne pense que Dieu est présent ; quand il y a souffrance et échec, on dit que Dieu nous abandonne). Eh bien, Jésus a voulu montrer que c’est justement quand il donne sa vie dans les tortures que la gloire de Dieu est au maximum. Jésus a été transfiguré pour nous apprendre à voir dans un homme qui risque d’être défiguré parce qu’il aime, la présence resplendissant de l’amour qui transfigure. Apprenons que l’amour d’une personne est vrai quand cette personne vit son amour quoi qu’il lui en coûte.

Frères et sœurs, vous avez de l’amour dans le cœur. Quand vous donnez votre amour à quelqu’un, vous vous exposez à être affectés par tout ce qui fait souffrir la personne que vous aimez ; vous consentez même à être blessés par les maladresses de la personne que vous aimez. C’est quand vous continuez d’aimer tandis que vous êtes blessé, que vous êtes au top de l’amour. Quand on souffre pour celui qu’on aime, l’amour est réel, la gloire est là. Donc la gloire de Dieu est révélée au mieux quand Jésus est défiguré. On comprend que Jésus soit transfiguré peu de jours avant d’être défiguré. Dieu n’est pas partout sauf où l’on échoue, il est aussi là où l’on meurt par amour.

L’amour, la gloire, est au maximum chez ces parents qui s’usent la santé pour un enfant handicapé ; l’amour et la gloire sont au maximum chez cet époux et cette épouse qui vont tous jours passer des heures au chevet de leur conjoint hospitalisé : ils resplendissent du plus bel amour, parce qu’ils disent à leur conjoint ce que Jésus nous dit sur la croix : « tu m’es tellement précieux que je ne t’abandonnerai pas quoi que j’aie à endurer » ; l’amour et la gloire sont au maximum chez ces éducateurs qui ne comptent pas leurs heures pour tirer quelqu’un d’affaire… Dieu-amour est vraiment partout, pas seulement là où ça réussit, où c’est facile, mais aussi là où c’est difficile, là où l’on souffre par amour.

Le carême nous exhorte à être ainsi transfigurés par la décision d’aimer quoi qu’il en coûte. Je crois que les personnes qui prennent cette décision sont si nombreuses que le monde est vraiment rempli de la gloire de Dieu (comme on chante dans l’acclamation saint le Seigneur). Ayons beaucoup d’ambition : rêvons de gloire ! rêvons de faire honneur à l’humanité en donnant notre vie comme Jésus, en disant sur nous-mêmes « mon corps livré pour vous ».

1er dimanche de carême
26 février 2023

Avant la 1ère lecture  
C’est quoi la condition humaine ? qu’est-ce qui est chez l’homme depuis qu’il y a des hommes ? Dès ses 1ères pages, la Bible constate que l’homme est tenté, que son cœur est le lieu d’un combat. Pour en parler la Bible écrit un récit, un récit qui n’est pas un compte rendu historique ou scientifique, mais qui dit ce qui se passe en nous à tout moment.

Après la 1ère lecture
Vous avez entendu : il s’agit de ce que font Adam et Eve, c’est-à-dire Monsieur et Madame Toutlemonde. Il s’agit donc ce que je fais, ce que vous faites. Que faisons-nous ? Comme Adam, comme tout homme, nous écoutons la voix de Dieu mais aussi une autre voix… qui suggère de décider nous-mêmes de ce qui est bien et de ce qui est mal, sans nous référer à Dieu… Quand la voix du Père dit « ce qui est bien c’est que tu accueilles les autres comme des frères », une autre voix me dit : « les autres te gâchent ta vie, ne t’occupe pas d’eux » ; j’entends cette voix et me croyant plus sage que Dieu, je dis « Dieu a tort, quand il me demande d’accueillir les autres, il ne veut pas mon bien » (c’est ça le péché). La voix du Père dit « tu es heureux si tu pardonnes » ; mais l’orgueil me dit en boucle « ne te laisse pas marcher sur les pieds, fais valoir ton bon droit » ; j’entends cette voix et me croyant plus sage que Dieu, je dis « Quand Dieu me demande de pardonner, il a tort, il ne veut pas mon bien » (c’est ça le péché). Depuis qu’il y a des hommes, ils sont pollués par un esprit qui les convainc que Dieu n’est pas paternel et ne veut pas leur bien. Tous nos péchés commencent par ce moment où nous laissons s’installer en nous l’idée que Dieu ne veut pas notre bien et l’idée que nous sommes assez grands pour savoir ce que nous avons à faire. De même qu’on promeut l’écologie pour prendre soin de la planète, de même l’évangile présente une écologie pour prendre soin de notre liberté, pour nous empêcher d’obéir à n’importe quoi, d’être prisonniers de l’esprit du mal. 

Après l’évangile

Le 1er récit disait qu’Adam, tout homme, est pollué par la prétention de savoir mieux que le Père ce qui est bien et ce qui est mal. Dans l’évangile, Jésus est révélé pur de cette pollution, lui qui se réfère exclusivement à la Parole du Père, parce qu’il pense que le Père est le seul à savoir ce qui est bien et mal. En ces deux récits sont décrites les manières dont Adam et Jésus affrontent le Tentateur.
Pendant ce carême, il nous revient d’écrire un 3ème récit racontant comment nous affrontons le tentateur. Nous aurons, comme Jésus, la tentation de l’abondance (non pas changer les pierres en pain, mais penser qu’on vit seulement de nourritures terrestres) ; nous aurons comme Jésus la tentation de l’apparence (non pas nous jeter du haut d’un mur, mais tout faire pour que les autres aient une bonne opinion de nous, et même nous faire applaudir) ; nous aurons comme Jésus la tentation de la puissance (non pas dominer la terre, mais diriger, avoir raison, en famille, avec les voisins et les collègues) Notre société cède à ces tentations… et on voit ce que ça donne : des gens enlisés dans le matérialisme, ne se souciant que du compte en banque, chacun n’ayant aucun scrupule de prendre les autres en otages. Il serait bien que notre carême nous fasse croire que Dieu est plus sage que nous, et nous fasse ainsi préférer le partage à l’abondance, la modestie à l’orgueilleux souci d’épater, le service à la puissance. Le carême est une démarche pour une écologie de l’homme
            Le carême est fait pour changer d’air. L’air du chacun pour soi, du matérialisme, de l’infidélité…nous l’avons déclaré pollué ; puissions-nous laisser entrer l’air frais de Jésus, de l’attention au frère. Puissions-nous renaître, partir sur des bases nouvelles, avoir d’autres références que le jugement des autres, et la seule perspective du virement de la retraite !

            Qu’est-ce que Dieu fait pour l’homme ? Il fait qu’il soit comme Jésus, extrait de l’emprise de Satan. Rendons grâce car chaque fois que nous avons résisté à l’esprit du mal, cela nous a été donné par Dieu, cela a été un miracle

7ème dimanche du temps ordinaire
19 février 2023

Frères et sœurs, les brutalités abondent. Elles engendrent quasi toujours le réflexe de la vengeance. Je dis « quasi toujours », car ce n’est pas toujours. Je pense à un homme : son enfant a été tué dans un attentat et aux voyous qui voulaient monter les gens les uns contre les autres, il a envoyé le message suivant : « vous vouliez ma haine ! nous n’aurez pas ma haine ». Cet homme étouffe la haine ; il est sage. Car la vengeance ne solutionne rien. On verrait avec un plaisir certain que celui qui a fait du mal soit puni sévèrement : « ça lui apprendra ». Ca lui apprendra quoi ? Même la justice humaine pratique la violence qu’elle reproche au délinquant ; donc si elle ne fait que punir, elle ne peut rien apprendre au délinquant. Elle a seulement la sagesse de fixer des punitions proportionnées au délit. Mais la justice humaine ne brise pas le cycle où, à toute violence, succède une autre violence. Elle n’ouvre pas la possibilité de vivre ensemble en paix ; elle n’est pas vraiment une sagesse.

