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HISTOIRE DE MANDREVILLARS DEPUIS L’ÂGE DU FER JUSQU’À NOS JOURS

Vingt-cinq siècles séparent les hommes de l’age du fer découverts à la Combeaufol et les habitants actuels de Mandrevillars. Vingt-cinq siècles d’une longue histoire méritant d’être contée.

Dans une carrière ouverte à la Combeaufol, avant la guerre de 1914, des squelettes et diverses armes avaient été exhumés. Une lame d’épée et une lame de couteau avaient été recueillies par Mr ROY, agriculteur à Buc. Celui-ci les donna à Mr Coulon qui décida d’entreprendre des fouilles. Elles eurent lieu en 1934 et permirent la mise à jour de quatre squelettes plus ou moins complets. Tous étaient recouverts de petites pierres. Certaines d’entre elles étaient percées d’un trou pouvant laisser croire qu’il s’agissait d’amulettes. «Ces pierres, de même que celles existant immédiatement au-dessus de l’humus forestier sont de forme se rattachant à des types semblables à ceux des monuments mégalithiques : elles se rattachent à quatre ou cinq types absolument déterminés et ont été travaillées sans nul doute». Les squelettes étaient ceux de trois hommes enterrés avec des armes et d’une femme. «Cette fouille nous montre la femme (ou l’esclave) du guerrier le suivant dans la tombe».

Durant ces fouilles, on découvrit également une boucle de ceinturon qui fut envoyée au musée de Héricourt. Elle datait de la première moitié du VIIème siècle et montre que le lieu a été habité à quasiment toutes les époques.

Avant le XIIIème siècle, le village appartenait probablement à divers vassaux du comte de Montbéliard. En 1229, «Othon, chevalier, avoué de Montbéliard, donne à l’abbaye de Lure un cens annuel et perpétuel de 2 sous bâlois, à prendre sur les 2 meix (domaines) qu’il possédait à Buc et à Mandrevillars». En 1248, son fils céda 2 meix de terre situés à Mandrevillars à l’abbaye de Belchamp qui les conserva jusqu’à sa sécularisation, au XVIème siècle.

En 1307, Colin de Chalonvillars, qui possédait des mairies à Chalonvillars, Champagney, Frahier et Mandrevillars, vendit celles-ci à l’abbaye de Lure. Une mairie était «une espèce de fief qui se transmettait par succession ou par vente. Dans beaucoup de localités, des pièces de terre dépendaient de la mairie ; dans d’autres endroits, elles rapportaient certaines sommes d’argent. Les mairies exerçaient la police et la justice intérieure». À partir de cet achat, l’abbaye de Lure entra en conflit avec les princes de Montbéliard, «prétendant posséder en toute souveraineté les sujets et les biens de Mandrevillars».

Le village devint alors mi-parti entre la seigneurie de Héricourt qui appartenait aux princes de Montbéliard et l’abbaye de Lure. A cause de ce partage et suivant leur appartenance, les habitants de Mandrevillars furent soumis à deux régimes différents. Ainsi, ceux qui dépendaient de Montbéliard furent affranchis de la main-morte (impossibilité de transmettre ses biens) dès 1361 tandis que ceux qui appartenaient à Lure ne le furent qu’en 1789 !

Les XVème et XVIème siècles furent émaillés de conflits entre les deux parties mais aucune tentative de conciliation n’aboutit jamais. En 1572, l’abbé de Lure proposa même aucomtede Montbéliard de lui échanger ses possessions de Mandrevillars contre le village d’Échavanne, mais les habitants de Mandrevillars s’opposèrent à ce projet.

Avant l’introduction de la réformation religieuse, en 1565, les habitants de Mandrevillars étaient tous catholiques. Le village n’avait pas d’église et les paroissiens fréquentaient celle de Buc tout proche. Après 1565, Les sujets du village dépendant de la seigneurie de Héricourt embrassèrent la religion du prince, comme il était de règle à l’époque. «Ils furent rattachés à la paroisse de Brévilliers et tenus de fréquenter l’église d’Échenans. Quant aux sujets de l’abbaye de Lure, ils restèrent catholiques et continuèrent de se rendre dans l’église de Buc pour l’accomplissement de leurs devoirs religieux». À cette époque il y avait probablement autant de catholiques que de protestants à Mandrevillars. Vers 1638, après la guerre de Trente ans, la peste et la famine, la population se trouva presque anéantie. Le village se releva pourtant de ses cendres et, dès lors, le nombre des catholiques dépassa le nombre des protestants. En 1726, tous les habitants du village, quelle que soit leur religion, durent participer à la réparation de l’église de Buc. La pilule fut amère pour les protestants de Mandrevillars, mais moins que pour ceux d’Échenans. Bien qu’entièrement protestant, le village dut également payer pour ces travaux.

En 1803, la paroisse de Buc se trouvant dans le département du Haut-Rhin, les catholiques de Mandrevillars furent tenus d’entrer dans la paroisse de Chagey. Jamais ils n’obéirent à cette injonction et les autorités ecclésiastiques laissèrent faire. La commune dirigée par Jean-Baptiste Thévenot fit alors, à ses frais, construire une chapelle , sur un terrain donné par un prêtre séculier. Avec cette construction, le conflit prit fin. La chapelle fut achevée en 1858 et desservie par un vicaire établi à Chagey, puis par le curé de Chagey lui-même. L’école construite en 1838 n’accueillit d’abord que les enfants catholiques, les protestants se rendant à Échenans. Il fallut attendre 1885 pour que les élèves des deux religions soient enfin réunis dans l’école du village.

Extrait du journal “Le Pays” du jeudi 5 décembre 2002.

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