            Seul Dieu est sage ; seul l’amour est sage. Vous le vivez en famille. Que fait le parent quand l’enfant fait un acte qui le blesse ? Le parent qui est blessé par l’acte mauvais de son enfant le réprimande, mais ne se venge pas au sens où il ne sanctionne mais pas pour le plaisir de blesser : il ne rend pas coup pour coup, il éduque et peut-être il montre un plus grand amour. Parents, en excluant la vengeance, vous montrez l’image de Dieu qui, pour éduquer les hommes, répond aux blessures que lui inflige l’humanité, non pas en se vengeant, mais en donnant son fils jusqu’à la croix.

            Les relations sont parfois difficiles ; on a parfois envie de mordre, comme des loups. Or quand Jésus dit « je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups » ; il ne dit pas « je vous envoie comme des loups au milieu des loups ». Il dit « Je vous envoie comme des agneaux ! Pas pour vous faire mordre ! mais pour désarmer ceux qui mordent, pour que la prétendue sagesse humaine qui préconise la vengeance soit remplacée par une vraie sagesse qui engendre la paix.

            Cette vraie sagesse se formule ainsi : « tu aimeras ton ennemi, tu n’auras aucune pensée de haine contre ton frère, contre ton conjoint, contre ton collègue… et tu n’attendras pas qu’ils fassent le premier pas sous prétexte que tu es dans ton bon droit ». C’est la sagesse de Dieu. Car, regardez le Seigneur sur la croix : l’avez-vous vu exprimer une pensée de haine contre ceux qui le blessent ?

            Les personnes qui viennent se confesser font une magnifique profession de foi, lorsqu’elles disent : « Bénissez-moi, parce que j’ai péché » ; elles ne disent pas « parce que j’ai péché, tu vas me punir » ; elles disent qu’elles sont sûres que le Seigneur ne répond pas à la blessure en se faisant blessant mais en bénissant. Celles qui disent « bénissez-moi parce que j’ai péché », ont observé que le Seigneur n’a de pensée de haine ni contre Judas qui a préféré 30 pièces d’argent… ni contre Pierre le renégat ; il lui tend la main en disant « m’aimes-tu ». Jésus insulté n’a pas rendu l’insulte ; maltraité, il n’a fait de menaces à personne. Lui qui a été livré aux bourreaux, il les a livrés à l’action du Saint Esprit, croyant que ses ennemis pouvaient s’améliorer. Jésus, lui, casse l’enchaînement offense – répression.

            Frères et sœurs, nous désirons tous inverser la courbe des violences : alors réentendons la commandement : « tu n’auras aucune pensée de haine contre ton frère ». Nous qui allons supplier « dis seulement une parole et je serai guéri, lavé », voilà l’unique parole que Dieu nous dit : « tu n’auras aucune pensée de haine, de vengeance, contre ton frère ». Puisque l’Eglise va me proposer de faire, pendant le carême, un grand ménage de printemps, il convient que je laisse le Christ faire en moi ce grand ménage, c’est à dire que je le laisse me convertir.

            Si au ciel, Dieu répond à l’offense par le pardon, la prière nous conduit à demander que sur terre, on réponde à l’offense par le pardon. Père, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

6ème dimanche du temps ordinaire
12 février 2023

Frères et sœurs, la plupart d’entre vous sont des parents. Vous n’avez pas exercé ce rôle seulement le jour où vous avez engendré, mais tout au long des années, en donnant à vos enfants un cadre, des repères, des lois. Ainsi, Dieu notre Père exerce son rôle en nous disant ce qui nous conduira à la vie, la loi de la vie. Dieu est père-créateur particulièrement quand il donne la loi de vie. Comme les lois humaines nous font grandir humainement, la loi de Dieu nous fait devenir des hommes selon Dieu. Donc étant engagé envers nous comme un père l’est envers ses enfants, Dieu nous indique le chemin de la vie, et ensuite, il nous laisse libres : nous conduisons notre vie comme nous l’entendons. Mais Dieu nous avertit : si nous choisissons de suivre Dieu, nous décidons notre croissance ; si nous choisissons une conduite morale sans Dieu, nous déclenchons notre appauvrissement. Le Livre de Ben Sirac dit « tu as devant toi la vie ou la mort… ça dépend de ton choix » Admirons Dieu qui, en nous donnant la liberté, nous permet de créer avec lui et aussi de défaire la vie, de décréer.

            Hélas, nous sommes allergiques aux commandements ou bien, nous ne les pratiquons qu’extérieurement. Ainsi, la loi qui interdit de tuer, nous ne la transgressons pas extérieurement (nous irions en prison) mais nous prononçons des mots meurtriers ou nous souhaitons secrètement que l’autre disparaisse de notre paysage (là, nous appauvrissons notre humanité) ; la loi qui met en garde contre l’adultère, nous l’observons bien extérieurement, mais pas forcément intérieurement (là, nous appauvrissons notre humanité). La loi qui met en garde contre les faux témoignages, nous l’accommodons : notre oui n’est pas suivi d’un engagement ferme, notre non n’est pas suivi d’une résistance ferme ; quand notre oui n’est plus un oui, nous sommes humainement bien appauvris.

            Il me semble que nous perdons notre noblesse si nous admettons des actes contraires à Dieu sous prétexte que tout le monde fait ces actes.

            Comme dit Saint Paul, nous sommes malheureux ; effectivement nous avons entendu ce qui peut rendre heureux et bien vivants et nous choisissons ce qui – même tout en restant secret, intérieur – rend automatiquement malheureux. Alors Jésus diagnostique que l’homme ne va pas bien si, sous un bel aspect extérieur, il a un cœur malade d’avoir blessé le contrat d’alliance. C’est pourquoi, il veut inscrire la loi dans notre cœur, intérieurement. Il dit : on vous a dit comment être extérieurement fidèles à l’alliance ; moi je vous dis comment être intérieurement fidèles à l’alliance. Jésus a bien fait de venir et de nous dire qu’il est insuffisant de soigner le comportement extérieur et qu’il faut soigner l’attitude intérieure, les pensées.

            Ce qui fait de Jésus un être exceptionnel, c’est qu’au lieu d’obéir extérieurement à la loi d’amour, il y conforme toutes ses pensées. Ce qui fait des chrétiens des hommes nouveaux, c’est qu’au lieu d’obéir extérieurement à la parole de vie, ils y conforment leurs pensées. Prenons bien conscience que nous ne serons heureux que si nous obéissons profondément à la Parole de Dieu. On dit habituellement que Jésus était plein de vie ; permettez moi de dire la même chose avec d’autres mots : Jésus était en parfaite santé quand il obéissait à sa vocation en s’exposant par amour aux souffrances, aux fouets, aux clous, à la lance. Jésus nous donne son commandement d’amour, parce qu’il nous voit en mauvaise santé comme l’était Pierre quand il reniait son maître… Nous avons sans doute la même pathologie C’est pourquoi nous pouvons dire dès maintenant : fais moi entendre ta parole et je serai guéri.     

5ème dimanche du temps ordinaire
5 février 2023

Vous les cuisinières, avec un peu de sel, vous sauvez les plats de la fadeur. Si Jésus dit que nous sommes « le sel », c’est qu’il a mis en nous le sel de l’évangile, de la pauvreté, de la confiance, de l’humilité, de la miséricorde, de la paix, de la justice… et qu’il nous fait confiance pour sauver notre entourage familial, professionnel et ecclésial de la fadeur des relations distantes, des méfiances, des indifférences et de la pollution du matérialisme.

            Dans nos fermes de montagne, les paysans pratiquaient la salaison des viandes pour empêcher leur décomposition. Si Jésus dit que nous sommes le sel, c’est qu’il nous fait confiance pour empêcher la décomposition de la société qui se morcelle par le fait que beaucoup s’intéressent à leurs avantages plus qu’au bien de tous.

            Actuellement on réduit les éclairages ; la lumière coûte cher ; elle est donc précieuse. Or, comme le disait Isaïe à Noël, notre société marche dans les ténèbres ; elle a besoin de lumière. Si Jésus dit que nous sommes lumière, c’est parce que l’Esprit saint reçu au baptême et à la confirmation nous a rendus capables d’indiquer à nos proches ce qui vaut la peine d’être vécu. Ceux qui ont en eux la lumière de la fidélité, du pardon, de la justice, suggèrent un chemin droit et noble, comme les phares maintiennent les conducteurs sur la route.

            Jésus croit en nous ! Il nous croit capables d’être sel alors que nous risquons d’être fades ; il nous croit capables d’être lumière, alors que nos conduites sont loin d’être brillantes. Le Seigneur croit en nous, il nous choisit comme apôtres, parce qu’il nous aime ! Il faut lui dire merci pour sa confiance.

            Vous avez entendu : Jésus ne dit pas « je suis le sel et vous êtes la salière ; je suis la lumière et vous êtes le lampadaire, je suis le trésor et vous êtes l’emballage ». Mais il dit « vous êtes le sel, la lumière » ! Pourquoi ? Parce ce n’est pas nous qui vivons, c’est lui qui vit en nous. Chrétiens, croyez en votre dignité : le Christ vit en vous ! En fait l’Eglise, c’est ce peuple dont les membres ne sont pas à l’abri de perdre la saveur de leur baptême, la ferveur de leur confirmation, la douceur de l’évangile,… mais sur qui Jésus ressuscité dépose en permanence le sel et la lumière de sa présence. Et heureusement, car, quand nous nous laissons aller, que nous nous affadissons, que nous quittons l’attitude filiale et l’attitude fraternelle… nous devenons des baptisés dénaturés, et nous ressemblons à un cierge éteint, à un téléphone sans sa carte Sim, à un ordinateur sans mémoire… bref, si notre sel s’affadit, nous sommes des êtres vides. Mais nous confessons que le Seigneur envoie constamment le saint Esprit pour donner à l’Eglise d’être sel et lumière ; la preuve, c’est que, même si notre sel s’affadit, il y a des frères qui ont assez de sel en eux pour semer des graines d’espérance dans un monde alarmiste, pour dire des paroles de paix là où sévit la violence, pour promouvoir la bienveillance là où règne la dérision.

            Un dernier mot. Le baptisé n’est pas sel et lumière tout seul ; c’est l’Eglise qui est sel et lumière ; ce sont les communautés, les équipes qui sont sel et lumière. Je fais donc un plaidoyer pour chacun s’adjoigne à une équipe : soit une équipe de visiteurs de malades (on appelle cela le Service évangélique des malades), soit une équipe liturgique, soit à l’équipe du secours catholique, soit à l’équipe des catéchistes, équipe de partage biblique, etc… Il faut être ensemble pour être sel de la terre et lumière. « On verra que vous êtes mes disciples si vous vous aimez, si vous n’êtes pas seuls ».

            Notre Eglise reçoit de sévères critiques ; parfois son sel perd sa saveur ; parfois sa luminosité ne saute pas aux yeux. Il n’empêche que, parce que le Saint Esprit est en elle, elle ne cesse pas d’engendrer des gens qui donnent à la société le bon goût de la justice, de l’espérance, de la fraternité… Rendons grâce à Dieu !

4ème dimanche du temps ordinaire
29 janvier 2023

Frères et sœurs, quand des catholiques constatent la raréfaction de nos rangs, ils sont préoccupés et expriment leur inquiétude.
Nos assemblées vieillissent, et comptent peu de jeunes ; c’est préoccupant. Mais est-ce que cela préoccupe le Seigneur ? Apparemment non, puisque le prophète Sophonie énonçait de la part de Dieu : « Je laisserai chez toi un peuple pauvre et petit ». Cette parole étonne : Dieu qui, dans sa puissance, a créé le ciel et la terre, n’est pas capable d’avoir un peuple nombreux ! Pourtant, cette parole porte en elle le sceau de Dieu qui fait Pâques.
A ce moment central, son Fils a connu l’extrême faiblesse et il a reçu de Dieu l’extrême puissance ; il a souffert d’être parfaitement minoritaire (abandonné de tous) et il a reçu de Dieu d’être suivi par la foule innombrable des saints. Autrement dit, comme dit saint Paul, Dieu choisit ce qui est faible pour confondre ce qui est fort ; et c’est dans la faiblesse qu’il déploie sa puissance. Si le Fils de Dieu a dû passer au plus bas, il ne faut pas s’étonner que son Eglise passe au plus bas ; il faut consentir à ce que l’Eglise ne soit plus influente, majoritaire, il faut consentir à être chrétiens dans un monde qui ne l’est pas. Réécoutons le prophète Sophonie : « je laisserai un peuple pauvre et petit »

            Il n’y a pas que la petitesse numérique de l’Eglise ; il y a sa petitesse qui vient de ce qu’elle ne peut pas se prévaloir d’être influente. Or, dans les béatitudes, Jésus déclare heureux les petits, ceux qui ne peuvent se prévaloir ni d’être un grand nombre, ni d’être influents, ni de représenter une force. Jésus déclare heureux ceux dont la petitesse est d’être faite de pauvres de cœur, de gens qui pleurent, de personnes qui ne peuvent lutter que par la douceur et la miséricorde, et même de personnes persécutées… Voilà ceux qui forment la cour du Christ roi.

            A l’occasion du décès de Benoit XVI, l’évêque de Poitiers a rappelé une phrase écrite par Benoit XVI en 1969 (il y a 54 ans) dans son livre « Foi chrétienne hier et aujourd’hui ». Je la cite car elle réexprime que l’Eglise a pour vocation d’être « un peuple pauvre et petit » : « De la crise actuelle sortira une Eglise qui aura beaucoup perdu, qui sera de taille réduite et devra repartir de zéro… Avec la réduction du nombre des fidèles, elle perdra de nombreux privilèges… Contrairement à la période antérieure, l’Eglise sera perçue comme une société de personnes volontaires qui s’intègrent volontairement et par choix. En tant que petite société, elle sera appelée à faire beaucoup plus souvent appel à l’initiative de ses membres ». (pages 114-115)

            Les béatitudes disent qu’il faut faire un acte de volonté, pour consentir à toutes les formes de pauvreté. Acte de volonté pour se détourner du matérialisme et croire à la puissance de l’amour. Acte de volonté pour remplacer le réflexe d’écraser l’autre par la décision de pardonner. Acte de volonté pour tenir à l’amour, à la justice, à la fidélité, alors que l’amour, la justice et la fidélité ne sont pas aimés. Sophonie disait la condition à remplir pour être l’Eglise en situation minoritaire : « ce petit reste prendra pour abri le nom du Seigneur ; ne commettra pas d’injustice, et n’aura pas de langage trompeur ». Benoit XVI le disait : n’appartiendront à l’Eglise que « des personnes volontaires » 

            Donc, soyez en paix. Au début Jésus a eu bien du mal à conserver 11 disciples… c’était le petit reste… Il n’empêche que ça a suffi pour que le monde bénéficie du bon levain de l’évangile. Un petit nombre de gens qui « auront pour abri le nom du Seigneur, qui ne commettra pas d’injustice et n’aura pas de langage trompeur… un petit nombre de gens pauvres de cœur, miséricordieux, artisans de paix, assoiffés de justice…suffira à porter dans nos villages le bonheur de suivre le Christ. Ce n’est pas par le grand nombre que nous installons l’évangile dans notre monde, mais pas un petit reste de pauvres de cœur qui préfèrent le pardon à l’écrasement de l’autre, la soif de la justice au confort personnel. La bataille contre Madiane dont nous parlions dimanche nous apprend à ne pas regarder les statistiques mais à repartir du Christ, de l’humilité du Christ, de ce foyer d’amour qui s’exprime ainsi : mon corps livré pour vous. Notre Eglise chez nous doit peut-être passer au plus bas… mais le Père va la ressusciter. Dieu déploie sa puissance dans les faiblesses.

3ème dimanche du temps ordinaire
22 janvier 2023

Après la 1ère lecture  
Dieu annonce une grande lumière dans des régions où règne ces formes de mort que sont la guerre et la recherche effrénée de l’argent… Or, le nord du pays d’Israël (là où habitent les tribus de Zabulon et de Nephtali) est un lieu convoité par les voisins de l’actuelle Syrie ; là bas, c’est la guerre ; les gens sont malheureux, comme dans la mort. Avez-vous entendu : le prophète annonce que le peuple malheureux va recevoir un cadeau inattendu comme lors du combat contre Madiane. Je vous raconte ce combat daté vers 1200 ans avant Jésus. (cf Juges 7) Cet épisode nous intéresse parce que nous aussi, il nous faut tenir le coup alors que nous nous sentons peu nombreux pour résister à une société qui tient pour rien la foi chrétienne.

            Le chef d’armée Gédéon avait mobilisé 32 000 hommes pour combattre les envahisseurs. Le Seigneur lui dit « c’est moi qui vous ferai gagner le combat et non pas votre grand nombre ; renvoie les soldats qui ont peur ». D’un coup, l’armée s’affaiblit de 22 000 soldats. Il en restait 10000. Dieu dit à Gédéon : « les soldats sont encore trop nombreux ; si vous gagnez le combat, vous direz que c’est grâce à votre grand nombre (voyez que nous avons la même tentation : désirer être nombreux) ; Dieu dit donc : conduis les hommes au bord de l’eau et regarde comment ils boivent ». Gédéon vit que des soldats lapaient l’eau comme des chiens : Dieu lui dit « va au combat avec ceux là » : ils n’étaient que 300. Partis 32 000, ils ne sont plus que 300. Et cette armée minuscule a gagné et elle a compris que la victoire était un don de Dieu et non une performance humaine.

            Il en va de même pour nous : face à la non foi de nos proches ou de toute la société matérialiste, notre fidélité et la survie de l’Eglise est un don de Dieu qui donne le salut.

Après l’évangile

            Je l’ai dit, dans notre pays, dans nos villages, s’étend le nuage noir du matérialisme, du chômage, de la peur de l’avenir, du chacun pour soi, de la solitude,… et aussi parfois la moquerie de certains non-chrétiens. Et nous avons peur parce que nous sommes minoritaires. Or St Matthieu dit que Jésus a installé son quartier général en Galilée, là où on ne pense qu’à gagner de l’argent, là où on néglige la religion. Parce que le pays marche dans la nuit, Jésus s’y installe, comme lumière. De même, Jésus ressuscité veut vivre dans nos villages sous les traits de ceux qui pratiquent la fraternité et la justice ; ainsi les gens verront la lumière de la sagesse ; ainsi les enfants et les adultes auront envie de baser leur vie sur Jésus.

            Jésus est lumière : il vit une totale fidélité alors que nous tombons dans l’infidélité. Il porte à chacun une attention délicate alors que nous sommes souvent indifférents. Il meurt pour les autres alors que nous trouvons que les autres nous gênent. Et, comme dit st Paul, il est seul à faire cela ; même les plus grands apôtres ne le font pas.

            Comment les gens de nos familles et de nos villages pourront percevoir que Jésus est lumière ? Forcément, ce sera grâce à nous, si nous répondons à l’appel de Jésus comme André, Pierre, Jacques et Jean. Si vraiment nous vivons la foi, si nous pratiquons la fidélité et la miséricorde, les gens diront que Jésus est vraiment la lumière du monde. 

            Il a appelé ainsi André Pierre, Jacques et Jean pour porter sa lumière. Jésus cherche des collaborateurs chez nous. Ecoutez le : il vous dit : veux-tu servir les enfants ? veux-tu porter mon amour aux personnes âgées seules ? veux-tu consentir à donner du temps pour ta paroisse ? Et fondamentalement « veux-tu me suivre en donnant ta vie » ?

            Un dernier mot ; ce dimanche est au milieu de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Catholiques, protestants, orthodoxes, tous disent que Jésus est la lumière. Puissions-nous dire à notre entourage « Christ n’a que de l’amour pour vous ; Christ est actif dans le monde ».

2ème dimanche du temps ordinaire
15 janvier 2023

Dimanche dernier, en fêtant l’épiphanie de Jésus Christ : nous nous réjouissions de constater que le Christ attire à lui non seulement les quelques mages païens, mais encore tous les non-chrétiens d’aujourd’hui. Saint Paul formulait cela en disant : « les païens sont associés au même héritage ». Aujourd’hui nous nous réjouissions d’entendre Jésus dire qu’il veut travailler à ce que tous connaissent le Père. Il a dit en effet :

♫ « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté »

            Jésus a entendu dans son cœur cette parole : « Parce que tu es mon serviteur, je compte sur toi pour révéler aux hommes que je leur pardonne, que je les bénis, que je veux les rendre libres et enlever leur péché»… A cette parole, Jésus répond « Me voici, je viens faire ta volonté » A cause de ce « me voici », je suis prêt à assurance qu’un pardon est offert à ceux qui ont trahi et méprisé, nous aimons Jésus. A cause de ce « me voici », je suis prêt à montrer que Dieu ne pense qu’à bénir les enfants et les adultes, nous aimons Jésus ; à cause de ce « me voici », je suis prêt à tout faire pour que les gens soient libres, nous aimons Jésus.


            Jésus et Jean Baptiste étaient cousins ; ils se connaissaient. Mais, tant que Jean Baptiste n’avait pas entendu Jésus dire « me voici », il ne connaissait pas vraiment Jésus. Le jour où il s’est aperçu que Jésus allait remplir l’importante mission d’ouvrir les yeux des hommes pour qu’ils voient la bonté de Dieu, il a conclu : Jésus est forcément sous la mouvance de l’Esprit de Dieu ! Il fait vraiment la volonté de Dieu, il est l’agneau de Dieu.

♫ « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté »

            Chaque fois que nous venons à l’église, le Saint Esprit nous rappelle que nous avons une mission. Aujourd’hui, Dieu nous dit « je compte sur toi » ! A tout moment, il nous appelle à aimer et à aider les autres à vivre. Dieu dit à celui-ci « tu ferais bien de donner un peu de temps à ton voisin », à celui là « tu ferais bien de faire le premier pas pour mettre fin à une querelle ». Et quand une personne a besoin d’être écoutée, quand un groupe a besoin d’être défendu, quand une idée méprisante est énoncée, Dieu nous dit « vas-tu rester sans rien dire ? ne pourrais-tu pas faire quelque chose au nom de l’amour qui te baigne ? ». Dieu appelle et donc il dérange (il n’y a que les idoles qui ne dérangent pas !). Si la volonté du Père c’est que tous connaissent le pardon, soient aidés à vivre, nous qui sommes les serviteurs de Dieu, il nous faut répondre au Père ce que le Fils a répondu :


♫ « Me voici, je viens faire ta volonté ».

            Encore quelques mots à propos de cette parole que prononce Jean Baptiste et que le  prêtre répète à chaque messe : « voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » L’envoyé de Dieu vient sous la figure de l’agneau et sur lui repose la colombe ; l’agneau et la colombe, deux symboles de douceur ; la mission de Jésus sera donc d’agir dans la douceur. Mais la douceur de l’agneau, Jésus l’incarnera en se laissant conduire à l’abattoir sans rien dire, et en devenant l’agneau pascal, l’agneau qu’on tue pour le manger en signe de communion avec Dieu qui fait la libération fondamentale de Pâques. A chaque messe, nous faisons mémoire de la libération de Pâques et nous mangeons l’agneau de Dieu : Heureux les invités au repas des noces de l’agneau. Ainsi, quand Jésus dit « me voici », nous disons avec lui :

            ♫ Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté .

Epiphanie
8 janvier 2023

Frères et sœurs, st Matthieu montre des païens qui sont attirés par le Christ. Voilà un vrai motif de fête : comme la limaille est attirée par l’aimant, comme l’aiguille de la boussole est attirée par le Nord, les païens sont attirés par le Christ. En témoigne le constat que pendant trente ou cinquante ans de mission, avant d’écrire le récit des Mages, les communautés chrétiennes de Paul et de Pierre ont vu des païens s’adjoindre à elles, embrasser la foi, en disant que le Christ est leur lumière. A Ephèse, à Rome, à Corinthe, à Thessalonique… le Christ a attiré les païens parce qu’il est comme une étoile qui brille dans la nuit du paganisme ; l’Eglise nous suggère de croire que le Christ luit dans la nuit de notre société matérialiste qui s’occupe de tout sauf de la vocation spirituelle de l’homme. A nos yeux la lumière des néons publicitaires ne peut pas rivaliser avec la vraie lumière, l’étoile qu’est le Christ ; car sa vérité est attirante, sa justice est attirante, sa miséricorde est attirante, ses saints sont attirants, le Christ est attirant.

            Alors saint Matthieu parle « des mages » , il ne dit pas combien ils étaient, mais il dit qu’ils apportent trois cadeaux. La tradition a donc décidé qu’ils étaient trois. Peu importe leur nombre. La première remarque à faire c’est qu’ils marchent. Celui qui est attiré par le Christ sent l’urgence de se déplacer mentalement ; de sortir des ténèbres des violences pour donner la paix… comme à la messe ; de chasser la nuit de la voracité à posséder pour faire l’offrande … comme à la messe ; de quitter la tristesse de l’individualisme pour avoir des liens communautaires… comme à la messe. Comme les mages, il faut nous déplacer et faire taire le refrain habituel « on a toujours fait comme ça ». Moyennant ce déplacement vers la paix, vers l’offrande, vers les liens communautaires, tout à une couleur nouvelle. Pour en jouir, en famille, en quartier, au travail…., osons nous convertir. Le Christ est venu dans la crèche une 1ère fois sans nous ; il a fait briller sa lumière devant les mages sans nous. Mais actuellement pour faire briller sa lumière, il compte sur nous, ce qui suppose que nous nous déplacions. Le Christ exerce un attrait, il nous déplace, nous dérange. Si le Christ ne dérange rien dans notre vie, c’est que nous ne lui faisons guère de place. Il n’y a que les idoles qui ne dérangent pas.

            Il faut faire une 2ème remarque : à ces mages qui se déplacent, il fallait une boussole. Leur boussole a été une communauté à qui ils ont demandé « où est le roi ? » On ne trouve pas le Christ sans une communauté ; on ne trouve pas le Christ sans l’Eglise. Alors certains disent qu’il y a tellement de pécheurs dans l’Eglise qu’il faut s’orienter sans elle. Attention ! Quelqu’un qui est pécheur peut montrer le Christ. L’Eglise est comme le doigt qui montre l’étoile ; alors il ne faut pas regarder le doigt mais regarder l’étoile ! Ainsi les mages ne se sont pas préoccupés de la sainteté de leurs informateurs. Et ces informateurs, tout pécheurs qu’ils étaient, avaient en main la boussole, les Ecritures. Aujourd’hui l’Eglise n’est pas irréprochable, mais elle ouvre les Ecritures et elle en donne le sens… bien qu’elle soit faite de pécheurs… dont je fais partie.

            Une troisième remarque concerne le geste de l’offrande. Parce que le Christ est roi, les mages lui ont offert l’or ; parce qu’il est Dieu, ils lui ont offert l’encens ; et parce qu’il allait entrer dans la mort pour la faire mourir, ils lui ont offert la myrrhe qui servait à l’embaumement. Au Christ qui est roi, qui est Dieu et qui nous fait vivre en tuant la mort, nous devons une offrande, celle de notre personne : offrons-lui notre santé, notre confiance, notre fatigue, notre temps de prière… et le fruit du travail des hommes, y compris celui des païens… Nous offrir nous mêmes, c’est le vrai culte. Jésus s’est offert lui-même.

            Dernière remarque : les mages sont repartis (ça veut dire que le cruel Hérode n’a pas pu empêcher que Jésus attire et rencontre les païens) et ils sont repartis par un autre chemin. Nous-mêmes, ayant trouvé le Christ, l’étoile, nous ne suivrons plus le chemin du découragement, mais celui de l’espérance ; nous ne suivrons plus le chemin du matérialisme mais celui du partage ; notre vie sera nouvelle… Parce que la lumière aura brillé dans nos coeurs.

            Frères et sœurs, saint Paul a raison de dire que l’étoile qui brille dans le paganisme actuel, c’est le Christ et sa parole. Ainsi nous pouvons regarder les personnes « des périphéries » comme des personnes appelées autant que nous à connaître la joie de la foi au Christ. Frères et sœurs, le Christ nous a attirés, il attire toute l’humanité, lui la vraie lumière

Marie, mère de Dieu
1er janvier 2023

Frères et sœurs, je ne doute pas que vous soyez tout à fait sincères quand vous souhaitez la Bonne Année. Pourquoi, en effet, ne souhaiterions-nous pas sincèrement à une personne malade qu’elle guérisse, à un enfant qu’il grandisse, à une personne tourmentée qu’elle accède à la paix ?

            Pourtant, je présume que la sincérité de vos vœux, est accompagnée d’un doute : avons-nous de vraies raisons de penser que 2023 sera meilleure que 2022 ? Pas vraiment ! Nous ne sommes pas naïfs ; il est probable qu’en 2023 l’humanité rencontrera les mêmes problèmes qu’en 2022, voire de plus terribles. De ce fait, il est possible que nos vœux aillent à l’encontre de toute probabilité. Mais nous y tenons parce que nous avons de l’espérance : notre espérance n’est pas naïve ; elle sait que les problèmes seront là… mais elle sait aussi ce que savait Marie, Mère de Dieu, elle qui avançait vers l’inconnu du lendemain, tout comme chacun.

            Je parle de Marie, car nous commençons l’année avec la fête de sainte Marie Mère de Dieu… Sainte Marie qui met Dieu au monde. Elle savait que le Puissant fait des merveilles pour les hommes, qu’il comble de biens les affamés, qu’il relève ceux qui tombent, qu’il tient ses promesses. Bref, nous faisons des vœux au nom de l’espérance de Marie, parce que nous sommes sûrs qu’au long des mois à venir, le Seigneur marchera avec nous, avec tous, et qu’il sera puissamment actif. Alors, quand nous souhaitons « bonne année » à une personne, nous disons non pas une formule creuse, mais une bénédiction. Frères et sœurs, vos vœux sont des bénédictions. Ils consistent à dire : même si, inévitablement, notre année va comporter des problèmes, Dieu agira en toi et pour toi, et je te souhaite de t’en apercevoir.

            Rappelons-nous la première parole : c’est un modèle de vœux : « Que le Seigneur te bénisse et te garde… qu’il t’apporte la paix … qu’il fasse briller sur toi son visage et qu’il te prenne en grâce ». Pourquoi n’enverrions-nous pas ce message à nos correspondants ? Avec de telles paroles on est dans le domaine spirituel, la grâce ! la faveur de Dieu ! « Que le Seigneur t’apporte la paix ». Qu’il t’apporte bien sûr la fin de tes querelles, mais qu’il t’apporte aussi des relations fraternelles, un développement harmonieux, un itinéraire qui te permette d’accomplir ta vocation. Frères et sœurs, ne croyez pas que les prêtres sont seuls à pouvoir bénir : vous-mêmes, bénissez vos proches, vos amis, vos voisins : dites leur « que le Seigneur t’apporte la paix… » Dire la bénédiction, dire les vœux, c’est dire que les hommes sont visités par l’amour de Dieu, et pas seulement livrés aux aléas des malheurs possibles. 

            Marie est justement celle par qui, en la personne de Jésus, Dieu a pu visiter les hommes, être proche des malades, dire de l’amitié aux exclus, tendre la main aux condamnés. Au milieu des hommes inquiets de leur avenir, Marie a mis au monde Jésus qui est vraiment Dieu avec les hommes, Emmanuel

            Alors si Jésus est Emmanuel, il est juste de dire, par nos vœux, que les familles seront le Temple du Seigneur tout comme l’était l’étable des bergers. De dire que les écoles où les profs s’appliquent à mettre de la lumière dans la tête des enfants seront éclairées comme était éclairée par l’enfant l’étable de Bethléem. De dire que le Seigneur tiendra la main des personnes immobilisées dans leur fauteuil ou sur leur lit. Le cadre de vie de chacun sera le Temple du Seigneur. Que peut-on souhaiter de mieux ?

            En vous disant mes vœux, j’aimerais donc savoir dire à chacun : marchons dans l’espérance puisque Dieu est pour nous ! Puisque Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Marchons dans l’espérance vers la nouvelle année. Bonne année !



NOËL
25 décembre 2022

Frères et sœurs, parmi les chants de Noël, le plus traditionnel est « il est né le divin enfant ». Et l’évangile de ce jour de Noël nous dit que cet enfant divin est le Verbe de Dieu, celui par qui Dieu veut nous parler (pour comprendre le mot Verbe il faut penser à l’expression verbale). Ainsi, Jésus vient dans le monde pour exprimer qui est Dieu ; il le fera en étant celui qui enseigne, celui qui relève, celui qui tient à continuer d’aimer même quand il est malmené et torturé, car Dieu est celui qui enseigne, relève, et aime même ceux qui ne sont pas aimables. Donc, pendant les années où Jésus a vécu en Palestine, Dieu s’est exprimé par un Jésus adulte ; mais, aujourd’hui, méditons sur le fait que Dieu s’exprime par Jésus enfant.

            L’enfant, les parents le diraient mieux que moi, c’est le cadeau. Et il n’y a que Dieu qui donne ce cadeau qu’est l’enfant. Evidemment Dieu ne l’offre pas dans un emballage de papier doré tenu par des rubans. Il offre l’enfant dans l’emballage qu’est l’amour des parents. Le cadeau qu’est l’enfant, c’est la vie ; une vie qui n’est polluée ni par l’orgueil de dominer, ni par les relations marchandes donnant-donnant ; une vie qui est réussie parce que son mode de relations n’est fait que de câlins et de risettes… Alors que nous prétendons que nous sommes surtout vivants si nous dominons les autres par l’orgueil, l’argent ou les armes, nous devons avouer que nous sommes incapables de produire l’enfant qui domine puissamment par sa tendresse. Aujourd’hui, à Noël, plus que jamais, devant le cadeau qu’est l’enfant, nous professons que le Dieu d’amour nous parle par l’homme réussi, par l’enfant prince de la paix, par l’enfant roi de justice, par l’enfant qui détruit la guerre parce qu’il ne sait qu’aimer… 

            Les familles expérimentent qu’à sa naissance, l’enfant, c’est le cadeau ; elles expérimentent aussi que, dès sa naissance l’enfant occupe sa place dans la famille en tant que frère. L’enfant qui naît est non seulement mon frère mais aussi le frère dans toute la fratrie. L’enfant de Bethléem, Dieu nous le donne comme frère de tous, le frère universel. Il est possible que beaucoup fêtent la naissance de l’enfant Jésus parce qu’ils pressentent que leur désir de fraternité est porté par ce Jésus. Si je crois que Dieu s’est fait enfant et si je crois qu’il s’exprime par l’enfant-frère, je devrai être fraternel avec tous ; je devrai considérer les autres comme des frères, et je devrai me convaincre que Dieu me parle par eux, qui sont des fils de Dieu, autant que moi. Nous ne choisissons pas nos frères ; nous choisissons d’être frères. Et Noël fait sentir l’urgence d’incarner la fraternité. Un sage disait que le jour se lève quand on est capable de distinguer un frère en tout humain. Dans l’humanité, ce qui est brillant ce n’est pas l’autorité des armes ou du savoir ; il n’y a qu’une étoile qui brille : c’est la fraternité. Voyez ! L’enfant de Bethléem est vraiment la parole de Dieu parce qu’il est le frère universel ; et Dieu nous parle par tous ceux qui s’appliquent à vivre fraternellement. La fraternité, c’est la vérité de la parole ; nous vivons de la qualité des paroles qui nous sont adressées ; et la Parole de Dieu qu’est Jésus le fraternel est la parole de qualité, la parole de vérité.

            L’enfant, c’est le cadeau ; l’enfant, c’est le frère ; il faut dire aussi que l’enfant c’est la confiance. Dans les bras de sa maman ou de son papa, l’enfant a une totale confiance. Et un tel enfant est un modèle puisque Jésus dit que pour être ses disciples, c’est à dire vivre dans la foi, il faut devenir comme un enfant plein de confiance. Nous, les adultes, nous sommes parfois les champions de la méfiance : nous ne croyons que ce que nous voyons, nous calculons, nous voulons maîtriser… Eh bien, Dieu nous parle par l’enfant qui fait confiance. Regardez les enfants à l’âge où ils font confiance : ils sont pour vous parole de Dieu.

            Après avoir parlé de l’enfant, mon dernier mot sera pour vous, les parents. Vous êtes à l’image de Dieu : quand vous donnez à vos enfants votre temps, votre attention, la nourriture, l’affection…, vous ne donnez pas un salaire, ni des récompenses ; comme Dieu vous donnez des cadeaux. Le Dieu qui fait des cadeaux habite en vous. Voilà la cause de votre joie à Noël.


4ème dimanche de l’Avent
18 décembre 2022

Permettez-moi de rappeler que pendant l’avent, nous fêtons 3 venues du Christ. Nous ne nous concentrons pas seulement sur la venue de Jésus à Bethléem, quand il a fait sa première venue ; nous regardons aussi comment en tant que ressuscité il vient chaque jour visiter l’humanité et nous regardons aussi vers le jour où « il reviendra dans la gloire » : ce sont ses trois venues.

            Dimanche dernier, l’évangile faisait regarder Jean Baptiste et donnait à entendre comment il invitait les gens à préparer le chemin, pour que le Seigneur vienne aujourd’hui, c’est-à-dire qu’il soit visible et reconnu ; aujourd’hui l’évangile fait regarder Joseph et Marie, de sorte que nous voyions comment ils ont fait en sorte que celui qui porte tout l’amour de Dieu soit visible et reconnu.

            D’abord, Marie. Elle avait donné son accord : « je suis la servante du Seigneur, je mettrai toute ma vie au service de la mise au monde de celui qui porte tout l’amour du Père ». On admire la disponibilité de Marie. Mais observons que pour mettre au monde tout l’amour du Père, elle n’a rien fait d’autre que ce que font toutes les mamans : elle a pris soin du bébé, préparé les repas, fait les lessives, conduit l’éducation, et continué de parler gentiment avec les voisines … Vous les parents et grands parents, en tenant votre rôle en famille, en pratiquant la confiance, la patience, le don de vous-mêmes, comme Marie, vous mettez le Christ au monde, vous rendez tangible l’amour de Dieu …. Bien sûr il faut que, comme Marie, vous fassiez cela sans orgueil, en toute douceur, avec modestie… comme des servants et servantes du Seigneur. Et vous qui pratiquez le bénévolat de toutes sortes de manières, vous diriez sans doute que vous ne faites rien d’extraordinaire ; mais Marie aussi ne faisait rien d’extraordinaire ! En aidant les autres à vivre, vous mettez le Christ au monde, vous rendez tangible l’amour de Dieu.

            Joseph, lui, s’est trouvé devant une situation inhabituelle, du fait que son épouse était devenue enceinte miraculeusement. Lui aussi, en faisant confiance à la Parole de l’ange – c’est-à-dire à Dieu-, il a mis au monde cette attitude qui n’est pas « de ce monde », cette attitude qui appartient au Christ, lui que nous admirons parce qu’il « fait toujours ce qui plait au Père ». Ceci est remarquable ! Je suis loin de faire toujours ce qui plait au Père ! En croyant à la fidélité de Marie son épouse qui n’était pas enceinte de lui, Joseph a obéi à la voix du Seigneur et non pas au bon sens. Eh bien, aujourd’hui, je suis sûr qu’il y a beaucoup de personnes qui font de même : au lieu de refuser l’étranger (ce qui est le bon sens aux yeux de beaucoup), ils accueillent ; au lieu de tenir des propos racistes (ce qui est légitime aux yeux de beaucoup), ils pensent que tout homme est un frère ; au lieu de dire « moi d’abord » (ce qui est le réflexe commun), ils paient de leur personne pour d’autres… En un mot, ils mettent au monde les signes qui montrent que le Ressuscité est là.

            Mettre au monde quelque chose du Christ, c’est aller à contre courant et affronter une opposition : c’est pourquoi Dieu nous dit ce que l’ange disait à Joseph : « ne crains pas ». Nous ne pouvons mettre au monde les signes de la présence du Ressuscité que si nous maitrisons le réflexe de la peur : « ne crains pas ». Comment chasser la peur ? En faisant confiance à la Parole, comme Joseph. Frères et sœurs, ne craignez pas ; vous aurez la joie de mettre au monde des trésors qui appartiennent à Jésus ; vos proches apprécieront de voir votre patience, votre douceur, votre recherche de la paix ; bref ils seront heureux de voir que l’amour de Dieu est présent près d’eux ; en un mot, vous serez utiles à la société. Et vous ressemblerez à Marie, la servante du Seigneur.
           

3ème dimanche de l’Avent
11 décembre 2022

La 1ère parole commençait ainsi : « Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent »… Ce 3ème dimanche de l’avent est appelé « dimanche de la joie » , car la Parole attire notre attention sur le fait que Dieu travaille résolument à apporter le salut. Comme dit le psaume : il ouvre les yeux des aveugles, aux affamés, il donne la pain, il délie les enchaînés. Dieu ne reste pas sans rien fait quand les hommes sont dans la difficulté. Jean Baptiste, depuis sa prison, a appris que Jésus ouvre les yeux des aveugles, qu’il donne du pain aux affamés, qu’il délie les enchaînés. Lui, il avait douté de la qualité de Jésus en demandant « devons-nous en attendre un autre » ; eh bien, son enquête l’a conduit à conclure que Jésus réalise bien les œuvres de Dieu, qu’il est bien celui qui doit venir et qu’il n’y a pas lieu d’attendre un autre sauveur.

            Frères et sœurs, il est indispensable que nous menions la même enquête : est-ce que, à notre époque, comme à l’époque de Jean Baptiste, le Seigneur guérit ? Est-ce qu’il encourage, est-ce qu’il relève ? Est-ce qu’on a de la joie quand on repère les signes de son action ?

            Les membres de la communauté de saint Matthieu se demandaient si Jésus était le sauveur puissant qu’annonçaient les prophètes puisqu’il ne les libérait pas de la persécution. Peut-être nous interrogeons-nous pareillement : puisque Jésus ne met pas hors d’état de nuire les violeurs, les assassins et les traîtres, puisqu’il ne met pas fin aux haines, aux injustices, aux mépris et aux maladies…avons-nous eu raison de lui donner notre confiance ? Puisqu’il se présente comme le puissant, ne devrait-il pas abattre les faiseurs de mal comme le bûcheron abat un arbre ? Est-il vraiment le médecin de l’humanité ? Ne devrions-nous pas nous tourner vers Mohamed ou vers Bouddha ? ou plus radicalement, manger, boire faire du commerce et ne pas nous poser de question ?

            Puisque la question de Jean Baptiste se pose aujourd’hui, réécoutons le résultat de son enquête : Depuis que Jésus est là, les aveugles voient, les boiteux marchent, ceux qui sont déclarés pas aimables sont manifestement aimés… Oui, nous avons bien fait de donner notre confiance à Jésus qui prend soin de ses frères, qui fait avancer ceux qui sont paralysés par la peur, qui manifeste sur la croix qu’un amour sans limite est offert aux mal aimés.

            Comment agit le Seigneur ? Par nous, ses disciples ! Il nous dit « fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent ‘prenez courage ». Frères et sœurs, une voix vous murmure : « prends soin de ton frère, le voisin qui déprime, le vieillard qui est seul, le jeune qui tâtonne…». C’est pourquoi, il est utile de repérer les appels à aimer qui nous sont adressés… et à y répondre. C’est même un grand honneur de prendre soin de quelqu’un, car celui qui prend soin d’un frère rend visible la présence du Christ dans le monde… il met le Christ au monde, comme Marie… Donc si vous aidez les éclopés en tous genres à s’apercevoir qu’ils sont aimés, c’est vous qui avez raison
 
            En voyant mille délicatesses posées sur des faiblesses et des blessures, nous conclurons que Jésus est bien l’envoyé de Dieu. En voyant mille mains tendues aux réfugiés, aux endeuillés, aux personnes seules… nous concluons que le Christ est vivant et qu’il rend les gens capables d’apporter au monde la vraie vie. Bref, comme Jean Baptiste, nous voyons les signes de l’Esprit Saint. (Et nous en collectons dans notre précieuse boite).

            Du coup, notre prière est stimulée : Viens Seigneur Jésus ! Venez divin Messie ! Nous attendons ta venue !

2ème dimanche de l’Avent
4 décembre 2022

Frères et sœurs, nous avons entendu « le loup habitera avec l’agneau ». ça laisse rêveur ! Cette promesse semble l’utopie absolue. Pourtant nous la portons en nous ! Quand j’allais à l’école primaire, j’ignorais qu’Isaïe avait promis cette réconciliation, mais je portais le désir de paix si bien que je ne comprenais pas que l’histoire de la France soit racontée seulement en citant les batailles (Alésia, Attila, Marignan, Verdun…) J’avais l’impression que les hommes sont exclusivement des êtres qui combattent leurs semblables, qu’ils sont des êtres qui marchent à la haine de leurs semblables comme les voitures marchent à l’essence.

            Sans doute, vous êtes comme moi, amoureux de la paix. Et même si Isaïe semble ne pas avoir les pieds sur terre quand il dit que l’enfant s’amusera sur le nid du cobra, même si vous savez que ce n’est pas demain que la fraternité va supprimer les violences, il ne vous semble pas stupide de désirer la paix. C’est pourquoi vous vous réjouissez quand on annonce que Jésus vient, lui le prince de la paix.

            En disant « Il vient », on dit que notre humanité ne le produit pas. Les hommes savent produire des bombes mais ne savent pas produire un prince de paix. Ils savent mettre en ordre de marche les tromperies, les racismes et les divisions, mais ils ne savent pas marcher vers l’unité selon la vérité et la fraternité. S’il existe un prince de la paix, il n’est pas produit par les hommes ; il est forcément donné aux hommes par Dieu. Et quand il est donné, il est reçu dans le monde comme un chien dans un jeu de quilles : on le fait taire et on le met en croix ; mais cela n’empêche qu’il vient, toujours, sans se lasser.

            L’opposition au Christ est si forte que l’on pourrait qualifier de rêveurs ceux qui disent qu’il vient. Pourtant, incontestablement, le Christ vient. Car les miséricordieux, les doux, les assoiffés de justice, les artisans de paix, les gens qui piétinent le conformisme, les gens qui osent ouvrir des passages nouveaux… ne sont pas là par hasard : c’est le Christ qui vient sous leurs traits.… Il ne vient pas comme le petit Jésus attendrissant, mais comme le Ressuscité victorieux de la haine… Tuer la haine, cela est impossible aux hommes, mais pas impossible à Dieu. Jésus a tué la haine en disant à ceux qui haïssent : « mon corps livré pour vous ». Et il poursuit son œuvre en donnant la force de son Esprit à ceux qui s’emploient à user les réflexes qui poussent l’homme à détruire ses frères.

            Alors, si Jean Baptiste est le prophète du prince de la paix, on s’attendrait à ce qu’il parle sur un ton bienveillant ; aussi, en l’entendant qualifier les gens de race de vipères, je me suis demandé comment un ton aussi agressif peut porter la Parole de Dieu. Si vous entendiez les prédicateurs vous qualifier ainsi, vous fuiriez. En fait, si Jean Baptiste a des mots qui heurtent, c’est peut-être parce que Dieu constate que s’il ne nous heurte pas, nous ne nous convertissons. Dieu tient à nous dire qu’il est urgent de se convertir et de porter du fruit.

            Un rabbin disait cette urgence de conversion de la manière suivante : « si demain, tu ne seras pas meilleur qu’aujourd’hui, à quoi te servira de connaître demain ? » Je continue sa phrase : Si demain, tu ne deviens pas fraternel et que tu chasses l’Esprit des frères, à quoi bon te réveiller ? Si demain tu ne deviens pas un collaborateur du Prince de la paix, un collaborateur miséricordieux et bon, à quoi bon revendiquer que tu es baptisé ? Si demain tu ne portes pas de bons fruits, à quoi bon manger aujourd’hui ? Donc, l’indicateur éminent qui montrera que le Christ est venu chez nous, cela sera toujours notre aptitude à dire sur nous-mêmes ‘mon corps livré pour les autres’. Dieu veut nous réveiller en nous disant « porte du fruit, sois réconciliateur, construis la paix, l’entente…

            « Le lion habite avec l’agneau ». Puissions-nous dompter le lion qui est en nous-mêmes… et suggérer aux autres de dompter le lion qui est en eux. Dans le désert de nos vies infructueuses, de nos rancunes improductives, de nos égoïsmes stériles, puissions-nous faites un chemin pour que passe celui qui nous rendra féconds.

1er dimanche de l’Avent
27 novembre 2022

            Vous comprenez aussi que, faisant référence à Noé à l’époque du déluge, l’Eglise nous presse de monter dans l’arche du nouveau Noé, le Christ, pour échapper au déferlement des catastrophes issues du péché. Si vous désirez vous éloigner de la calamité des injustices, de la catastrophe du dérèglement du climat, du drame de l’isolement, de la honte du racisme etc… montez vite dans l’arche du Nouveau Noé pour apprendre la relation fraternelle ! Dans l’arche du nouveau Noé, on n’apprend plus la guerre ; on veille à transformer les épées qui génèrent la mort en charrues qui génèrent la vie. Dans l’arche du nouveau Noé, on veille à rejeter les activités des ténèbres et on veille à se conduire en fils de lumière.

            Frères et sœurs, l’Eglise tient ce rôle bien utile. Mais, c’est qui, l’Eglise ? Pas seulement le Pape, pas seulement les gens qui ont sélectionné les lectures bibliques… L’Eglise qui nous presse de rester éveillés, ce sont les saints que nous côtoyons : ce voisin qui ne reste pas nonchalant pas quand il est question d’aider les autres nous invite à être nous-mêmes en éveil ; cette voisine dont le regard est fait de bienveillance nous invite à regarder les autres avec le même regard ; ce collègue qui est artisan de paix nous réveille quand nous nous laissons aller à des propos générateurs de division ; cette belle-sœur qui sait calmer les emportements nous invite à monter dans l’arche du Nouveau Noé… Chaque rencontre humaine où quelque chose peut nous rendre la dignité, c’est le temps où Dieu nous visite.

            En disant que des frères et des sœurs sont des veilleurs, qui attirent notre attention, j’exprime en fait comment le Seigneur vient dans nos vies. Inversement, je dis qu’en étant nous-mêmes veilleurs, en attirant l’attention des autres par un comportement de justice ou de bonté, nous collaborons à la venue du Seigneur chez eux. Le Seigneur vient ainsi par les hommes en qui il vit ; mais pour le voir, il faut être éveillé, il faut être exercé à voir les signes de sa présence dans les conversations et les comportements. Nous nous préparerions bien à Noël si chaque jour, nous écrivions un fait, ou une parole qui sont à nos yeux des signes que le Christ vient dans le monde.

            D’une manière ou d’une autre, nous chantons « venez, divin messie » ! Ce désir de rencontrer le Seigneur au long de nos années est essentiel ; ce désir de voir le jour où les relations humaines ne seront plus basées sur la violence mais sur l’amour est évidemment primordial. Mais il nous faut être éveillés pour entendre le Messie nous dire « venez vers moi ». Il nous le dit par ceux qui portent la paix, qui relativisent telle attitude malheureuse, qui atténuent des inquiétudes… Aux hommes qui disent : Venez, divin Messie…le Messie répond : Vous les hommes, réveillez-vous ; venez vers moi. 

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